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Le tunisien parle de ses droits, jamais de ses devoirs, par El-Haouari


13 Février 2016

En réplique à la tribune de Jalel Jeddi, « Les Tunisiens attendent le dictateur providentiel », qui a suscité plusieurs réactions, nous avons retenu celle-ci, qui est une remarquable réflexion d’un certain El-Haouari.


Manifester et détruire, la démocratie chez le tunisien !
Manifester et détruire, la démocratie chez le tunisien !
Oui, un despote éclairé aurait pu faire l'affaire; le lendemain du 14 Janvier 2011. Il aurait permis de sauvegarder ce que le peuple tunisien a construit à la sueur du front pendant 60 ans et au prix d'énormes sacrifices Il aurait instauré le pluralisme politique et la liberté d'expression, il aurait engagé immédiatement un processus de justice transitionnelle, il aurait aussitôt engagé les politiques nécessaires pour remettre le pays au travail, créer du travail pour les sans-emploi et engager un processus d'équité sociale.

Oui, tout cela était possible dans un pays qui était alors reconnu sur le plan international pour sa stabilité sociale et sa croissance économique. Un pays dont l'endettement extérieur était relativement limité, qui avait suffisamment de réserves et qui était en confiance sur le marché financier international. La liberté était l'épice qui manquait à la sauce Tunisie pour que les capacités de développement du pays soient augmentées d'au moins 2 à 3 points ou peut être même doublées. Il aurait été alors possible d'enrayer la pauvreté et le chômage, véritable mal qui ronge la société.

Mais, contrairement à ce qu'on espérait, c'est dans un sens complètement opposé à celui prévu que les choses se sont réellement passées. Au lieu de consolider l'Etat et ses institutions, on a assisté à sa déconstruction d'une manière méthodique. L'instauration d'une assemblée constituante est la première et principale étape dans cette démarche de déconstruction mise sur pieds par les nouveaux arrivants sur la scène politique après le 14 Janvier 2011. Une telle assemblée, via l'élaboration d'une nouvelle constitution et de nouvelles lois, offrait l'occasion tant attendue pour détricoter tout ce qui constituait l'Etat tunisien. Mais et surtout, cette assemblée donnait le temps et les moyens nécessaires aux nouveaux arrivants de mener à bien leur politique de démantèlement et de pillage systématique. Rappelons nous, il a fallu presque une année pour "l'élection" des membres de l'assemblée et plus de trois ans pour qu'elle achève ses travaux. Quatre ans qui ont été mis à profit pour dévaster le pays.

La Tunisie d'aujourd'hui n'est malheureusement plus la Tunisie du 14 Janvier 2011. Je ne me perdrai pas à faire la comparaison, mais cela me semble couler de source. Il y a désormais plus de pauvres, plus de chômeurs, plus de corruption, moins d'investissement, moins de création de richesse et moins de création d'emploi, moins d'exportation et de tourisme, moins de productivité, plus d'instabilité sociale et plus de grèves.

Mais le changement que je considère le plus important chez le tunisien, c'est le changement de mentalité. Désormais, le tunisien parle des droits qu'il a mais jamais de ses devoirs; il parle de ce qu'il a à gagner mais jamais du travail qu'il doit fournir en contrepartie, il dévalorise tout ce qui est public et a tendance à considérer qu'il ne lui revient pas de défendre le bien public. Désormais le tunisien est un pur égoïste matérialiste qui ne pense qu'à ses intérêts immédiats sans même penser à l'avenir de sa propre progéniture. Il se souvient qu'il y a une nation à défendre juste après une action terroriste. Mais ce sentiment disparaît aussitôt qu'on lui demande des sacrifices. Le responsable, à tous les échelons de l'administration publique et des institutions de l'état, est considéré comme menteur, vendu et corrompu qui ne mérite pas le respect.

Bref le tunisien s'est libéré. Il peut désormais regarder sur sa télé des plateaux de personnes de tout genre s'exprimer sur tout et sur rien. Cela, librement sauf que certains se retrouvent le lendemain en prison du fait de leur discours et de leurs avis sur ces plateaux. Il peut invectiver un policier, un agent de l'administration, son chef hiérarchique s'il le faut. Il peut barrer les routes, couper l'eau potable et l'électricité, empêcher les gens à se rendre à leur travail.

Aujourd'hui, comment voulez vous qu'un homme, même s'il est un despote éclairé gère ce pays et parvienne à le faire sortir de l'ornière. On a toujours tendance à oublier que les démocraties occidentales sont bâties sur les devoirs, d'abord, les droits, ensuite. Essayez de ne pas déclarer vos revenus au fisc, essayez de ne pas respecter les arrêtés de la mairie et de sortir la poubelle en dehors des heures fixées ou de construire sans autorisation, essayez de venir tard à votre travail, de trainer du pied ou de maltraiter un citoyen dans l'exercice de vos fonctions, ... et vous verrez que ta liberté s'arrête immédiatement pour vous.

Désormais, seules deux alternatives restent ouvertes aux tunisiens :

- Soit que les acteurs politiques et les acteurs sociaux se rendent compte de la véritable situation du pays et arrivent à s'entendre sans ambigüité sur une démarche visant à stabiliser et sécuriser le pays de manière à réenclencher une dynamique économique et sociale de nature à créer la richesse et l'emploi. Cela passera nécessairement par des décisions difficiles à accepter par l'opinion publique mais qu'il faudra avoir le courage d'expliquer et de prendre d'une manière résolue. Cela devra inclure nécessairement la redistribution de la richesse actuelle quelle qu'elle soit.

- Soit continuer sur la trajectoire prise depuis le 14 janvier 2011 et continuer la descente aux enfers. Cela débouchera inévitablement sur des difficultés plus grandes pour le citoyen sur une plus longue période. Ces difficultés pourront détruire le pays et le livrer aux terroristes et autres impérialistes de tout genre. Elles pourront même détruire les bases de la société Tunisiennes. De ces difficultés pourra alors apparaître un despote qui peut ne pas être éclairé et on ne saura pas alors où ira le pays s'il en reste un.

El-Haouari


           


1.Posté par OTHMAN le 13/02/2016 19:03
Le tunisien parle de ses droits méconnus, il ne parle pas de ses devoirs, car ils sont trop connus !
Ne soyons pas injustes avec ce peuple qui veut d'abord être traité dignement et qu'on n'exige pas de lui ce qu'on n'exige pas de ses élites avec tous les droits et jamais de devoirs !
Car le monde a changé, mais le mental des élites est toujours calé sur le paradigme fini; Or, la mentalité populaire est déjà en avance sur celle de ces élites délitées.

2.Posté par Hannibal Genseric le 14/02/2016 10:57
Dans mon article "Élections ... piège à cons !! " , je montre comment, mathématiquement, il n'y a aucun système électoral juste, et que, mathématiquement, seule une "dictature éclairée" est juste. Ceci est la conséquence du fameux paradoxe de Condorcet.
http://numidia-liberum.blogspot.com/2015/03/elections-piege-cons.html

Dans un deuxième article intitulé
" élections, piège à cons". BCE et Nidaa Tounès le démontrent par l'absurde." ,

on constate que les promesses électorales des uns et des autres n'ont abouti à rien, sauf à remettre le bloc islamo-fasciste d'EnnahDaech sur la voie royale. Ni gauche, ni centre, ni droite : tous les députés sont des charlots.
Seul compte ce que pourrait leur rapporter telle ou telle combinazione politicarde. BCE s'est avéré aussi nul que Marzouki, sinon plus, puisqu'il a le détestable réflexe des monarques arabo-musulmans : faire de son fils le calife qui succèdera à son papa calife.

http://numidia-liberum.blogspot.com/2015/11/tunisie-elections-piege-cons-bce-et.html

3.Posté par OTHMAN le 14/02/2016 13:37
@ Hannibal Genseric,
Ce que vous dites est certes vrai, mais est dépassé, car relevant d'un paradigme saturé, comme celui de la démocratie.
Or, aujourd'hui, en postmodernité qui est l'ère des foules, il nous faut passer de la cratie à l'archie et donc de la démocratie qui n'est que daimoncratie, selon mon néologisme : la chose des démons de la politique, à la démoarchie, la puissance sociétale.
Vous trouverez des illustrations sur mon blog Tunisie Nouvelle République dans l'attente de ma trilogie sur l'Exception Tunisie.

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