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Les sacrifices seront nécessaires et les souffrances inévitables, par Tahar Belkhodja


30 Juin 2015

Bourguibiste historique et l'un des rares anciens ministres à continuer à s'exprimer courageusement, Tahar Belkhodja revient sur le dernier attentat qui a visé la Tunisie et, surtout, sur la stratégie politique et sécuritaire à adopter par les plus hautes autorités de l'Etat pour affronter ce péril mortel.


A peine un court temps, après la tuerie du Bardo, voilà qu'un autre attentat, le plus meurtrier dans l'Histoire de la Tunisie, vint se perpétrer à Sousse à l'aube de la saison touristique. Nonobstant les effets économiques, les commanditaires tenteront de fragiliser le pays pour mieux l'absorber. Les Tunisiens atterrés, subiront ces évènements avec fatalisme, mais continueront à prodiguer au Pouvoir leur appui, bien que de plus en plus mitigé.

Après le temps de l'émotion, dépassant les professions de foi et les imprécations, nous sommes acculés à convenir d'un constat implacable, quoique douloureux : la situation sécuritaire, donc politique est de plus en plus compromise. La Tunisie se présente comme le maillon le plus faible d'une chaîne de plus en plus fragilisée dans la région. On ne peut plus banaliser des évènements sanglants. Le terrorisme, quoique mondial et régional, doit nous épargner : du moins, c'est le désir fervent de tous nos concitoyens. Les serments n'y feront rien.

La souveraineté du pays, la sauvegarde de notre Nation deviennent ainsi les premières de toutes les préoccupations. A juste titre, le Président de la république proclama, que nous sommes en état de "guerre".

D'abord, ayons la ferme conviction, quelques soient les aléas, que nous nous en sortirions finalement victorieux. Les cadres et les responsables, à tous les échelons, sont appelés à bannir l'infantilisme, le laxisme et peut être même la perfidie. L'arsenal juridique contre le terrorisme transcendera les états d'âme ou les calculs politiciens, et devra permettre des sentences justes mais exemplaires. Ses organes devront former un Pôle indépendant. L'exécution des peines devra s'accomplir dans des centres spécifiques, évitant ainsi toute contamination.

Ne soyons pas dupes. Le prêche n'a pas formé des repentis, mais préparé des pervertis. Ils furent enrôlés et aguerris dans des formations terroristes : Al Qaïda, puis l'Aqmi, et enfin Daech: la quintessence de la violence et de l'horreur. Nous les avions cru cantonnés bien loin en Orient, mais les voilà enjambant nos frontières. Plus, l'Etat islamique EI a proclamé que la Tunisie n'est plus "une terre de prêche" "mais est érigé en" terre de Jihad", et qu'il édifierait bientôt le premier Emirat, allant de Zarzis à Derna en Lybie. On sait que leurs cibles concernent les Sud Tunisien et Algérien pour s'étendre après sur le reste des deux Pays. L'enjeu est clair.

Malheureusement, la solution n'est pas pour demain, nous en avons pour quelques années de troubles de toutes sortes. Alors, prenons les devants. Les épilogues et les dérives ne sont plus de mise aujourd'hui, les difficultés et les failles sont classiques dans les combats. Ils sont corrigés et ne sont pas irrémédiables. Il faut cependant rappeler que nous n'avons pas le droit à l'erreur politique ou professionnelle dans un système aussi névralgique. Il faut convenir que nous avons obligation de résultat et que nous sommes comptables de l'efficacité du Pouvoir et de l'efficience de ses organes.

"La guerre" qui nous est imposé, insidieuse et infâme, requiert un grand Chef politique. Nous avons le privilège d'avoir un Chef d'état qui a donné ses preuves dans tous ces domaines ; l'adaptation de tous les mécanismes à la conjoncture actuelle n'est pas insurmontable.

La célérité et l’efficience impliquent l’autorité d’un seul "Conseil de la sécurité nationale" présidé et activé par le chef de l'Etat. Le gouvernement pourrait se consacrer d'avantage aux problèmes économiques et sociaux, de plus en plus épineux, et ne sera plus handicapé par les problèmes sécuritaires.

Autre réforme, et la plus urgente, à l’instar des grands pays, sera d'ériger une institution sécuritaire professionnelle au service exclusivement de l'Etat, au-dessus des gouvernements, des partis et loin des soubresauts politiques." Le ministère de la sécurité Nationale" sera dissocié complètement du ministère de l'intérieur qui devient ainsi le ministère de la décentralisation, du développement régional et des collectivités locales. Cette réorganisation permettra au chef de l'Etat d'harmoniser toutes les potentialités de la Défense et de la Sécurité pour les faire converger vers les objectifs nationaux et assurer leurs performances.
"L'Assemblée du Peuple", la société civile, l'information.... appréhenderont mieux ainsi tous les tenants et aboutissants de la situation, combien complexe et difficile.

Sur le plan extérieur, l'objectif suprême est de forcer le respect de notre pays et de le préserver des intrusions maléfiques. Nous savons que les agendas stratégiques et leurs ressources financières sont assurées par quelques pays déterminés à changer le Monde arabe et musulman, conformément à leurs obédiences religieuses et à leur hégémonie politique. Là aussi, forçons le respect de notre Nation. Nous pouvons aussi tarir les sources des maux qui nous agressent à partir de la Libye qui devient la plaque tournante du terrorisme pour toute la région. Le rappel de tous nos concitoyens, bien que tardif, est une bonne décision. Nos frontières, véritables passoires, doivent être mieux contrôlées, quitte à rétablir provisoirement les Visas. Une fois débarrassée de la pression terroriste, la Libye, dans sa profondeur, sera à même de convenir d'une "solution politique" durable.

Par contre, nous devons renforcer davantage nos relations politiques et sécuritaires avec tous les pays ciblés par le terrorisme: notre ennemi commun. Auparavant, Il faut avoir eu la ferme volonté de choisir son camp, de le proclamer et d'assumer pleinement et courageusement les stratégies et les actions commues ou coordonnées. Ce camp est représenté par l'Algérie, L'Egypte, le Maroc, la Libye « officielle », presque tous les pays du Golfe qui sont dans le même collimateur, et les pays occidentaux qui subissent sporadiquement -à la guise des concepteurs- les même horreurs.

Certes, les concertations, les échanges de "renseignements" sont-ils nécessaires. Mais, nous pouvons passer au stade supérieur: "s'allier" dans le plein sens du terme et se partager les rôles pour anéantir ou du moins contenir ce fléau. Il faudrait aller jusqu'à la source du mal. Entre autres dispositifs, un "embargo" aérien et maritime des pays qui hébergent les terroristes, étouffera leurs systèmes à plus au moins longue échéance.

La route sera longue, les sacrifices seront nécessaires et les souffrances inévitables. Mais notre foi en la victoire est inébranlable. Ce genre de « sectes » -aussi monstrueuses soient-elles - sont éphémères. Ce sont les civilisations modernes qui vont perdurer.
"La Tunisie restera toujours debout" avait affirmé naguère Habib Bourguiba. L'assertion est plus que jamais d'actualité.

Tahar Belkhodja, ancien Ministre de Bourguiba
 


           


1.Posté par Wahid Essid le 01/07/2015 00:50
Monsieur Belkhodja a oublié un point très très important et qui était une promesse de BCE pendant sa campagne électorale : " Rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie" !
Il y a des dizaines voir des centaines de djihadistes tunisiens prisonniers dans ce pays qui représentent une source capitale d'informations pour remonter rapidement vers les commanditaires du terrorismes sur notre sol car ce sont les mêmes ! Si le gouvernement rétablie les relations diplomatiques avec la Syrie nous aurons très rapidement des résultats car les Syriens sont disposés à nous fournir toutes les informations capitales à leur disposition. Dans le cas contraire il s'agira d'une grave trahison à la nation et les responsables auront des comptes à rendre devant le peuple.
On nous parle de nouvelle liberté dans notre pays. Dans la réalité, les seuls qui en ont profité sont les barbus et leur drapeau noir qu'on ne voyait jamais auparavant.

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