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Un nouveau fléau menace l’Afrique, celui du terrorisme islamiste


1 Avril 2015

Depuis le fameux « printemps arabe » et surtout la destruction de la Libye par les néo-colons, le terrorisme islamiste en Afrique a pris des proportions terrifiantes. De Tombouctou à Dakar, c’est quasiment tout le Continent qui est menacé. Dans cet article, l’accent est mis sur l’Afrique Subsaharienne et sur les différents groupes terroristes qui s’y sont implantés. Leurs sources de financement, le kidnapping et les rançons qu’il génère, le narcotrafic, les collectes d’argents d’organisations « légales » installés en Occident, les dollars de certains richissimes wahhabites et, bien évidemment de l’émirat islamo-mafieux du Qatar, dont la télévision Al-Jazeera n’a pas cessé depuis des années de faire la promotion de ces groupes terroristes.


L’Afrique subsaharienne est depuis longtemps un terrain fertile pour la prolifération des activités illicites, et le terrorisme n’y fait pas exception. Guerres ouvertes, luttes intestines, instabilité politique, corruption, ingérences extérieures, le terrorisme qui touche particulièrement la région s’étendant de Somalie jusqu’au Nigeria vient aggraver une situation déjà très délicate sur le plan sécuritaire. Les attaques, attentats et enlèvements se multiplient partout sur la bande Sahélienne, de Somalie au Niger en passant par le Mali, les frontières Kenyanes, l’Ouganda ou encore jusqu’au Burkina Faso.

En effet, si l’Afrique dans son intégralité connaît une forte hausse des actes terroristes depuis les années 1990, l’Afrique subsaharienne et particulièrement la zone du Sahel sont au cœur de ce mouvement. Les États locaux se révèlent souvent impuissants pour empêcher la recrudescence récente des mouvements violents. Les Groupes Armés Terroristes (GAT) comme on les nomme depuis peu, sont donc devenus un acteur à part entière du jeu politique africain, profitant de l’érosion du pouvoir des États locaux. Dans ce contexte de crise qui ne peut à l’heure actuelle que s’aggraver, il devient d’autant plus important de faire preuve de discernement et de distinguer qui sont ces groupes, quelles sont leurs spécificités et modes d’actions, et quelles pourraient être les solutions envisageables pour contrer leurs menées en territoire africain.

Etat des lieux

On appelle Afrique Subsaharienne la majeure partie de l’Afrique située au sud du désert du Sahara. Elle englobe de très nombreux États (dit d’Afrique Noire). La bande du Sahel (de l’arabe ساحل pour « frontière ») forme son extrémité nord, de l’Atlantique à la mer Rouge. Le terme de Sahel proprement dit renvoie cependant, dans son usage normal, à sa partie méridionale.

La zone du Sahel, de par ses particularités géographiques, est le cœur du terrorisme en Afrique subsaharienne. Elle est en effet aride, pauvre, peu peuplée (et principalement par des peuplades nomades par nature hostiles aux gouvernements centraux : Touaregs, Peuls, Afar, Somali…) en plus d’offrir de nombreuses cachettes potentielles. C’est également le passage obligé des groupes opérant plus au nord et/ou se cachant dans le Sahara (AQMI, bandes armées en provenance de Lybie, groupes touaregs) lorsqu’elles mènent des actions vers les États subsahariens.

Dramatis Personae

Les différents mouvements terroristes dans le Sahel sont nombreux, même s’ils partagent la plupart de leurs éléments (motivations, fonctionnement). Il s’agit en majorité de mouvements opérant sur une base idéologique islamique salafiste (Al-Qaïda et ses « filiales » AQMI, Al-Shabaab et MUJAO, Boko Haram) bien qu’on compte également des mouvements laïcs, principalement touaregs autonomistes (MNLA) et parfois des groupes à la fois autonomistes et salafistes (Ansar Dine).

Des connexions, des alliances et des guerres entre ces mouvements ont régulièrement lieu, mais la tendance actuelle est au rapprochement entre les principaux groupes terroristes salafistes. Depuis 2012, il a notamment été prouvé que des moyens matériels et financiers avaient été mis en commun entre les trois principales organisations terroristes du Sahel : AQMI, Boko Haram et Al Shabaab.

Al Qaïda et AQMI

En 2007 déjà, la plus célèbre organisation terroriste islamiste du monde avait fait connaître publiquement son intention d’intensifier ses activités en Afrique. C’est cette annonce, couplée à la constatation du manque de moyens des services de renseignements et de contre-terrorisme locaux, qui a conduit les États-Unis à renforcer leurs activités sur place et à créer l’AFRICOM (United States Africa Command) pour les coordonner, dans le but implicite de protéger ses approvisionnements de pétrole africain des troubles terroristes.

Mais la genèse d’Al Qaïda dans la région est plus ancienne : issu des sanglantes insurrections islamiques en Algérie des années 1990, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), affaibli par les dissensions internes et malmené par l’armée algérienne, a trouvé un second souffle en 2006 en s’associant à Al-Qaïda, devenant ainsi Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

Basé sur la même structure que son illustre modèle, AQMI est issue de plusieurs « branches » agissant plus ou moins de concert, assez faiblement reliées et fortement décentralisées, de sorte que la destruction d’un de ses foyers ou la mort d’un de ses commandants ne signifie pas la désorganisation de l’ensemble. Bien qu’implantée historiquement dans la partie saharienne de l’Algérie, l’organisation opère dans toute la zone du Sahel, couvrant la Mauritanie, le Nigeria et le Mali. Son mode opératoire inclut l’arsenal habituel des groupes islamistes terroristes : attentats à la bombe (dont des attentats suicides), assassinats ciblés (par balle, le plus souvent) et enlèvements avec demande de rançon, permettant de lever des fonds.

Boko Haram

Boko Haram est une organisation terroriste/secte créée en 2002 au Nigeria, dans l’optique d’appliquer la Charia dans sa version stricte (voire moyenâgeuse) dans tout le pays. Sa création même a fortement été influencée par le modèle d’Al-Qaïda en Afghanistan durant l’invasion américaine et il se positionne sur le même créneau idéologique que son modèle, dont il reprend la stratégie. Le but de la secte est d’instaurer un État Islamiste basé sur le modèle des Talibans au Nigeria. Elle s’est illustrée par des attentats à l’encontre du gouvernement Nigérian, des combats ouverts avec son armée et des actions de persécutions de la population catholique du pays.

Ses actions comprennent un recours à la violence de masse bien plus décomplexé que chez les autres organisations islamistes (massacres de Mamudo, Benisheik, Gujba…), privilégiant les attaques armées de grande envergure aux traditionnels attentats-suicides et assassinats ciblés. Les fidèles de Boko Haram pratiquent depuis 2012 des raids de grande envergure sur des villages entiers, ciblant particulièrement les lieux d’éducation (Boko Haram signifiant grossièrement « l’éducation [occidentale] est un péché ») et les lieux de cultes chrétiens.

Boko Haram est ainsi responsable de nombreuses attaques contre des lycées impliquant, outre le massacre des professeurs et des élèves, l’enlèvement de jeunes filles afin de les revendre comme esclave ou de les « marier » à ses soldats. Boko Haram est récemment devenu tristement célèbre après le rapt de plus de 276 lycéennes à Chibok, le 11 avril 2014.

Al-Chebab

Le « Ḥarakat ash-Shabāb al-Mujāhidīn » (« mouvement des jeunes mujahidin »), est une organisation terroriste salafiste somalienne. Comme AQMI, sa structure et ses objectifs sont sensiblement la même que celle d’Al-Qaïda. Crée en 2006 au plus fort de la guerre en Somalie entre les nombreuses factions somaliennes incluant les célèbres Tribunaux Islamiques, Al-Chebab est aujourd’hui le principal mouvement terroriste opposé au gouvernement Somalien.

Après une série d’actions militaires ouvertes couronnées de succès lors de la guerre civile somalienne dès 2008, les Chebabs contrôlaient plusieurs villes importantes dans le sud du pays. Délogés par l’armée Somalienne appuyée par l’Union Africaine, ils sont chassés de Mogadiscio en 2011 et rentrent dans la clandestinité en 2012. Aux abois, ne pouvant plus mener de guerre conventionnelle, ils se tournent vers les stratégies terroristes standards à partir de cette date (attentats suicides, enlèvements, assassinats ciblés). Leur théâtre d’opération s’est déplacé en réponse à l’action de l’Union Africaine, puisque leur dernière action d’envergure fut la tuerie du centre commercial Westgate à Nairobi, capitale du Kenya, durant laquelle des miliciens Chebabs ont tué au moins 60 personnes.

Avec l’intensification des assassinats ciblés menés par le gouvernement Obama et mettant en danger les sanctuaires d’Al-Qaïda au Pakistan, les planques d’Al-Chebab en Somalie sont considérées comme le plus probable lieu de repli de la chaîne de commande d’Al-Qaïda.

Le nerf de la guerre

Aucune lutte armée ne saurait être menée sans un solide apport financier et une logistique adaptée. Cette règle d’or s’applique aussi bien aux conflits « normaux » qu’aux affrontements asymétriques issus d’activités terroristes. En effet ces organisations, bien que très flexibles, ont des besoins financiers considérables ne serait-ce que pour s’armer et survivre. La pauvreté du Sahel ne permettant pas de s’approvisionner uniquement via des raids de pillage, l’argent doit venir d’autres sources.

C’est pourquoi la principale source de revenu de ces organisations vient des prises d’otages et de leurs rançons. Si les autorités de certains pays comme l’Algérie ont pour ordre absolu d’éviter toute négociation au détriment des otages (voir les évènements de la crise d’In-Anemas en Algérie), la stratégie de la majeure partie des pays occidentaux demeure sous le signe de la protection des otages : en conséquence, les prises d’otages représentent d’après les estimations de Jean-Charles Brisard (consultant en terrorisme et intelligence économique) près de 90% des ressources d’AQMI.

A coté de cette source majeure, divers trafics permettent d’augmenter les ressources de ces organisations : le trafic d’armes via les bandes armées descendant de Lybie et les mercenaires du Front Polisario dans le Sahara, le trafic de drogue dures, principalement de l’héroïne dans l’est et de la cocaïne dans l’ouest, ou même le trafic d’esclaves (dans le cas de Boko Haram) et la prise d’intérêts dans les réseaux de passeurs clandestins, particulièrement lucratifs.

Ces organisations sont également alimentées par des flux d’argent « propre » émanant d’organisations légales installées en occident et procédant à des « collectes de fond » régulières.

Des solutions futures ?

Malgré une résistance effective de la part des États locaux (armée Algérienne, armée Nigériane, armée Somalienne, Union Africaine) et un investissement non-négligeable des puissances occidentales (services secrets, intervention militaire, formation par les occidentaux des cadres locaux), les menaces terroristes sur le Sahel ne sont pas prêtes d’êtres maitrisées. La faute en revient au caractère flexible et difficile à neutraliser de ces organisations, mais aussi et surtout au contexte chaotique dans lequel elles évoluent.

Le terrorisme, en effet, a tendance à fleurir sur les terrains laissés à l’abandon. Le manque de contrôle des États centraux, les rivalités ethniques et religieuses et la précarité économique font du terrorisme dans le Sahel le symptôme d’un désordre plus profond. Ainsi, aucun progrès autre que temporaire ne pourra être envisagé dans la lutte contre cette menace sans un meilleur contrôle des transferts d’armes conventionnelles sur le continent africain et la résolution des impasses géopolitiques paralysant toute action en Afrique subsaharienne (Mali, Somalie, Nigéria).

Galilée News, initialement publié sous le titre de « Les Groupes Armés Terroristes en Afrique subsaharienne ».



           

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