Abdelhakim Belhadj, chef de Daech en Libye, démocrate musulman en Tunisie


24 Février 2015

Dans une note transmise à Interpol, le procureur général d’Egypte, Hichem Baraket vient de lancer un mandat d’amené à l’encontre d’Abdelhakim Belhadj ainsi que d’une trentaine d’autres criminels égyptiens, tunisiens et koweitiens, tous soupçonnés d’appartenir à Daech. Selon la justice égyptienne, le terroriste libyen Belhadj est même accusé d’être le véritable chef de Daech au Maghreb.


Abdelhakim Belhadj, chef de Daech au Maghreb, et Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri, alias Abou Bakr al-Baghdadi, mercenaire du Qatar et de la Turquie et calife autoproclamé d'Irak et de Syrie.
Comme nous l’avons récemment écrit le 16 février dernier, dans un article consacré au Frère musulman Recep Tayyip Erdogan, Abdelhakim Belhadj a été missionné par les services turcs et qataris de délocaliser une partie des mercenaires de Daech vers la Libye et ce dans le but de préparer la déstabilisation des deux Etats qui sont dans la ligne de mire des stratèges du « printemps arabe » : l’Egypte et l’Algérie.

L’Algérie et l’Egypte, futures cibles de Daech

Cette opération ultra secrète et de grande envergure a démarré en octobre 2014, avec le transfert par avions cargos et par bateaux de matériels de guerre, de véhicules 4x4 et de combattants prélevés sur le front syro-irakien. Leur nouvelle mission cautionnée par les forces américaines c’est d’ouvrir deux nouveaux fronts sur les frontières égypto-libyennes et algero-libyennes.

C’est que pour l’administration américaine, l’Egypte n’est plus un allié fiable ; certains faucons ne désespèrent donc pas de réinstaller au pouvoir leur Frères musulmans égyptiens, d’autant plus que le renversement de situation opéré par Abdelfattah Al-Sissi à totalement compromis l’installation du nouvel ordre américain dans toute la région. Quant à l’Algérie, il n’est pas question qu’elle reste maîtresse de son pétrole et de son gaz naturel. L’armée algérienne est consciente du danger mais certains proches de Bouteflika pensent qu’en multipliant les concessions aux Américains, l’Algérie restera à l’abri de toute déstabilisation.

A quoi joue la Tunisie ?

Les deux pays qui sous-traitent et supervisent pour le compte des Etats-Unis cette opération de grande envergure sont la Turquie et le Qatar. La Tunisie qui joue la neutralité est tout aussi impliquée. Et il y a plusieurs indices dans cette implication. Primo, le quartier général du terroriste notoire Abdelhakim Belhadj n’est pas en Libye mais en Tunisie, plus exactement à Djerba avec une cellule en plein cœur de Tunis. Secundo, le gouvernement tunisien n’a pas apprécié la dernière attaque de l’aviation égyptienne contre des positions de Daech, ressassant que la Tunisie préfère trouver une sortie politique à la crise libyenne. Dans la réunion de la Ligue arabe lors de laquelle le représentant égyptien a accusé son homologue qatari de soutenir le terrorisme, la Tunisie a clairement pris position contre d’autres frappes égyptiennes en territoire libyen. Tertio, 48h après le bombardement des positions de Daech par l’aviation égyptienne, on apprend que 40 tonnes de médicaments ont été envoyé en Libye. Selon Mohamed-Sahbi Jouini, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats des forces de la sûreté tunisienne, s’exprimant le 18 février dernier sur la chaîne de TV Al-Hiwar Ettounsi, « une partie sécuritaire a envoyé 40 tonnes de médicaments vers la ville libyenne de Zinten », en ajoutant qu’il craignait que ce don soit destiné à alimenter des groupes terroristes » et en appelant le gouvernement à porter cette affaire devant la justice. Issam Dardouri a confirmé cette information en donnant encore plus de précisions.

Malgré les explications confuses de Mounir Ksiksi, commandant de la Garde nationale, ces 40 tonnes de médicaments ont bel et bien été livré aux miliciens de Belhadj pour être acheminé vers les barbares de Daech. Mieux encore, il ne s’agissait pas d’un don mais d’une commande négociée par un célèbre homme d’affaire tunisien en très bon termes avec Ennahdha et Nidaa Tounes, et payée par Abdelhakim Belhadj qui a mis la main sur la moitié des biens libyens à l’étranger, outre ce qu’il a volé dans les banques libyennes après l’assassinat de Kadhafi.

Daech, une création turco-qatarie  
       
En adoptant cette position, la Tunisie se conforme à la politique des Etats-Unis qui se sont d’ailleurs eux aussi opposés à toutes interventions militaires contre Daech en Libye. Et pour cause : Daech n’est pas un miracle divin mais une création turco-qatarie sous couverture américaine. Daech est une synthèse d’Al-Qaïda et du Front Al-Nosra, spécialement crée pour anéantir la Syrie, détruire le Hezbollah, et affaiblir l’Iran. Selon le commandant Houcem al-Awak, un ancien officier des renseignements militaires syriens qui a rejoint l’opposition syrienne en devenant chef du groupe des « officiers libres » au sein de l’ALS, la Turquie et les Etats-Unis n’ont jamais entrainé l’armée libre syrienne, mais uniquement Daech et le Front Al-Nosra. « Nous avons 3 camps militaires à l’intérieur de la Syrie alors que Daech en possède 20 et Al-Nosra, 5 camps, tous financé par l’organisation turque Marmara » a-t-il indiqué.
     
De son côté, le général Wesley Clark, ancien commandant des forces militaires de l’OTAN en Europe de 1997 à 2001, a récemment déclaré dans une interview sur CNN, que «l'Etat islamique (l’organisation takfiriste Daech) a été créé grâce au financement de nos amis et de nos alliés, dont la Turquie et le Qatar ... dans le but de se battre jusqu'à la mort contre le Hezbollah» (voir vidéo ci-dessous).

La traque de Daech par l’Egypte

Selon Al-Arabiya, le procureur général d’Egypte, Hichem Baraket vient de lancer via Interpol un mandat d’amené à l’encontre d’Abdelhakim Belhadj ainsi que d’une trentaine d’autres criminels égyptiens, tunisiens et koweitiens, tous soupçonnés d’appartenir à Daech. Selon la justice égyptienne, le terroriste libyen Abdelhakim Belhadj est même accusé d’être le véritable chef de Daech au Maghreb. Sur la cinquantaine des terroristes recherchés, la moitié sont de nationalité tunisienne. Il s’agit notamment de Brahim Al-Madani, Abderrahmane Souihli, Haythem Tajouri, Oussama Sallabi, Adel Tarhouni, Slaheddine Ben Omrane, Salah Ouerfli, Ahmed Zaoui, Sadok Gariani, Abdelwahab Gayed, Khaled Chérif, Ali Sallabi, Ajmi Atri, Abdelbaset Azouz, Haroun Chehibi, Omar Khadraoui, Fredj Souihli…

Dans une déclaration au journal tunisien Essarih, ce mardi 24 février 2015, le porte-parole de l’armée libyenne, Ahmed Mesmari a affirmé l’existence d’un camp d’entrainement de Daech à Sebrata, qui se trouve à une cinquantaine de Km des frontières tunisiennes. Il n’y a donc pas que les villes de Derna et Syrte à être sous le contrôle des barbares et des mercenaires de Daech. La propagation de ce cancer se fait donc à grande vitesse, ce qui préfigure d’un chaos total en Libye et certainement de sa partition en plusieurs micro-Etats dans l’avenir.

Si le gouvernement tunisien croit tirer son épingle du jeu en abritant Abdelhakim Belhadj, un ancien lieutenant d’Oussama Ben Laden, devenu après la destruction de la Libye l’homme incontournable et désormais le chef occulte de Daech au Maghreb, il commet un crime à l’égard du peuple tunisien et une trahison manifeste de l’Algérie et de l’Egypte. En jouant avec le feu, on risque d’être les premiers brulés. Tataouine, Zarzis, Gabès et Médenine peuvent tomber sous le « califat » de Daech bien avant Marsa Matrouh en Egypte, et les Wilaya d’Illizi et de Djanet en Algérie !

Nebil Ben Yahmed

Vidéo CNN du général Wesley Clark :

https://www.youtube.com/watch?v=QHLqaSZPe98