Amira Yahyaoui, de la dissimulation politique à la simulation morale


15 Avril 2015

Réagissant à l’injustice que vient de subir Saïda Agrebi dans son malheur et saisissant l’opportunité politique de paraître « humaniste », Amira Yahyaoui a cru bon de la « défendre » sans pour autant renoncer aux clichés et aux mensonges qui ont précisément accablé Saïda Agrebi et tué son fils unique. Décryptage d’un morceau d’opportunisme et d’hypocrisie.


Nul ne s’attendait à ces funérailles du défunt Ahmed Jeribi, impressionnantes par le nombre et la qualité de ceux qui s’y sont rendus. Nul ne s’attendait à un tel élan national de solidarité vis-à-vis d’une mère que certains évitaient il y a encore quelques semaines et que beaucoup d’autres stigmatisaient.

Si cette solidarité avec Saïda Agrebi a surpris tous le monde, y compris ceux au Palais de Carthage, qui redoutant une réaction négative du « peuple », avaient fait le choix du mutisme et de l’indifférence, une telle fraternisation avec Saïda Agrebi a poussé certains opportunistes de se démarquer de l’injustice pour rejoindre de façon tactique un humanisme d’apparence.

C’est le cas d’Amira Yahyaoui qui, avec l’ensemble des cybers-collabos qui se reconnaitront, avait activement contribué à la diabolisation de Saïda Agrebi ; une diabolisation qui a trompé l’opinion publique et qui est l’origine de tous les malheurs qui ont frappé l’ancienne président de l’ATM.

Dans un post au français approximatif et bourré de contradictions, qu’elle a publié sur sa page facebook et qui a été repris par nos confrères d’Espace Manager, Amira Yahyaoui a écrit : « Je n'éprouve personnellement aucune sympathie pour cette dame et je suis extrêmement critique par rapport à ce qu'elle a fait pendant l'ère Ben Ali ». Premier aveu involontaire, c’est justement ce qu’on a attribué à Saïda Agrebi comme « monstruosités » pendant l’ère Ben Ali, qui l’a diabolisé auprès de l’opinion et profondément affecté son fils Ahmed, qui a fait sa première crise cardiaque en 2011.

« Aussi exécrable soit-elle. Je ne comprends pas cette haine qui nous aveugle et cet esprit de vengeance animalier que certains d'entre nous peuvent avoir, nous transformant d'être humains en véritables hyènes », poursuit Amira Yahyaoui. Là, il s’agit de son auto-portrait ! A moins de ne pas en saisir le sens exact, le mot « exécrable » indique le degré « d’humanité » d’Amira Yahyaoui !  
 
Trahissant sa haine profonde, celle-ci ajoute : « Saïda Agrebi, aussi haïe soit elle, doit avoir le droit à son passeport, à un procès équitable et à une justice transparente. Mais avant tout, elle doit avoir le droit d'assister aux funérailles de son fils, droit qui est garanti aux détenus tunisiens ». Primo, Saïda Agrebi n’est pas haïe mais admirée par tous les Tunisiens et toutes les Tunisiennes qui connaissent son parcours depuis l’aube de l’indépendance et son combat pour l’émancipation de la femme.

Secundo, pour avoir un procès équitable, il faudrait d’abord que les cybers-collabos qui l’ont vilipendé, jugé et condamné sur Internet reconnaissent leur crime et se repentissent. Equitable ou pas, le procès de Saïda Agrebi n’aura pas lieu pour la simple raison que son dossier est totalement vide. C’est plutôt le procès des lyncheurs et des manipulateurs qui ont détruit la Tunisie et essayé de décapiter sa véritable élite, qui doit avoir lieu.

Je conseille donc à Amira Yahyaoui de se taire. Saïda Agrebi, qui pourrait être sa grand-mère, n’a pas besoin de gens comme elle pour défendre ses droits garantis par la constitution (un passeport). Du passeport, elle n’en a plus besoin. Il s’agit désormais pour elle de défendre son honneur et celui de son fils disparu terni par les cybers-collabos. Et dans ce dernier combat d’une mère, Amira Yahyaoui est la dernière personne à y intervenir. Qu’elle s’occupe donc de sa Bawsala, qui est subventionnée par des fonds américains et qu’elle profite bien des dollars et des euros amassés dans un pays où le peuple crève la dalle.
      
Lilia Ben Rejeb