Après la victoire de BCE, les premiers enseignements


22 Décembre 2014

Même s’il a perdu, le score obtenu par Moncef Marzouki prouve que les électeurs d’Ennahdha ont massivement voté pour lui. Une fois de plus, Rasched Ghannouchi a ainsi démontré que la duplicité est une seconde nature chez lui. Raison de plus pour que les adeptes de « l’islam politique » soient exclus du futur gouvernement.


Victoire du Bourguibisme sur l'islamisme.
Avec la victoire officielle de Béji Caïd Essebsi, la Tunisie renaît de ses cendres. Après quatre ans de calvaire, avec une ANC tragi-comique, une présidence clochardisée et des gouvernements provisoires aussi incompétents les uns que les autres, les Tunisiens regardent l’avenir avec un peu plus d’espoir et d’optimisme. L’espoir de retrouver la prospérité économique, la concorde civile, la sécurité et la stabilité politique. A condition que Moncef Marzouki et ses troupes extrémistes renoncent à leurs projets obscurs. Il semblerait que, depuis une semaine, l'Union européenne a adressé un message à Marzouki pour lui conseiller l'acceptation des résultats "sans causer de problèmes". Dans sa conférence d'hier dimanche, interrogé la-dessus, le président de l'ISIE a confirmé cette information en déclarant "approuver la démarche de l'Union européenne".    

Dès hier après-midi, nous avons annoncé la victoire de Béji Caïd Essebsi avec un score « avoisinant les 56% » et que "dans tous les cas, il y aurait un écart de 10% entre BCE et Marzouki. Dans la conférence de presse qui vient de se tenir aujourd’hui, l’ISIE a annoncé ces résultats officiels : Béji Caïd Essebsi a obtenu 55,68%, et Moncef Marzouki, 44,32%. Selon l’ISIE, le taux de participation est de 60,11% (au premier tour, il était de 64,6 %), et le nombre d’électeurs s’élève à 3 189 672.

Une fois de plus, en annonçant dès hier après-midi que BCE a gagné avec 56% des voix, nos informations se sont donc révélées exactes. L’agence Sigma Conseil, que dirige Hassan Zargouni, n’était pas non plus loin du bon score. Sur un échantillon de 14 000 électeurs, Sigma Conseil avançait hier les scores suivants : 55,5% pour Béji Caïd Essebsi et 44,5% pour Moncef Marzouki. 

Cela signifie d’abord que l’électorat islamiste s’est clairement mobilisé en faveur de Moncef Marzouki. En effet, sans cette mobilisation, le mercenaire No 1 du Qatar n’aurait pas dépassé les 30%. Cela indique une fois de plus le double langage et la duplicité de Rasched Ghannouchi. Ennahdha, qui n’a pas appelé à voter pour BCE et qui a laissé la « liberté » de choix à ses électeurs, ne doit donc pas participer au prochain gouvernement.

Cela signifie aussi que les Tunisiens ont rejeté le discours pseudo-révolutionnaire de la haine, de la division et de la peur du retour de l’ancien régime, en sanctionnant sévèrement celui qui en est porteur, à savoir le mercenaire No 1 du Qatar, Moncef Marzouki. Malgré tout ce qui a été dit sur Béji Caïd Essebsi, c’est lui qu’ils ont choisi pour qu’il soit leur président dans les années qui viennent.

Cela signifie enfin que le passage de la troïka a laissé des stigmates dans la conscience collective. Les tentatives, dès janvier 2011, de leur faire oublier jusqu’à leur histoire du mouvement national sous la direction du leader historique Habib Bourguiba, ont lamentablement échoué. Mieux encore, c’est en réincarnant la figure paternelle et patriotique de Bourguiba que Béji Caïd Essebsi a pu reconquérir le cœur des Tunisiens et raviver leur mémoire, ce qui lui a permis d’écraser son adversaire : le mercenaire No 1 du Qatar.

Si, comme disait Bourguiba, le « petit djihad » a été gagné, il reste le « grand djihad » pour éradiquer le terrorisme, pour vaincre le chômage et la pauvreté, pour sauver l’économie tunisienne qui est en quasi-faillite, et pour reconquérir la souveraineté pleine et absolue de la Tunisie. Sur le plan international, il va falloir aussi donner une autre image de la vraie Tunisie, pour effacer la réputation affligeante de premier pays exportateur de terrorisme. Après l'élection de BCE, on peut d'ailleurs s'attendre à des actions terroristes violentes et à des tentatives de déstabilisation de la jeune démocratie tunisienne par les mercenaires du Qatar et les extrémistes du défunt Tartour.   

C’est dans la constitution du prochain gouvernement que le réveil tunisien doit pouvoir prendre corps. Béji Caïd Essebsi doit absolument éviter de réitérer l’erreur du gouvernement technocratique. Le gouvernement qui va être constitué ne doit en aucune façon être celui des « technocrates », mais au contraire éminemment politique. La place des technocrates n’est pas à la tête des différends ministères mais à l’ombre et dans les cabinets ministériels. Ils ne doivent pas conduire la politique générale du pays mais l’inspirer, par la compétence et les bons conseils.

C’est pour dire que le poste de chef de gouvernement doit légitimement revenir à Taïeb Baccouche et à lui seul. Tous les partis qui ont soutenu Nidaa Tounes et toutes les personnalités qui ont appelé à l’élection de Béji Caïd Esssebsi, doivent occuper des fonctions ministérielles, selon leurs compétences, leurs expériences et leur patriotisme. La Tunisie a besoin d’un gouvernement fort pour rétablir l’ordre, remettre le pays au travail, éradiquer le terrorisme et restaurer le prestige et l’autorité de l’Etat. En le portant à la présidence de la République, c’est ce que les Tunisiens ont voulu signifier à Béji Caïd Essebsi.

Nebil Ben Yahmed