Attentat du Bardo : une ambassadrice parmi les touristes et la cathédrale de Tunis a échappé à un carnage


23 Mars 2015

Quatre jours après l’attentat meurtrier du Bardo, de nouvelles révélations viennent de nous parvenir. Nous savons que parmi les touristes au musée du Bardo, se trouvait l’ambassadrice de Chine. Nous savons aussi que la grande cathédrale de Tunis était également visée le même jour. Nous savons enfin que 24h avant cet attentat, le district national de la sûreté de Tunis a informé la direction générale de la Sûreté nationale de l’imminence d’une action terroriste au Bardo.


Évacuation des touristes blessés le 18 mars 2015 au palais du Bardo.
Le mardi 17 mars 2015, 3600 touristes sont arrivés au port de la Goulette dans un bateau de croisière pour une escale de 48h. Le lendemain, 2400 débarquent pour effectuer des visites touristiques dans Tunis et sa banlieue nord. 48 autocars ont été mis à leur disposition pour effectuer leurs visites. A 10h du matin, cinq autocars prennent la direction du Bardo avec dans chaque véhicules une cinquantaine de touristes. Cinq autres autocars se dirigent à Tunis pour visiter la grande cathédrale. Les autres autocars se dirigent vers Carthage et Sidi Bou Saïd.

Le premier autocar est arrivé au musée du Bardo à 11h, et les quatre autres à 12h10 précise. A 12h15, les premiers coups de feu ont été entendus. Cette chronologie indique que les terroristes étaient parfaitement bien renseignés bien avant l’arrivée de ce bateau de croisière au port de la Goulette. L’un des terroristes abattu, Yassine Labidi, 27 ans, habitant Al-Omrane, travaillait occasionnellement pour l’Office du tourisme comme guide touristique. C'était un jeune tout à fait "normal", qui avait fait deux années d'études de français à l'université de Tunis, qui buvait et fréquentait les filles. Comment a t-il pu basculer dans le terrorisme islamistes? Il faudrait poser la question à Rached Ghannouchi!

Selon nos confrères du quotidien Al-Chourouk (édition du 22 mars), le mardi 17 mars à 7h du matin, soit 24h avant l’attentat du Bardo, le directeur du district national de la sûreté de Tunis a envoyé au directeur général de la sûreté nationale une note (No 1338) dans laquelle il l’aurait informé qu’une action terroriste était imminente au palais du Bardo et qu’il fallait renforcer la sécurité dans tout le site et ses environs. Quelques heures après, la direction de sûreté nationale aurait répondu par un refus, faute de moyens !

De sources internes au ministère de l’Intérieur, nous avons maintenant tous les détails de cette action terroriste. Le mercredi 18 mars, les terroristes sont entrés par le portail principal du parc du Bardo, qui n’était pas gardé. A 12h15 ont commencé les échanges de tirs entre les terroristes et les forces de l’ordre qui gardaient l’Assemblée nationale. A 12h32, les brigades spéciales de l’antiterrorisme étaient sur les lieux. A 12h37, deux terroristes en motos de marque Vespa, qui devaient récupérer leurs complices à l’intérieur du palais, ont été arrêté. A 12h40, l’ambassadrice de Chine en Tunisie a été la première à être évacuée par les forces spéciales. A 13h10, trois terroristes ont été arrêté. A 13h38, trois autres terroristes ont été neutralisé à proximité de l’Assemblée nationale. A 13h43, un autre terroriste qui se faisait passer pour un journaliste a tenté d’abattre un policier. A 14h55, l’agent des forces de l’ordre Aymen Morjane a été tué par un terroriste. Bien après la fin de l’opération, à 18h30, un complice en train de photographier des mares de sang pour les envoyer à l’un des sites intégristes a été arrêté.

Fait très regrettable constaté lors de l'évacuation des touristes victimes, le sac d'une blessée a été volé à l'intérieur de l'ambulance qui la transportait à l'hôpital. Plus odieux encore, la bague d'une touriste décédée a été subtilisée de la morgue où reposait la défunte. On espère que les auteurs de ces actes seront sévèrement châtiés.     

Toujours selon des informations parvenues à TS, la grande cathédrale de Tunis, situé avenue Habib Bourguiba, juste en face de l’ambassade de France, qui accueillait en ce mercredi 18 mars près de 200 touristes, a échappé à un véritable carnage. Cela a été évité grâce aux forces de police qui ont reçus l’ordre de quadriller toute la zone.

Suite à l’attentat du musée du Bardo, le ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli, a décidé des changements à la tête de certains départements « sensibles », de districts et arrondissements de la sûreté. Les départements concernés sont la Direction générale des frontières et des étrangers, celle des renseignements, et le district national de la sûreté de Tunis, ainsi que les arrondissements du Bardo, de Sidi Béchir, et la direction de la police judiciaire.

Des changements importants étaient de toute façon attendus au sein de plusieurs districts et même au sein du ministère de l’Intérieur. Conscient que ce ministère a été noyauté par des agents d’Ennahdha et par certains affairistes véreux, le nouveau secrétaire d’Etat à la Sûreté, Rafik Chelly, avait décidé d’y effectuer une purge.

Certains de nos confrères ont écrit que les investigations menées actuellement dans l’affaire de l’attentat du Bardo ont permis de déterminer que « le groupe terroriste à l’origine de la fusillade appartenait non pas à Daech, mais à la brigade Okba Ibn Nafaâ ». Cela montre l’amateurisme de certains journalistes qui n’ont toujours rien compris au terrorisme islamiste. Le groupe terroriste en question appartient bel et bien à Daech, dans la mesure où Ansar al-charia ont rallié cette organisation qui s’est déplacée de l’Irak vers la Libye. Or, Okba Ibn Nafaâ n’est qu’une ramification ou appellation d’Ansar al-Charia, que dirige Seifallah Ben Hassine, alias Abou Iyadh et dont le bras droit est Boubaker Al-Hakim, l’ex encadreur des frères Kouachi. Est-il besoin de préciser ici que Daech et Al-Qaïda ont fusionné depuis déjà dix mois ?

Karim Zmerli