Bouazizi, un « clochard » devenu icône nationale


15 Décembre 2013

De la gifle qu’il n’a jamais reçue au niveau Bac plus 4 qu’il n’a jamais eu, tout était faux dans l’histoire de ce « clochard », selon l’expression même de Farhat Rajhi, devenu icône nationale et célébrité mondiale. Avec celle qui a visé auparavant l'Irak, jamais intox n’a été aussi puissance, aussi trompeuse et aussi destructrice des Etats-Nations. Cette désinformation, qui est une arme de guerre, a été l’œuvre des services américains, exécutée par un ramassis de cybers-collabos tunisiens à l’intérieur du pays et à l’étranger. Trois ans après l’anéantissement de la Tunisie, retour sur l’icône « nationale » qui a détruit la Nation.


Dans deux jours, il y aura peut-être encore quelques Tunisiens à célébrer le troisième anniversaire de l’immolation de Tarek Bouazizi (c’est sa vraie identité), qui a mis le feu à la Tunisie et dont l’incendie dévastateur s’est propagé à la Libye, à l’Egypte, au Yémen et à la Syrie. C’est l’occasion de revenir sur cette manipulation de masse qui a détruit la Tunisie et dont nos compatriotes n’ont pas fin de payer le prix, car le pire est encore à venir.

Comme nous l’avons écrit plusieurs fois dès 2011, Bouazizi ne s’est jamais appelé Mohamed mais Tarek. Il n’a jamais été un bac plus quatre mais un bac moins deux. Il n’appartenait pas à une famille extrêmement pauvre de Sidi Bouzid mais à une famille moyenne, comme 50% des Tunisiens, les pauvres, les vrais pauvres, représentants 17% de la population tunisienne. Il ne faisait pas le marchand ambulant pour nourrir sa famille mais pour se saouler tous les soirs avec des rebuts comme lui. Après chaque beuverie, il battait sa mère Mannoubia, que rien n’intéressait plus que l’argent et avec laquelle il avait un compte psychologique à régler : après le décès de son mari Taïeb avec lequel elle a eu trois enfants dont Tarek, elle a épousé son beau-frère, c’est-à-dire l’oncle paternel de Tarek, avec lequel elle a eu quatre autres enfants.

Le 17 décembre 2010, Fayda Hamdi (47 ans), une agente municipale Bac plus trois et ex-secrétaire au gouvernorat de Sidi Bouzid rétrogradée pour laisser son poste à un candidat pistonné, contrôle Tarek Bouazizi, qui est un marchand de légumes ambulants et sans patente. « Tu dois faire comme tous les marchands ici, obtenir une autorisation pour exercer en toute légalité », lui dit-elle. Vulgaire et violent, celui-ci lui répond, « Vas te faire… » ! Elle fait alors semblant de lui confisquer sa balance et lui rétorque, « avec quoi tu vas peser maintenant ? » Toujours violent et menaçant, il lui répond : « avec tes seins de pu… ».

Fayda Hamdi raconte : « Je lui ai dit de partir. Il a commencé à crier. Il m'a bousculée. J'ai voulu confisquer sa balance et sa marchandise. Il a résisté, me blessant à la main. Il m'a insultée, dit de très gros mots. Il a essayé d'arracher les épaulettes de mon uniforme. Des renforts sont arrivés… ». C’est  alors que tout le matériel de cet ivrogne a été confisqué par d’autres agents municipaux arrivés à la rescousse. Après une soûlerie de trois heures, Tarek Bouazizi se rend au gouvernorat où personne n’a voulu le recevoir. Moins d’une heure plus tard, il s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid.

C’est à partir de cet instant que la machine de désinformation et de propagande s’est mise en branle. En relation directe avec des officines étrangères (américaines et européennes), un ramassis de cybers-collabos va créer une fiction tragique qui ne laissera pas indifférent la jeunesse tunisienne : l’histoire de « Mohamed » Bouazizi, un jeune chômeur bac plus quatre, humilié et giflé par une policière de Ben Ali. Le soir même, la chaîne de télévision islamo-sioniste, Al-Jazeera, relayait en boucle cette fiction tragique. Parmi ce ramassis de cybers-collabos initiés aux méthodes de l’organisation serbe OTPOR, une officine de la CIA, et financièrement soutenu par Freedom House, il y avait ceux qui étaient parfaitement conscients de travailler pour des puissances étrangères et ceux qui suivaient comme des moutons. Ces cybers-collabos sont connu de tous et il n’est pas nécessaire de rappeler ici leurs noms.

Six mois après la mort de Tarek Bouazizi, le mythe va commencer à se fissurer. Dans un article de Christophe Ayad titré « La révolution de la gifle », paru dans Libération le 11 juin 2011, Lamine Bouazizi, un syndicaliste de Sidi Bouzid, va avouer qu’en « fait, on a tout inventé moins d'une heure après sa mort. On a dit qu'il était diplômé chômeur pour toucher ce public, alors qu'il n'avait que le niveau bac et travaillait comme marchand des quatre-saisons. Pour faire bouger ceux qui ne sont pas éduqués, on a inventé la claque de Fayda Hamdi. Ici, c'est une région rurale et traditionnelle, ça choque les gens ». Ce syndicaliste oublie seulement de dire que cette opération de désinformation n’était pas un produit du terroir mais venait d’Outre-Atlantique !

Ce syndicaliste vendu à l’ambassade des Etats-Unis à Tunis et en contact permanent avec la cellule noire d’Al-Jazeera, n’avait plus le choix que d’avouer une partie de la vérité. Le 19 avril 2011, après quatre mois de détention à la prison de Gafsa, le tribunal de première instance de Sidi Bouzid ordonne un non lieu qui innocente totalement Fayda Hamdi. Le premier à écrire sur « Cette gifle qui n’a jamais eu lieu » est le professeur Abdelhamid Larguèche, dans le journal en ligne Leaders du 25 mai 2011. Ce fut ensuite l’article de Christophe Ayad, que nous venons de mentionner. Le coup de grâce viendra de Mohamed Amine Mankaï, avec son article « Tunisie, grandeur et décadence de Mohamed Bouazizi », publié par Kapitalis le 23 juin 2011 et dans lequel il cite Farhat Rajhi, l’éphémère ministre de l’Intérieur après la chute du régime : « Mohamed Bouazizi est un clochard, un moins que rien, le genre de type à éviter quand tu te promènes avec ta femme ou ta sœur dans la rue » !

Ainsi, en quelques mois, celui que Héla Béji avait élevé à la dignité de « Saint Bouazizi » (Le Nouvel Observateur du 10 janvier 2011), Farhat Rajhi le rabaissait à l’indignité de « clochard et de moins que rien ». La chute de la côte de Tarek Bouazizi à la bourse du « printemps arabe » n’a pas empêché Bertrand Delanoë, sous la pression des communistes et des écologistes, d’attribuer le nom de cet individu à une place parisienne, au moment même où la plaque honorant sa mémoire dans sa ville natale même, Sidi Bouzid, était détruite par les enfants du pays, des diplômés au chômage, des gens humbles, des personnes honnêtes et dignes, malgré la pauvreté et l’injustice sociale.

Tarek Bouazizi n’était pour rien dans la destruction de la Tunisie. Ce jeune paumé et ivrogne, comme il y en a des milliers en Tunisie, n’a pas prémédité son acte suicidaire, encore moins la déstabilisation, l’occupation et l’islamisation de la Tunisie. Ceux qui en assument la responsabilité devant l’Histoire sont le ramassis de cybers-collabos activés par la CIA, sous le parapluie d’Alec Ross, le conseiller spécial d’Hillary Clinton, et Jared Cohen, l’organisateur de l’Alliance for Youth Movement (AYM), qui s’est tenue en décembre 2008 à Washington et qui a réunie tous les petits rats tunisiens, égyptiens, libyens, yéménites, syriens, algériens, du futur « printemps arabe » (voir lien ci-dessous). Ceux qui en assument la responsabilité devant l’Histoire c’est également l’armée virtuelle (facebook et tweeter) de renégats involontaires qui ont été trompés par les cybers-collabos et qui ont été galvanisés par la télévision islamo-sioniste, Al-Jazeera.  

Karim Zmerli

Le printemps arabe-sponsorise par washington et les reseaux sociaux