Dans le Nord Mali, le Qatar est blanc comme du goudron ! Qatar et les islamistes intégristes !


11 Novembre 2012

Jusqu'à la "révolution du jasmin" en Tunisie, ensuite le début du "printemps arabe" en Egypte, le Qatar utilisait son Soft Power, à savoir la TV Al-Jazeera et la diplomatie du gros chèque. En Libye, en Syrie et au Mali, pour déstabiliser ces régimes et les remplacer par le fascisme vert, l’émirat wahhabite est passé au Hard Power : recrutement et armement de mercenaires, de terroristes d’Al-Qaïda et de fanatiques surgis du Moyen-âge. L’article qui suit a été publié par l’excellent site malien ankamali.net, le 8 novembre 2012.


Et si le Qatar = Qotrán (goudron en arabe).
La tenue de cette marche de protestation devant l’ambassade du Qatar est une victoire, au regard des réticences qu’elle a suscitées. Le contexte de la marche en dit long. Face aux financements occultes supposés des intégristes islamistes coupeurs de mains et de pieds des Maliens dans le nord du Mali, sept organisations de la diaspora malienne de France ont décidé de manifester pour alerter l’opinion publique nationale et internationale. C’était devenu un challenge face à un petit Émirat devenu puissant à cause de sa manne pétrolière et gazière devant lesquelles, même les grandes puissances lui font les salamalecs à ses pieds.

 Après l’annonce de la manifestation de protestation des Maliens de France devant l’ambassade du Qatar à Paris, une levée de boucliers s’est généralisée jusque dans le milieu des services de renseignement français pour disculper un Qatar qui se noie dans un verre d’eau.

Autorités maliennes, conseil des sages, autorités françaises, presse, services de renseignement, tous au garde-à-vous et au service de porte-paroles de l’Emir qatari pour le blanchir par rapport à la sulfureuse présence des "humanitaires" du Qatar dans le nord du Mali. Une zone où les intégristes islamistes continuent de couper à vif les mains et pieds des Maliens au nom d’une charia que le Qatar (pays proche de leur idéologie) n’applique pas dans son Emirat.
En effet la dépêche de l’AFP du 08 octobre dernier tombe avec la déclaration de M. Bonnet puis elle est relayée par la presse française (journaux, radios, télévisions et internet) comme une traînée de poudre. Auparavant l’hebdomadaire satirique français, le Canard Enchaîné à l’accoutumée, dans ses livraisons du 26 mars 2012 et surtout du 06 juin 2012 à levé le lièvre avec une manchette : « "Notre ami du Qatar" finance les islamistes du Mali ». Le papa des hebdos africains, Jeune Afrique de même que des journaux à Bamako s’y sont intéressés.

Ensuite à Paris, le Conseil des Sages du Mali en France (association loi 1901) sur la foi de toutes ces informations distillées par les presses nationale et étrangère a adressé une correspondance, le 08 août 2012, à son excellence Monsieur l’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Jaham Al Kuwari.

Après avoir expliqué le contexte d’occupation des régions dans le nord du Mali, la missive met en exergue les interrogations des Sages en ces termes : « A notre connaissance, le Mali, Etat membre de l’organisation de la conférence islamique devenue l’organisation de la coopération islamique, n’a aucun contentieux avec votre pays.

Nous nous interrogeons donc sur les raisons qui ont pu conduire votre Etat à soutenir la rébellion et la déstabilisation de notre pays. » A la suite du rappel des graves violations des droits de l’homme perpétrées par les groupes armés dans le nord du Mali, la lettre des doyens se termine par une sollicitation : « C’est pour cette raison que nous sollicitons une audience afin que vous puissiez nous éclairer et éventuellement nous rassurer sur la politique de votre pays à l’égard du notre et sur les mesures qu’il entend mettre en œuvre pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali qui était réputé pour sa tolérance.

Dans l’hypothèse où vous estimeriez que nos questions ne relèveraient pas de votre compétence, nous vous saurions gré de bien vouloir transmettre la présente lettre à son excellence le Prince AL-THANI et nous en informer le plus rapidement possible. Nous vous saurions gré de bien vouloir nous préciser le délai probable de réponse du Prince. »


La DGSE enquête au Mali pour le Qatar ?

En attendant que la réponse de l’ambassadeur du Qatar soit expliquée aux organisateurs de la marche, dix jours avant l’événement, une tonitruante nouvelle tombe : « le président de la république par intérim, M. Dioncounda Traoré effectuera une visite du 21 au 24 octobre au Qatar ». Pour les besoins de la cause les autorités qataries ont préparé un vol spécial qui est allé chercher le président et sa délégation à Bamako.
A l’issue de la visite, c’est le président Traoré qui a rapporté l’assurance donnée par le Qatar de n’avoir soutenu ni les sécessionnistes, ni les terroristes. Au lendemain de la visite du président de la république du Mali, soit le 25 octobre 2012, c’est un journaliste du Figaro, M. Georges Malbrunot (ex-otage des islamistes en Irak en 2004 pendant 124 jours avec son confrère Christian Chesnot), qui annonce sur son blog, à la fois la position de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de l’Etat du Qatar pour démentir toutes les encombrantes informations contre ce dernier.

« Les services secrets français ont assuré le gouvernement que le Qatar n’avait pas envoyé des agents sous couverture humanitaire auprès des djihadistes, qui contrôlent le nord du Mali. Après la publication de récentes informations en ce sens dans la presse, des agents de la DGSE ont enquêté et n’ont pas trouvé trace d’émissaires qataris venus aider les extrémistes islamistes au nord du Mali. A Paris, le ministère des Affaires étrangères a été informé par la Direction générale de la sécurité extérieure du résultat de son enquête », indique la même source.
Auparavant l’ambassadeur du Qatar à Paris a favorablement répondu à la demande d’audience faite par les Doyens des Maliens de France. Au cours de l’audience l’ambassadeur Qatari a saisi l’occasion pour démentir l’implication de son pays dans le financement des groupes armés islamistes dans le nord du Mali. Après cette audience, le conseil des sages du Mali en France visiblement convaincus et conquis par ce discours de l’ambassadeur qatari à Paris, sont devenus de fait les porte-paroles du Qatar auprès de la diaspora malienne de France.
Ainsi à quelques jours de la manifestation devant l’ambassade du Qatar, la coordinatrice de l’organisation et la mobilisation de l’événement, Mme Coulibaly Ramata Maïga est contactée sur son portable par le porte-parole du conseil des sages, Me Bouya Diallo. Ce dernier a tenté en vain d’informer, puis de convaincre et de dissuader les organisateurs de la marche quant aux caractères inopportun et non nécessaire de manifester contre le Qatar.

Qatar et les islamistes intégristes

Le Conseil des Sages du Mali en France a été invité à la prochaine réunion préparatoire de la manif. C’était le 30 octobre (72h avant le jour J) au foyer Lorraine à Paris, où le président des du conseil des sages, le doyen M. Moussa Coulibaly a expliqué qu’ils [les sages des Maliens de France, ndlr] ne sont point l’avocat du Qatar mais qu’ils tiennent à informer les Maliens de France par rapport au démenti apporté par l’ambassadeur du Qatar quant à l’implication de son pays dans le financement des islamistes dans le nord du Mali.
« Choisissons nos ennemis » a-t-il ajouté. Un autre membre de la délégation des sages M. Maïga, a expliqué un détail selon lequel, l’ambassadeur qatari leur a expliqué que le Qatar ne finance point les islamistes cependant l’Etat du Qatar ne contrôle pas l’usage fait de la "Zakat" (l’aumône) des riches qataris à titre individuel. Me Bouya Diallo, a longuement expliqué que le soutien du Qatar envers le nord du Mali n’est qu’une aide humanitaire. Il a cité l’hôpital de Gao où le salaire de l’ensemble du personnel est pris en charge par le Croissant rouge du Qatar de même que les frais de fonctionnement dudit hôpital.
« Si demain le Qatar suspend son aide, ce personnel et les frais seront-ils payés ? » s’interroge t-il. « Oui ! », répond de façon laconique M. Bréhima Camara avant d’ajouter que le Mali est un pays souverain qui faisait fonctionner l’hôpital de Gao avant l’aide du Qatar. Le ton est donné pour désapprouver la démarche des sages qui, au-delà de l’information, tentaient d’annuler la marche sinon d’expliquer l’inopportunité de la tenir.

« Ce n’est pas à quatre jours de la marche, qu’il faut venir nous décourager » affirme un organisateur de la marche tandis que, renchérit un autre en ajoutant : « d’ailleurs vous, les sages on ne vous a jamais vu à nos côtés pendant nos manifestations, encore moins recevoir de vous, un simple mot d’encouragement et pourtant tout ce que nous faisons, c’est pour le Mali. » La démarche des sages a plutôt ragaillardit les organisateurs de maintenir la manif.

Suspicieux humanitaires qataris

A la veille de la marche, la journaliste de RFI, Christine Muratet, a fait publier un article qui lève le coin du voile sur le comportement pas "catholique" encore moins "orthodoxe" du Croissant Rouge Qatari au Mali dans les régions sous occupation des intégristes islamistes : « "Le Croissant-Rouge qatarien est arrivé à Gao, sans avertir personne, ni la Croix-Rouge malienne, ni le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), qui coordonne pourtant l’aide d’urgence dans les zones de conflits", confie un humanitaire.
Par la suite, et après des demandes d’explications, le Qatar a accepté de signer une convention avec la Croix-Rouge malienne : une délégation malienne est reçue à Doha pour signer le document. Mais, selon nos informations, trois mois plus tard, les actions communes sur le terrain n’ont toujours pas commencé. Selon nos interlocuteurs à Bamako, "ça ne se passe pas de façon très orthodoxe avec eux".
Un sentiment largement partagé par la quasi-totalité des intervenants humanitaires dans le nord : pas de coordination, pas de concertation en amont avec quiconque : "une approche très spéciale", nous confie-t-on. Autre spécificité des Qatariens : ils installent leurs équipes médicales là où les besoins ne sont pas forcément les plus importants. Délaissant les dizaines de centres de santé de brousse, oubliés de tous » ajoute enfin Christine Muratet.

Au demeurant, la balle est dans le camp du Qatar pour prouver la transparence de sa présence dans le nord du Mali, aujourd’hui sous le contrôle des intégristes. A défaut, l’Emirat demeure dans la crise malienne, blanc comme le goudron !
Rassemblés par Bakary Traoré