Et si la chute de Ben Ali était un objectif pour détruire la Libye ? Vidéo


3 Février 2013

Enfin, la vérité sur le printemps arabe. Ce document vidéo de « Spécial Investigation », diffusé sur Canal Plus, est d’une importance capitale pour ceux qui n’ont pas encore compris les "révolutions" arabes. On se demande alors si la Tunisie n’était pas la victime collatérale d’un plan néocolonialiste beaucoup plus large. Pour se faire sa propre opinion, T.S. ne s’est pas contentée de regarder cette vidéo, mais elle a été à la rencontre des principales personnalités que les journalistes de Canal Plus ont interviewé. Voici les conclusions de notre propre investigation.


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Comme on le constate dans cette vidéo, les reporters de « Spécial Investigation » commencent par la révélation d’un accord, fin 2008, entre la North Global Oil And Gas Compagny –dont le patron est Ziad Takieddine, agissant au nom de la Libye- et le géant Total, portant sur l’exploitation du gisement pétrolier libyen NC7. Ce devait être sans doute l’une des promesses de Kadhafi à Sarkozy, à la suite de la visite du guide libyen en France en décembre 2007. Le contrat a été signé entre Total et la North Global Oil And Gas Compagny, qui cède au groupe français 100% de ses droits d’exploitation pour un montant de 140 millions de dollars.

Cheikh Hamad a convaincu Sarkozy de faire la guerre contre la Libye
  

Mais dès 2009, le Qatar s’ingère dans cet accord bilatéral entre la France et la Libye. Autrement dit, ce que cet émirat s’est vu refuser par Kadhafi, il va essayer de l’obtenir par « l’ami » Sarkozy, via le groupe Total. Avec ses pratiques mafieuses et faisant intervenir ses réseaux d'influence et de corruption, le Qatar va réussir à racheter à Total une partie des droits d’exploitation du gisement libyen NC7. Furieux en l’apprenant, Kadhafi menace de rompre tout accord avec Total. C’est à partir de ce moment-là que Sarkozy, sous l’influence pernicieuse de son bien généreux ami cheikh Hamad, va penser à la déstabilisation du colonel Kadhafi, comme au bon vieux temps des « révolutions » et des coups d’Etat en Afrique. La France sarkozienne venait justement de réussir son intervention « humanitaire » en Côte d’Ivoire, pour déloger Laurent Gbagbo et imposer Ouattara. Selon Ziad Takieddine, « C’est l’émir du Qatar qui a poussé Sarkozy à faire la guerre contre la Libye ».

Des spécialistes confirment la thèse de la guerre par procuration

En septembre 2010, à cause du Qatar, les négociations entre la France et la Libye sont au point mort. C’est à partir de ce mois que dans le secret total, l’équipe de Sarkozy va mettre au point le plan d’invasion de la Libye, avec la collaboration de la Grande Bretagne et du Qatar. En novembre 2010, le site internet de l’Armée de l’air française annonce l’organisation conjointe avec l’armée anglaise de manœuvres militaires. Non de code de l’opération : « Southern Mistral 11 ». On y annonce même que l’opération réelle sera déclenchée entre le 21 et 25 mars 2011. Michel Collon, spécialiste de relations internationales, confirme la thèse de la guerre préparée d’avance avec le Qatar pour le contrôle du pétrole et du gaz libyens. Idem pour Alain Chouet et Yves Bonnet, l’ancien patron de la DST. Egalement pour le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de guerre, qui confirme plus ou moins cette thèse. Quant à Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, il déclare que « La proximité entre la France et le Qatar dans cette opération militaire doit interroger. Je me pose aujourd’hui la question : est-ce qu’il n’y a pas eu imposture politique en France et ailleurs pour mener une guerre en Libye, qui est un eldorado énergétique ? »

BHL, chargé de vendre aux médias une guerre humanitaire

C’est le 5 mars 2011 que le philosophe à la chemise ouverte jusqu’au nombril lance son appel très émouvant sur TF1 et en direct de Benghazi. Le mythe d’un bain de sang à Benghazi venait de naître. Toutes les télévisions et tous les journaux reprennent et relayent cet appel du cœur d’un philosophe qui a consacré toute sa vie à la défense des droits de l’homme…particulièrement dans les pays qui sont dans la ligne de mire américaine ! Le 19 mars 2011, Nicolas Sarkozy ment aux Français et déclare : « Nous intervenons en Libye pour permettre au euple libyen de choisir lui-même son destin ». Selon Patrick Haimzadeh, spécialiste du monde arabe, « La belle histoire qu’on nous a servie, c’est effectivement qu’on a sauvé Benghazi d’un bain de sang. Moi, j’en doute…Ce mythe du sauvetage de Benghazi est important parce qu’il a constitué le déclencheur de cette intervention ». Contrairement donc à ce que beaucoup ont cru, ce n’est pas BHL qui a convaincu Sarkozy de partir en croisade contre le peuple libyen, mais son ami intime, Hamad Ben Khalifa al-Thani. Sarkozy, a-t-il agi par raison d’Etat et dans l’intérêt du peuple français ? On serait tenté de le croire après l’annonce que le CNL –ce ramassis de traitres et de mercenaires à la solde du Qatar- a accordé 35% du pétrole libyen à la France. Ce serait le cas si les Français payaient moins cher à la pompe le pétrole pour leurs véhicules, et si Total réduisait le nombre des chômeurs en France (6 millions). Mais on devine à qui tout cet argent devait profiter !
       
Ben Ali aurait-il payé le prix de sa loyauté à Kadhafi ?

Pour nous Tunisiens, le plus important à savoir est la relation de cause à effet entre la déstabilisation de la Tunisie et l’invasion de la Libye. Et si la « révolution du jasmin » n’était qu’un prétexte pour mettre à exécution le plan de guerre contre la Jamahiriya libyenne ? A plusieurs reprises, T.S. a fait allusion à une telle hypothèse mais, sans preuves, on ne pouvait pas aller plus loin. A la lumière de ce document de Canal Plus, et avec les témoignages recueillis auprès de français et de tunisiens, on peut affirmer aujourd’hui que la Tunisie a été déstabilisée parce que Ben Ali a refusé d’être le complice de Sarkozy et de Hamad dans la guerre contre la Libye. Plus grave encore, il aurait vendu la mèche à Kadhafi et à Bouteflika. Ce qui est dans tous les cas facilement vérifiable, c’est qu’en septembre et octobre 2010, des émissaires de Doha et de Paris se sont rendus à Tunis. Or, d’après le document de Canal Plus, c’est en septembre 2010 que Sarkozy a pris la décision de détruire le régime de Kadhafi !

Dans sa dernière interview à T.S., Ben Ali a parlé d’un pays occidental ami qui a trahi la Tunisie. Et si ce pays n’était pas les Etats-Unis mais la France ? Et si l'affaire MIchèle-Alliot Marie n'était qu'une manoeuvre pour montrer le contraire de ce que faisait la France en Tunisie (!), et un piège tendu à une candidate potentielle aux élections présidentielles? Quel rôle a joué Marwane Mabrouk dans ces événements? Et si le discours de soutien de Kadhafi à Ben Ali, le 16 janvier 2011 et avant cette date, n’était pas une reconnaissance vis-à-vis de celui qui l’aurait informé du complot qui se tramait contre la Libye ? Et le rôle des Américains dans tout cela ? Autant d’interrogations auxquelles il va falloir un jour répondre. Seule certitude pour nous : sans le coup d’Etat du 14 janvier 2011, jamais le Sud tunisien n’aurait été transformé, de février à août 2011, en base arrière pour acheminer armes, véhicules et instructeurs militaires français et anglais vers Tripoli.
Tunisie-Secret.com

Karim Zmerli