Exclusif : Que sont devenus les Ben Ali ?


29 Mai 2016

La nouvelle a fait le buzz en Tunisie mais c’était une opération de marketing. Pour faire le buzz, la chaîne Attassia TV a annoncé, pour sa grille ramadanesque, une caméra cachée via Skype entre Mekki Helal et le président Ben Ali. C’est une occasion pour TS de verser dans la vraie information d’investigation en faisant le point sur l’ancien président et sur sa famille élargie.


Dernière photo prise de leur exil à Ryad de l'ancien couple présidentiel, Zine Al-Abidine Ben Ali et Madame Leila Trabelsi.
On commencera par l’ancien président Ben Ali. Depuis le coup d’Etat qataro-atlantiste du 14 janvier 2011, le président (1987-2011) âgé aujourd’hui de 80 ans, vit avec son épouse Leila (60 ans) et ses enfants Mohamed (12 ans) et Halima (22 ans) en Arabie Saoudite, plus exactement à Djeddah. Selon nos sources bien informées, Ben Ali passe la plupart de son temps à rédiger ses mémoires dont la publication était prévue pour juin et qui a été reportée pour septembre prochain chez deux grands éditeurs, le premier pour la version arabe à Beyrouth, le second pour l’édition française à Paris.

Le livre que certains espèrent et que d’autres redoutent

Ces Mémoires en deux volumes qui auraient atteints les 800 pages, inquiètent au plus haut niveau les autorités tunisiennes, de la présidence beylicale au Saint siège d’Ennahda à Monplaisir, en passant par tous les anciens ministres, que ce soit sous la présidence de Bourguiba (Béji Caïd Essebsi, Foued Mebazaa, Hédi Baccouche, Ahmed Bennour, Chedly Ayari, Mansour Moalla, Amor Chadli…), ou sous sa propre présidence (Mohamed Ghannouchi, Abdelwahab Abdallah, Kamel Morjane, Mondher Zenaïdi, Abdallah Kallel, Ridha Grira, Abderrahim Zouari, Mohamed Gariani…).

Plusieurs autres affairistes qui lui doivent leurs fortunes colossales s’inquiètent également de la parution de ces Mémoires puisqu’ils y sont longuement cités, preuves à l’appui. Il s’agit principalement de Kamel Eltaïef, des frères Mabrouk, des frères Mzabi, des frères Cheikhrouhou, des frères Loukil, de Moncef Sellami, de Chafik Jarraya, de Faouzi Elloumi, de Hammadi Bousbia, de Hamdi Meddeb, de Slim Zarrouk, de Slim Chiboub, de Néji Mhiri…

Une famille stigmatisée, emprisonnée, dispersée…et innocentée

Que sont devenus les autres Ben Ali qui ont été, comme les Trabelsi, accablé après la « révolution » dite de la brouette ? Pour les frères de l’ancien président, à part Moncef, Tijani, et Faouzi (décédés), Slah et Farid vivent en Tunisie. En 2011, on avait découvert qu’ils n’étaient propriétaires que de leurs modestes maisons et de comptes en banque bien minces. Pour les sœurs, à part Zakia, Houria et Naïma (décédées), Hayet vit en Allemagne et Najet est restée en Tunisie après avoir subies le lynchage médiatique et l’emprisonnement.

Pour la descendance de ces derniers, Mehdi et Sélim (fils de Tijani), leur mère étant française, ils vivent et travaillent tous en France. Leur troisième frère, Karim, est décédé en France en mai 2013. Kaïs et Hamda (fils de Slah) ont terminés leur peine de prison arbitraire. Hassan (fils de Faouzi) a également fait de la prison avant d’être relâché, tout comme Kaïs (fils de Moncef), et Dourayd (fils de Hayet). Son deuxième fils Makram n'a pas été inquiété.

Pour les cousins de l’ancien président, Bouraoui Ben Ali (cousin germain), premier commandant de bord de la compagnie Tunisair, il vit modestement en Tunisie. Ces trois fils Béchir (également pilote), Borhane (ex-DG de l’ONTT à Lyon) et Elyès sont entre la Tunisie et la France. Dafrallah Mhiri (cousin germain), ingénieur informaticien, vit avec sa famille dans un petit appartement à Strasbourg. Salem (cousin au second degré), marié à une polonaise, il est décédé depuis longtemps. Mehdi, son fils, à la suite de son emprisonnement, est parti vivre en Pologne.

Quant aux filles de l’ancien président de son premier mariage avec Madame Naïma Kéfi, Dorsaf a été harcelée par certains justiciers-corrompus pour l'expulser de son domicile sous de prétextes fallacieux. Récemment rentrée d'exil, son époux Slim Chiboub s'est empressé de remercier l'islamo-mafieux Rached Ghannouchi pour son "humanisme" et sa "bienveillance"! Ghazoua (médecin) est toujours mariée à Slim Zarrouk. Contrairement à sa soeur Cyrine, dont l’ex époux Marwane Mabrouk a été le seul à divorcer. Ce dernier dont la fortune n’a jamais été ancestral mais essentiellement due à son mariage avec Cyrine, vient de se remarier le 7 mai dernier. Pour les filles de son second mariage avec Madame Leila Trabelsi, Nesrine est toujours mariée avec Sakhr el-Materi et vit avec son époux aux Seychelles, non pas dans « son château », comme certains l’ont prétendu, mais dans le palais d’un émir dont on n’évoquera pas le nom pour ne pas choquer certains Tunisiens ! La plus jeune, Halima, qui était fiancée avec Mehdi Ben Gayed, vit entre Djeddah et une autre capitale arabe où elle poursuit ses études universitaires.

Accusateurs d’hier, corrompus d’aujourd’hui

Bien avant la « révolution » de la brouette, les Ben Ali, comme les Trabelsi, ont été accusé de tous les péchés d’Israël comme on dit. Corruption, spoliation de biens d’autrui, malversations… autant de ragots qui ont été propagés par les opposants au régime tunisien et mercenaires de Kamel Eltaïef, et qui ont été consignés et cosignés dans deux torchons, « Notre ami Ben Ali » (1999), de Jean-Pierre Tuquoi et Nicolas Beau,  et « La régente de Carthage » (2009), de Nicolas Beau et Catherine Graciet. Celle-ci, grande gladiatrice contre la corruption et avocassière des orphelins et des pauvres dans le monde arabe, a été prise la main dans le sac par les services de renseignements marocains. Soupçonnée avec son complice Eric Laurent d’avoir voulu faire chanter le Roi Mohamed VI, son affaire n’a pas encore été jugée. Quant à Nicolas Beau, il continue à "militer" sur son site Mondafrique, pour la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique et dans le monde arabe.   
  
Nous savons depuis qu’à part Slim Chiboub, Marwane Mabrouk, Sakr el-Materi et Belhassean Trabelsi, qui ont profité de leur lien avec l’ancien président pour amasser des fortunes colossales, tous les autres frères, cousins, neveux, parents proches ou lointains de Ben Ali vivaient à l’instar de la petite bourgeoisie tunisienne, voire même de la classe moyenne.

Et si les Slim Chiboub, Marwane Mabrouk, Sakr el-Materi et Belhassen Trabelsi ont mis près de vingt ans pour se constituer leurs fortunes, les Hamadi Jebali, Ali Larayedh, Mohamed Abbou, Sihem Ben Sedrine, Houcine Jaziri, Mustapha Ben Jafaar, Moncef Marzouki, les frères Daïmi, Slim Ben Hamidane, Meherzia Labidi, Sihem Badi, Samir Dilou, Abdelfattah Mourou, Noureddine Bhiri…, ont mis moins de cinq ans avant de les surpasser en argents et en biens immobiliers…en Tunisie et à l’étranger !
  
Karim Zmerli