Exclusif : rencontre secrète entre Ahmed Nejib Chebbi et Béji Caïd Essebsi


1 Février 2016

C’est aujourd’hui que Béji Caïd Essebsi devrait rencontrer Ahmed Nejib Chebbi pour lui proposer d’intégrer Nidaa Tounes dans sa nouvelle recomposition. La même proposition aurait été faite à Kamel Morjane et Mondher Zenaïdi et probablement dans les jours qui viennent à d'autres anciennes hautes compétences, notamment Nouri Jouini.


Le président Béji Caïd Essebsi semble reprendre les choses en mains. En renvoyant du Palais de Carthage Ridha Belhaj, son ex-matière  grisâtre qui a tout fait pour l’isoler des véritables compétences de Nidaa Tounes et qui n’a pas démissionné mais a été cordialement remercié, et en recevant publiquement Kamel Morjane et Mondher Zenaïdi, et discrètement aujourd’hui Ahmed Nejib Chebbi, Béji Caïd Essebsi cherche à reconstituer un large front patriotique et républicain pour briser l’hégémonisme d’Ennahdha, contrecarrer la dissidence menée par Mohsen Marzouk et neutraliser les capacités de nuisance et de destruction de Hamma Hammami.

Ahmed Nejib Chebbi, grand perdant de la « révolution du jasmin » ayant raté plusieurs rendez-vous avec l’histoire, saura t-il saisir cette ultime opportunité ? On le souhaite vraiment car, malgré ses erreurs passées et ses mauvais choix politiques, il reste une valeur sûre et incomparable en tout cas avec ses ex compagnons de l’opposition, comme le mercenaire Moncef Marzouki, la carpette Mustapha Ben Jafaar ou l’anarchiste embourgeoisé, Hamma Hammami.

La même question vaut pour Mondher Zenaïdi, haute compétence sous l’ancien régime et ex candidat aux élections présidentielles de 2014. Va-t-il mettre en veille son futur parti politique dont on attendait l’annonce à la fin de ce mois de février, pour intégrer la nouvelle équipe de Nidaa Tounes, ou persévérer dans la fédération de toutes les forces vives du pays, notamment les destouriens orphelins d’un vrai leader charismatique et les gauchistes trahis par le Front populaire ? La décision n’est pas simple, elle est même périlleuse.

Même si en politique, il y a le visible et le secret, le tactique et le stratégique, Mondher Zenaïdi a déjà publiquement déclaré avoir assuré le président de la République sur sa volonté de ne pas « couper l’herbe sous les pieds de Nidaa Tounès », en réitérant sa détermination d’aller jusqu’au bout de son projet politique en lançant son propre parti.

Quant à Kamel Morjane, la question ne se poserait plus. Il reste sur sa position depuis la création d’Al-Moubadara : pas question de sacrifier son parti pour se dissoudre dans Nidaa Tounes. Cette position inflexible et de principe ne l’empêche pas cependant de faire preuve de souplesse compte tenu de la situation catastrophique du pays. Le 8 janvier dernier, à l’issue de sa rencontre avec Béji Caïd Essebsi et selon le communiqué officielle de la Présidence de la République, il a indiqué que son entretien avec le chef de l’Etat a été « l’occasion de passer en revue la situation générale dans le pays et souligner la nécessité de fournir davantage d’efforts pour renforcer l’unité nationale et faire face aux défis sécuritaire, économique et social », en ajoutant que son parti a « réaffirmé son engagement à soutenir le processus national prôné par le président de la république ».

L’initiative de Béji Caïd Essebsi de consulter les véritables politiques et les authentiques compétences est en tout cas un bon signe. Il est grand temps de renvoyer les amateurs, les comploteurs et les destructeurs (Ridha Belhaj, Mohsen Marzouk, Hamma Hammami…) à l’anonymat et à la marginalité d’où ils n’auraient jamais dû sortir.

Lilia Ben Rejeb