Habib Essid provoque la colère du Roi du Maroc (vidéo)


19 Mai 2016

Lors de sa dernière conférence de presse, l’actuel premier-ministre tunisien a commis une faute politique, diplomatique et même géopolitique impardonnable, ce qui lui a valu une convocation illico à Rabat. Bêtise d’un incompétent ou déclaration volontaire ? TS a investigué.


Un président de la République en visite officielle au Qatar et qui est reçu à l’aéroport de Doha par le ministre qatari des Finances (lors de la Cop21, le Roi Mohamed VI a attendu que François Hollande vienne l'accueillir pour sortir de sa berline) , un premier-ministre qui provoque l’ironie du peuple marocain et l’ire de leur Roi…, décidemment rien n’étonne plus dans cette république bananière qu’est devenue la Tunisie. Ce qui est en revanche surprenant, c’est que les média tunisiens n’ont pas dit un seul mot sur ce froid jeté dans les relations tuniso-marocaines, alors que la presse marocaine s’est enflammée. Et pour cause !

Déclaration intempestive et irresponsable

Il y a quelques jours, l’ancien fonctionnaire du ministère de l’Agriculture puis secrétaire d’Etat chargé de la pêche, devenu par un caprice de l’histoire le chef du gouvernement frériste-nidaïste, a provoqué un incident diplomatique avec le Maroc. Lors de sa conférence de presse, après avoir répondu à une question relative à la lutte antiterroriste en mettant l’accent sur l’importance il est vrai capitale de la coopération tuniso-algérienne, il s’est contorsionné pour répondre à une autre question d’un journaliste présent dans la salle en disant textuellement : « Au sujet de la seconde question qui concerne le Sahara occidental et comme je l’ai déjà déclaré en plusieurs occasions, c’est un dossier qui est examiné par les Nations-Unies et sur lequel l’organisation onusienne travaille en vue d’un accord qui aura lieu entre les deux pays dans le cadre des Nations-Unies, ce qui a toujours été la position de la Tunisie au sujet du Sahara » (voir lien vidéo ci-dessous). Si ce n’est pas une bourde colossale, le propos du chef de gouvernement tunisien est intempestif et irresponsable.  

Rupture avec la tradition de neutralité bourguibienne

Pour les non initiés aux arcanes de la diplomatie et à sa terminologie, cette déclaration semble a priori anodine. Mais lorsqu’on l’examine de plus près, elle constitue une offense au peuple marocain et une provocation manifeste au Roi Mohamed VI en personne. L’expression « Sahara occidental » que le Maroc et ses alliés n’emploient jamais, ainsi d’ailleurs que les instances onusiennes dont parlent Habib Essid, recèle implicitement une prise de position en faveur de l’indépendance du « Sahara occidental ». Or, dans ce conflit entre deux pays voisins et « frères », le Maroc et l’Algérie, notre pays n’avait pas à interférer, comme cela est le cas depuis la glorieuse époque diplomatique de Bourguiba et Ben Ali.

En effet, sur cette question comme sur beaucoup d’autres à l’exception du conflit israélo-palestinien, la Tunisie a toujours observé la stricte neutralité, et c’est en cela qu’elle était respectée et même écoutée par certaines chancelleries occidentales et arabes. En commettant cette bourde aussi grande que son incompétence, Habib Essid a mis la Tunisie dans une situation délicate avec la monarchie marocaine, et nous ne disons pas avec le gouvernement marocain qui, chacun le sait, est dirigé par un Frère musulman local. C'est avec ce dernier qu'il s'est entretenu mardi 11 mai, le Roi du Maroc s'abstenant de le recevoir.

Le Sahara a été et restera marocain 

Mais était-ce vraiment une bourde ? La question est d’autant plus légitime que de pays souverain et fort par sa diplomatie active, la Tunisie est devenue depuis 2011 une suzeraineté tantôt du Qatar, tantôt de la Turquie et tantôt de l’Algérie où le chef des Frères musulmans locaux, Rasched Ghannouchi se rend fréquemment et où l’alliance entre lui et Beji Caïd Essebsi a été scellée.
L’auteur de cet article a constamment défendu l’Algérie ces cinq dernières années de turbulence, qu’on ne peut le soupçonner du moindre sentiment anti-algérien. Bien au contraire. Mais sur la question du Sahara, nous avons toujours été clair : le Maroc est dans son Sahara et le Sahara appartient au Maroc de Tanger à Languira. En termes plus clairs, il n’y a pas de « Sahara occidental » mais uniquement un sahara qui relève historiquement, géographiquement et culturellement de la souveraineté marocaine. Nos frères algériens devraient se débarrasser de cette épine léguée par Boumedienne, se consacrer à leur unité nationale que leurs ennemis cherchent à faire imploser, et travailler activement à l’unité du Maghreb Arabe dont leur question sahraoui a été l’empêchement majeur.

Si Monsieur Habib Essid, qui n'en a plus pour longtemps à la Casbah, ignore encore que le Sahara est marocain et que c'est une question sacrée pour le Roi et son peuple, il devrait se documenter, mieux vaut tard que jamais. S’il veut réajuster sa « bourde », il n’a qu’à s’inspirer des archives du ministère des Affaires étrangères pour mieux connaitre la position traditionnelle et constante de la Tunisie à l’époque de Bourguiba ensuite de Ben Ali. A moins d’une « bourde » volontaire, auquel cas on pourrait déduire que la Tunisie est passée de la tutelle turco-qatarie à l’emprise algérienne !
                       
Nebil Ben Yahmed    

Pour écouter les propos du chef de gouvernement tunisien :
https://www.youtube.com/watch?v=xclos-dNlxg

Mardi 11 mai 2016, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane s'entretenant avec son homologue tunisien, Habib Essid.