Je préfère être le plus affreux des chiens que le meilleur des islamistes, par Mohamed Sifaoui


15 Janvier 2015

C’est une réplique à Tariq Ramadan, l’islamiste helvète que les médias français aiment tant. Titré « Tariq Ramadan n'est ni Charlie, ni flic, ni juif », et publié dans Le Huffington Post, cet article de Mohamed Sifaoui a rappelé quelques vérités sur ce Frère musulman au service du Qatar, principal émirat qui soutient le terrorisme islamiste dans le monde. Mais il a oublié l’essentiel, à savoir que depuis quatre ans, Tariq Ramadan et Bernard-Henri Lévy, l’avocassier des islamo-fascistes en Libye et en Syrie, sont devenus des alliés objectifs.


Mohamed Sifaoui, journaliste d'investigation spécialisé dans la traque des islamistes.
L'artificieux Tariq Ramadan qui se laisse complaisamment affubler du titre totalement absurde de "musulman modéré" vient de nous apprendre qu'il "condamne" les attentats mais que pour autant il n'est pas Charlie.

Ce qui est ennuyeux avec le chafouin islamiste c'est qu'il ne comprend pas qu'il gagnerait, parfois, comme dirait Wolinski, à fermer sa gueule au lieu de nous servir ses litotes voilées, car lorsque l'on est républicain et progressiste, on est souvent d'accord avec la première partie de ses phrases et jamais avec la suite. Et pour cause, notre capiteux bonhomme, si charmeur et si séducteur, répète depuis plusieurs années "Je condamne les actions terroristes, mais..." quand ce n'est pas "je condamne la lapidation des femmes adultères, mais..."

Pourtant, Tariq Ramadan, tant s'en faut, est loin d'être con même si, comme dirait Cabu, lui aussi, est parfois débordé par plus intégriste que lui. Et à la différence de Mahomet -encore heureux qu'il ne soit pas prophète- la vie est parfois ardue pour le contorsionniste de la sémantique qui est tantôt aimé, tantôt détesté par des cons.

Les cons qui le vénèrent sont les nouveaux produits européens de la pensée des Frères musulmans et ceux qui le détestent ce sont les cons, hirsutes et djellabisés, avec deux neurones et demi de salafisme djihadiste.

Alors évidemment honni qui mal y pense, le petit-fils du fondateur de la Confrérie des Frères musulmans serait, semble-t-il, "moins couillu", comme dirait Wolinski, que son intégriste d'aïeul qui, lui, assumait le djihad sans sourciller, sans mettre des "mais" à tout va et ne condamnait jamais les attentats.

Ramadan n'est pas Al-Banna non plus. Certes, ce fut une autre époque et un autre contexte. Depuis, l'islamisme et les islamistes ont évolué. Aujourd'hui, ils parlent le Français, draguent des jeunes filles, y compris non musulmanes, séduisent, sans capote ni vaseline, comme dirait Honoré, des dirigeants européens, se font inviter, sans capote ni vaseline aussi, sur des plateaux de télévision et j'en passe.

Même les islamistes ne savent plus à quel Mahomet, ni même, comme dirait Cabu, à "quel con", se vouer. Aujourd'hui un islamisme vous tue et un autre, son petit fils ou son cousin, vient pleurer avec vous et avec vos proches. Il pourrait même vous consoler et ce, même s'il ne rira jamais avec vous et même s'il n'appréciera jamais les caricatures.

Aussi, le spécieux Ramadan nous annonce qu'il n'est pas Charlie. Ah la trouvaille ! Il ne manquait plus qu'il vienne à l'enterrement et qu'il débouche ensuite un bon Bordeaux avec nous. J'avoue avoir du mal à imaginer un Tariq Ramadan levant son verre à la santé de Charb même si ce dernier me lançait des « Allah Akbar ! » à chaque fois qu'on trinquait à la santé de tous les Allah et de tous les Mahomet. Je sais les islamistes préfèrent qu'on dise le "Prophète Mohamed", mais comme je suis modeste...

"Ah la vache ! Je me transforme en terroriste éthylique", aurait lancé Tignous qui dit-on est déjà dans les bras d'une vierge. Probablement celle qui était destinée à l'illusoire Ramadan. Car, contrairement à nos amis, et aux autres victimes, l'islamiste helvète n'est pas martyr et ne le sera jamais. Il paraît que ce n'est pas un tueur et qu'il ne sait même manier un couteau suisse. Il lui a préféré la langue de vipère. "Non, langue de pute !", aurait préféré Wolinski, mais comme il n'est plus là... je ne m'y risquerais pas !

Ramadan n'est pas Charlie. Ouf ! Et Rassurons-le, Charlie n'est pas Ramadan, Charlie n'aime pas le Ramadan et Charlie ne fait pas le Ramadan.

Donc au nom de toute l'équipe de Charlie Hebdo, je tiens vraiment à remercier Ramadan de ne pas être Charlie. De toute manière, il n'aurait pas pu. Malgré son intelligence, il lui aurait fallu, comme dirait Tignous, 6 kilos de neurones supplémentaires, pour comprendre ce qu'est Charlie. Car Charlie n'est pas intégriste, Charlie n'est pas ambigu, Charlie n'a pas de double-discours, Charlie est opposé à tous les racismes, Charlie est anticléricale, Charlie est humaniste, Charlie est gentil, Charlie est sympa, Charlie est drôle et Charlie a toujours eu une belle âme !

En ce qui me concerne, j'ai toujours refusé d'être Ramadan. L'intégrisme m'a épargné. Heureusement. Immunisé. Mon grand-père n'était pas un fanatique, mais un humaniste.

Et contrairement au sien qui lui a légué le fanatisme et une vision étriquée du monde, mon grand-père, pourtant croyant musulman, m'a appris à condamner les attentats terroristes, car son propre fils, mon oncle, avait été assassiné lâchement par une rafale d'un autre groupe terroriste, l'OAS, en mars 1962 à Alger.

Alors j'ai appris à condamner les attentats criminels, tous les attentats. Pas seulement ceux qui visent ou qui touchent mes proches, mes amis, ma famille. Et de plus, condamner sans « Mais ».

Aujourd'hui, je suis donc Charlie, policier et agent de maintenance, juif et musulman, français et algérien, femme et homme de couleur, originaire des Dom Tom ; Aujourd'hui, je suis journaliste et correcteur ; Je suis Charb et Tignous, mes amis, mais je suis tous ceux que je ne connaissais pas, Yoav et Yoan ainsi que tous les autres...

Aujourd'hui, même si un chien avait été parmi les victimes. J'aurais été aussi un chien. Car je préfère, de loin, être le plus affreux des chiens que le meilleur des islamistes (terroriste ou pas)...

Mohamed Sifaoui, article publié dans Le Huffington Post, le 10 janvier 2015.