L’ambassadeur de France en Tunisie fait l’éloge de l’Ayatollah Ghannouchi


20 Mars 2014

Lors d’un dîner privé, François Gouyette a vanté les qualités « morales » et « politiques » du sacro-saint gourou d’Ennahda, Rached Ghannouchi. C’est du moins ce qu’a révélé sur sa page facebook madame Mourali Rym, membre fondatrice d’Al-Moubadra, le parti de Kamel Morjane qu’elle a fini par quitter.


Son Excellence François Gouyette et son Eminence Rached Ghannouchi
Avant de balancer cette information que nous avons pris le soin de vérifier, Mourali Rym, femme politique qui ne manque pas d’audace et qui est très bien informée, a publié, toujours sur sa page facebook, ce post assassin : « R.Ghanouchi, Chedly Ayari, Ridha Belkhodja président du parti Salafiste et Ridha Saïdi, tous réunis dans un hôtel de la capitale pas très loin de la BCT, ce matin ! Que fait Chedly Ayari ? » Il doit discuter finances avec son éminence, l’émir des Frères musulmans dont le trésor suffirait très largement à combler le déficit budgétaire de l’Etat tunisien.

Quant à l’information en question, Mourali Rym a écrit que « Lors d'un dîner informel organisé chez un médecin, ex diplomate, écrivain, et président de parti, auquel étaient invités quelques amis et avec pour invité d'honneur l'ambassadeur de France Mr François Gouyette. Au cours de ce dîner ce dernier a servit avec grande délectation un éloge indigeste de Rached Ghannouchi, le qualifiant de messie sauveur de nos âmes et de notre pays, libérateur des masses indigènes, seule et unique personnalité du pays qui vaut la peine d’être rencontrée et qu'il recommande expressément à ses compatriotes de voir !!! »

Et à Mourali Rym de commenter : « Que Mr Gouyette ait un penchant pour R.Ghanouchi n'est pas vraiment nouveau. La France aime les guides, une vision romantique du guide maître du destin d'une nation. Une facette du complexe "Napoléon" sans doute, mais une question reste en suspens : cette adoration mystique qu'a Gouyette pour le maître du Pigeon bleu lui est-elle venue par le contact de l'adoré, il est vrai qu'il fut très assidu cet été, ou juste suggérée par rabbi Jacob ? Certains n'ont finalement pas retenu la leçon ! Étrange !!! En tout cas dans ce ménage à trois. Nous ne pouvons que rire à l'évocation de ce Vaudeville !!! »

Le Jacob en question est M. Walles, l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, et que les Tunisiens appellent Monsieur le Proconsul, comme autrefois Lewis Paul Bremer en Irak. Quant au médecin qui a organisé ce dîner, il s’agit du docteur Mohamed Sahbi Basly, brillant diplomate qui a été ambassadeur de Tunisie, successivement à New-Delhi, Madrid et Pékin, ensuite, en 2010, nommé membre de la Chambre des Conseillers, en remplacement de Taieb Sahbani.

La flagornerie de M. François Gouyette à l’endroit de « cheikh » Rached Ghannouchi ne nous surprend guère. Outre son philo-islamisme typiquement orientaliste, il représente un pays dont la politique, aussi bien en Tunisie qu’en Libye ou en Syrie, est aliénée sur la géopolitique américaine, qui est résolument pro-islamiste. Puisque l’islamisme est si attrayant et bénéfique, pourquoi donc le gouvernement français ne reconnaît-il pas un parti islamiste en France ? Après tout, le nombre des musulmans dans ce pays est exactement celui de la population libyenne, à savoir 6 millions d’habitants ! Ce serait une victoire pour la démocratie de voir une dizaine de sénateurs barbus au Sénat, et une vingtaine de députées voilées à l’Assemblée nationale !
 
La Libye est précisément le pays où François Gouyette était ambassadeur avant sa nomination à Tunis, le 24 août 2012. Il vient d’être entendu par des juges d’instruction au sujet de l’affaire de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par le colonel Kadhafi. Une affaire explosive, dont les principaux témoins libyens se sont réfugiés en Tunisie après la croisade coloniale contre leur pays. Parmi eux, le dernier Premier ministre du défunt Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi, que Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki ont livré aux nouveaux tortionnaires de Tripoli contre 35 millions de dollars. Pour un "cheikh" qui craint Allah et un adepte de la religion des droits de l'homme, ce fut une action très honorable!

Lilia Ben Rejeb