L’effet boomerang de l’islamo-terrorisme que la France soutient en Syrie


12 Juillet 2014

La France a-t-elle échappé, l’an dernier, à une vague d’attentats islamistes ? L’histoire d’Ali M. le démontre : l’Hexagone reste, en tout cas, pour les terroristes une cible privilégiée. Tour Eiffel, musée du Louvre, centrales nucléaires, Festival d’Avignon, bars, boîtes de nuit… dans des messages cryptés échangés avec un haut dignitaire d’Aqmi, ce jeune Algérien installé en France depuis cinq ans suggérait de viser un large éventail d’objectifs. C’est un article paru dans Le Parisien. Le titre est de la rédaction de TS.


La "racaille": de petits caïds de cités en grands chefs djihadistes en Syrie.
Serait-il passé à l’acte ? Son avocate, Me Daphné Pugliesi, décrit un jeune homme faible, victime d’un véritable endoctrinement. Les enquêteurs de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI), qui l’ont arrêté alors qu’il s’apprêtait à gagner un maquis du Sud algérien pour s’y entraîner, insistent sur son zèle. Depuis un an, Ali M. dort en prison. Dans le cadre de l’information judiciaire pour « association de malfaiteurs » ouverte à son encontre, ses explications sur ces messages sont particulièrement attendues.

Le cas d’Ali M. n’est pas isolé, prévient le juge Marc Trévidic. Si Aqmi reste, dans l’immédiat, la principale menace pour la France, d’autres dangers guettent. Syrie, Mali, Afghanistan, Yemen… En terre d’Islam, chaque zone de conflit donne naissance à de nouvelles filières de jihadistes qui, à leur retour en France, sont autant de terroristes en puissance. Les spécialistes du renseignement en témoignent : les sanglants succès d’Abou Bakr al-Baghdadi, qui vient de proclamer la création d’un califat à la frontière irako-syrienne, suscitent déjà de nouvelles vocations.

Alors que les Etats-Unis multiplient les mesures de sécurité dans les aéroports, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a choisi d’élargir l’arsenal juridique afin qu’il s ’ a d a p t e , a u mieux, à ces nouvelles menaces. Il propose, notamment, de renforcer la surveillance d’Internet, « principal lieu d’endoctrinement et de radicalisation des jeunes candidats au départ », selon un enquêteur de la DGSI. « Le discours des cyberjihadistes s’est nettement modernisé », témoigne l’un des enquêteurs. « La viralité de leurs messages, via les réseaux sociaux, s’est accrue », ajoute un fonctionnaire du ministère. La tâche s’annonce éminemment ardue…

Élisabeth Fleury et Adrien Cadorel, Le Parisien du 9 juillet 2014