Le calife Erdogan chez le Dey de Tunis


28 Décembre 2017

Considérant Béji Caïd Essebsi pour ce qu’il est et les Tunisiens pour ce qu’ils sont, le président sanguinaire et terroriste turc a osé brandir le salut symbolique des Frères musulmans au cœur même de la « souveraineté » tunisienne : le palais de Carthage.


Arrivé à Tunis pour s’enquérir des intérêts turcs au sein de la suzeraineté tunisoise et pour récolter les bénéfices de la dernière crise tuniso-émiratie, très largement galvanisée par les cybers-activistes islamistes, le calife néo-ottoman a osé humilier Béji Caïd Essebsi, ce mercredi 27 décembre 2017, sur le parvis de son palais beylical en faisant le salut initiatique que les Frères musulmans égyptiens ont inventé, en juillet 2013, à la suite de leur éradication par le Président Abdel-Fattah Al-Sissi.

Plusieurs autres humiliations ont émaillé le déplacement au pays de la « révolution du jasmin » de ce dictateur islamiste dont le masque est tombé depuis 2011, notamment dans ses relations stratégiques avec Israël, dans la guerre lâche et criminelle qu’il s’est livrée à la Syrie sous injonction américaine, et dans son soutien massif à l’entité qatarie. Plutôt que de se rendre au Bardo, siège de ce qui ne s'appelle plus Assemblée Nationale mais, à juste titre, Assemblée des représentants du peuple (ARP), car ces députés sont effectivement à l'image du peuple tunisien depuis 2011, Erdogan a convoqué certains "représentants du peuple" à Carthage, où il s’est installé au siège normalement réservé au président de l'ARP ! Autre humiliation, l’attitude de ses agents de sécurité, tout un contingent armé, qui n’avait aucun égard, pas même vis-à-vis des « officiels » tunisiens.

Lors de sa conférence de presse commune avec Béji Caïed Essebsi, le calife islamiste en a profité pour stigmatiser le président syrien Bachar Al Assad, le qualifiant « de terroriste et de criminel ». La réplique de Damas a été immédiate par un communiqué rendu public par l’agence de presse syrienne. La diplomatie syrienne a en effet renvoyé Erdogan à sa duplicité et à ses crimes terroristes contre le peuple syrien, le dictateur turc ayant été le principal soutien logistique, militaire et politique d'Al-Qaïda et de Daech en Syrie.

Le calife néo-ottoman pouvait se permettre toutes ses provocations et humiliations dans un pays qui a perdu sa Souveraineté et chez un peuple qui n’a plus de dignité depuis sa « révolution » de la dignité ! Il est loin le temps où un Habib Bourguiba pouvait infliger à l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique une leçon mémorable à la suite du bombardement de Hammam Chat par l’aviation israélienne. Il est loin le temps où un Zine El-Abidine Ben Ali pouvait éconduire un Lionel Jospin arrogant, ou congédier diplomatiquement une Condolleezza Rice venue demander son accord pour accueillir l’Africom.

Frère en secte du véritable gouvernant de la Tunisie, Rached Ghannouchi, Erdogan s’est cru et a agi en terrain conquis : la défunte Tunisie. Ce pays à partir duquel il avait organisé, avec la complicité de Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki, le transfert de près de 7000 islamo-terroristes vers la Syrie. Cette offense à l'égard du peuple tunisien nous rappelle une autre : celle infligé par cheikh Hamad du Qatar, venu en Tunisie pour "apprendre à votre président (Marzouki) comment se tenir et comment saluer".  

Le signe de la main prémédité par Erdogan n’était pas seulement une provocation à l’égard de l’Egypte dont il redoute les dirigeants et craint l’armée, mais un message clair et humiliant pour les tunisiens : vous êtes sous les bottes de vos Frères musulmans et vous le resterez aussi longtemps que les Turcs seront sous mes bottes.

Karim Zmerli