Le cocktail Molotov ou le nouveau poison de Ghannouchi est arrivé.


20 Mars 2013

Mahmoud Bedoui a eu l'amabilité de nous adresser cet article très instructif avec ce mot qui nous touche : " C'est une dame qui vous suit en France qui m'a orienté vers vous. Je viens de lire votre communiqué sur l'arrêt de publication de votre journal pendant un mois. Pour mon soutien à une presse libre, je vous envoie mon article ci-dessous.
Pour information sur mon cursus, un simple clic sur le Web vous donnera un aperçu. J'espère aussi continuer à vous proposer mes articles".


Au vu du résultat de l’élection du deuxième gouvernement de la Troïka à l’Assemblée Constitutionnelle, Ghannouchi a marqué une victoire sans bavure et l’opposition est plus nue que jamais. Le risque est réel pour que les wahhabites soient encore une fois les vainqueurs des prochaines élections législatives. Comment donc Ennahdha a tissé sa victoire ? Pourquoi Ghannouchi est revenu modéré ? Est-ce bien une victoire irréversible du wahhabisme ?

I ) LE DESESPOIR EST DE MISE.

Avec 139 voix pour et 84 voix se répartissant ainsi : 19 abstentions, 45 voix contre et 20 élus absents, le succès de Ali Laaridh est éclatant. Il est arrivé donc à avoir le soutien de 30 députés ne faisant pas partie de la Troïka. Les 20 députés absents sont dans leurs normes. Ils passent uniquement pour toucher leurs salaires faramineux et arnaquent tout le monde. Mais c’est de bonne guerre. Leur président est plus présent à l’étranger qu’à l’ANC et son adjointe s’est révélée d’après une interview parue dans le journal le Monde, totalement analphabète. Ils ne sont donc pas à une arnaque prés et démontre comment chez nous s’écrit la Constitution.

1°) Les fourberies de Ghannouchi le wahhabite :

Le plus frappant dans la tragédie tunisienne ce ne sont pas ses fourberies à répétition mais comment la classe politique se trouve à chaque fois des plus surprises. En effet, à chaque fois que Ghannouchi est dos au mur, il renie toutes ses anciennes déclarations des plus extrémistes et se montre plus doux qu’un agneau au moment même où ses lieutenants jouent aux sinistres pyromanes. Après un semblant d’accalmie, Ghannouchi renie totalement sa modération et le revoilà plus wahhabite que jamais.

Le même scénario est repris après le vote de confiance accordé au second gouvernement de la Troïka. Au lieu de crier victoire, Ghannouchi reprend son bâton de pèlerin promettant la démocratie, une constitution conforme aux objectifs de la Révolution, tous les droits pour la femme, la stabilité, la paix et le développement du pays. Ce discours mielleux et des plus perfides car à chaque mot, la signification diffère totalement des normes internationales et qui reprendront leur véritable signification wahhabite une fois l’alerte passée. Et cette fois-ci l’alerte a été des plus chaudes, voire mortelle.

En effet, il est plus que certain que Ennahdha est directement impliquée dans l’attaque du siège de l’UGTT le 5 décembre 2012 comme elle l’est dans l’ignoble assassinat de Chokri Belaïd, autrement comment expliquer pourquoi le ministère de l’Intérieur confie l’enquête non pas à la brigade de lutte contre le terrorisme mais à celle de la lutte contre le crime organisé ? Comment expliquer son sabotage par le ministre de l’Intérieur lui-même et les tentatives de détruire les indices du crime ou encore d’accuser sans preuves sérieuses les salafistes ? Ces graves erreurs sèment le doute chez les Tunisiens qui ne démordent pas et veulent connaitre toute la vérité. Et ce ne sont pas les menaces plutôt burlesques de Ghannouchi de porter plainte contre tous ceux qui accusent Ennahdha qui vont le dédouaner. Il aurait été plus intelligent de laisser l’enquête aboutir sans tentatives de sabotage. Ainsi donc s’explique comment par un coup de baguette magique Ghannouchi change totalement de position et promet monts et merveilles.

Avant cette victoire, le gourou a été un très fin stratège en piégeant ses deux alliés dits modernistes… pour l’étranger. Comme un paon, Mustapha Ben Jaafar parade en Occident et affiche le soutien total de ses amis de l’Internationale Socialiste et des parlements européens à qui il faudra bien un jour demander des comptes car complices directs dans l’actuelle tragédie tunisienne. Ben Jaafar semble oublié qu’il sera, de nouveau, accusé d’être vendu à l’Occident colonisateur et impie comme il l‘a été après avoir porté son soutien à la proposition de Jebali appelant à la constitution d’un gouvernement de technocrates. Quant à Moncef Marzouki, comme à son habitude, il complote et se croit chef d’orchestre du nouveau gouvernement de l’échec en imposant les trois ministres les plus incompétents de l’ancien gouvernement. Il obtient surtout le ministère du commerce offert à celui-là même que Mohamed Abbou, le président du parti CPR signale comme ayant été impliqué dans des affaires de malversations. Bonne tactique pour renflouer les caisses du parti et mieux préparer les prochaines élections. Il oublie que cela a permis à Ghannouchi de garder les deux ministères-clé sous sa coupe, à savoir celui des Affaires religieuses, de l’Enseignement Supérieur et obtenir même celui de l’Education, Le plan général du tacticien a réussi parfaitement en vue de mieux imposer le wahhabisme au pays.

Juste après le vote, la pilule s’est révélée des plus amères pour les deux alliés. En effet, les ennemis jurés de la Troïka, les fameux RCDistes de Ben Ali votent pour le gouvernement des islamistes. La surprise est encore plus douloureuse pour tous les alliés de Ennahdha qui ne cessaient d’appeler à poursuivre les résidus de l’ancien pouvoir et de sauvegarder leur triste révolution. Ghannouchi les prend entre ses bras et leur accorde son pardon et va même leur accorder le droit de constituer un large front surtout que le CPR et Ettakatul sont devenus deux partis morts et enterrés. En fait, c’est le plan de Hamed Karoui, ennemi juré de Caïd Essebsi qui voulait casser le front des RCDistes et destouriens tenté de rejoindre ce dernier. Quant aux élus qui se prétendent indépendants, ils n’ont fait que jouer à ce qu’on appelle les prostitués de la politique qui se vendent toujours aux plus offrants. C’est la goutte qui fait déborder le vase ou crever la coquille déjà vidée des deux partis frères, à savoir le CPR et Ettakatul. Voilà pourquoi Ghannouchi est certain que ce scénario est le meilleur pour les prochaines élections législatives et présidentielles.

2°) Les errements de Hamma Hammami et son front populaire :

Contrairement à Ghannouchi qui a réussi à rassembler le front le plus large pour écraser les démocrates et les modernistes en piégeant toute la classe politique, Hamma Hammami se veut le pur et dur révolutionnaire capable de vaincre ces sinistres libéraux islamistes ou laïcs car traitres aux aspirations populaires. C’est en quelque sorte le Mélenchon de la Tunisie. Grisé par l’incroyable ferveur des Tunisiens à Chokri Belaïd et à sa famille, il persiste et signe sa suicidaire stratégie en refusant les appels pour un véritable front de tous les démocrates afin de vaincre le wahhabite, mais continue à s’allier …aux baathistes et aux nationalistes arabes. Hamma Hammami se trompe lourdement. En effet, la mobilisation par centaines de milliers, voire par millions de Tunisiens pour la cause de Chokri Belaïd, de sa famille et de son parti ne signifie nullement qu’ils sont acquis aux thèses du Front Populaire version Hamma Hammami et alliés. Ils exigent la vérité et la fin de la violence et du crime organisé. Ils viennent de tous les bords politiques et des classes populaires mais qui font et feront la grande distinction entre l’injustice et l’engagement politique. Ce sont des révolutionnaires tunisiens pour une Tunisie unie, apaisée et patriotique contre la nébuleuse wahhabite et l‘immense majorité d‘entre eux sont très loin du marxisme. Un véritable front populaire c’est celui qui rassemble démocrates bourgeois, centristes, socialistes, marxistes et révolutionnaires d’extrême gauche. Hammami n’est pas encore capable de comprendre ni cela ni les aspirations réelles du peuple. Pourtant Chokri Belaïd l’a compris juste à la veille de son assassinat. Sa veuve semble aussi dans la voie de son mari et appelle à l’unité de tous. Osons donc croire que Hamma Hamammi finira par retrouver sa raison et sa lucidité autrement il sera le fossoyeur de la véritable révolution tunisienne que le peuple attend depuis plus d’un demi siècle.

II ) L’ESPOIR EST POURTANT DE MISE.

Les analyses qui pleuvent de partout suite à la victoire du vote en faveur du gouvernement de Troïka II soulignent comment l’opposition s’est, une fois de plus, fourvoyée et soulignent la grande trahison des partis et des indépendants ayant accordé leurs voix aux islamistes et permis à Ghannouchi de sortir victorieux se basent en fait sur de fausses données. En effet, ils oublient l’essentiel. A savoir que la composition actuelle de l’ANC ne reflète nullement la réalité sur le terrain. Les trois partis de la troïka nés des dernières élections du 23 octobre 2011 ont perdu une très grande partie de leurs sympathisants estimée selon les sondages entre 30 à 50% et certainement la disparition réelle de ces partis satellites alliés des islamistes souvent financés par l’argent des pays wahhabites et des organisations lancées par les Américains afin de servir de roues de secours à Ennahdha. Disparition certaine aussi de ces partis et élus dits indépendants qui se sont révélés de véritables traitres à la révolution et des vendus aux plus offrants.

Voilà pourquoi L’ESPOIR EST DE MISE et l‘actuelle victoire de la Troïka est en fait bien éphémère. Ghannouchi le sait. Le Qatar, les Américains, curieusement bien silencieux depuis l’attaque de leur ambassade et préfèrent regarder ailleurs car cela risque de fausser tous leurs calculs d’imposer l’islamisme dans les pays arabes en révolte, le savent aussi. Mission a été donnée à Hamed Karoui pour bâtir l’union entre Ennahdha et les RCDistes quitte à tordre la demande de poursuivre les anciens tortionnaires du pays. Ce sera une réelle alliance entre la mafia de Ben Ali et celle de Ghannouchi. Mais notre avenir ne peut pas se baser sur cet espoir uniquement car il y a réelle menace quitte à lancer les jihadistes, les salafistes et les miliciens pour imposer Ennahdha et enterrer le pays. Notre avenir est à mettre en place dès maintenant, c’est pourquoi il est plus que vital qu’un réel front populaire soit rapidement mis en place afin de gagner les prochaines élections législatives. La balle est encore une fois entre les mains de Hamma Hammami et des aspirants démocrates de cette imbécile Alliance Démocratique dont la majorité sera encore une fois acquise à Ghannouchi qui jouera son populisme et offrira ses fausses promesses financés par les milliards de dollars des wahhabites. Un peuple affamé se vend souvent à ses pires ennemis. Nous avons déjà vu cela le 23 octobre 2011.Tunisie-Secret.com


Mahmoud Bedoui, ingénieur et écrivain.