Les déboires de la Grèce et les risques pour la Tunisie, par Taoufik Baccar


7 Juillet 2015

Comme nous l’avons toujours dit depuis 2011, en 2010, l’économie tunisienne se portait nettement mieux que l’économie grecque, espagnole, portugaise et même du sud de l’Italie. Au même moment, les désinformateurs et les propagandistes de la pseudo « révolution du jasmin » disaient que le « miracle économique» tunisien n’était qu’un mensonge. Maintenant que le pays est en faillite économique et que le peuple cri déjà famine, on peut mesurer l’ampleur de la fracture sociale et économique et la différence entre hier et aujourd’hui. Taoufik Baccar, ancien Gouverneur de la Banque Centrale esquisse ici une analyse comparative entre la Grèce et la Tunisie.


Taoufik Baccar, ancien ministre et ancien Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie. Une haute compétence poursuivie en justice dans des affaires montées de toutes pièces et interdit de voyage, comme beaucoup d'autres hauts commis de l'Etat.
Lorsque la Tunisie a fait appel au FMI en 1987, la Grèce était encore considérée comme un pays dont la position extérieure était solide. En juillet 2010 le FMI a exclu la Grèce de la catégorie des pays a balance de paiement solide, des pays auxquels le FMI peut faire appel pour participer à des financements de programmes au profit d'autres pays. Pour remplacer ce pays par la Tunisie, quelques mois après, le FMI a demandé à la BCT de participer au financement d'un prêt que cette institution allait accorder à l'Ukraine.

Tout cela pour dire qu'en économie rien n'est définitivement acquis, et que si la Tunisie ne fait pas attention au dérapage de ses équilibres surtout extérieures, cela peut mener rapidement à des situations proches du cas grec.

En fait n'était la maîtrise des équilibres en 2010 avec une dette extérieure ne dépassant pas 37%du PNB , une dette publique de 40% du PIB, un déficit budgétaire de 1%du PIB, des réserves en devises de 13 milliards de dinars soit l'équivalent de 5 mois d'importation et en plus des disponibilités financières de 5.8 milliards de dinars à la disposition du Budget…, n'était tout cela, la Tunisie aurait pu être dans une situation encore plus grave qu'elle ne l'est aujourd'hui.

L'augmentation de la dette publique de plus de 40% en quatre ans, le triplement depuis 2010 du niveau du déficit budgétaire et le doublement du déficit courant de la balance des paiements, ont mis le pays dans une situation critique et a entame sérieusement la crédibilité financière de la Tunisie.

Tout cela pour dire aussi qu'en économie rien n'est définitivement acquis, et que tout se paie en fin de compte, et que le populisme et les discours creux sont contreproductifs et ne peuvent en rien changer la réalité des choses.

Il n'y a que le travail, le professionnalisme et la compétence qui peuvent sauver ce pays des risques qui pointent à l'horizon et dont on a aujourd'hui un triste exemple, à savoir celui de la Grèce.

Taoufik Baccar, sur sa Page Facebook, le 6 juillet 2015. Le titre est de la rédaction. Taoufik Baccar est un ancien ministre et ancien Gouverneur de la Banque Centrale. Il est considéré comme étant l’un des meilleurs économistes d’Afrique et du monde arabe. Depuis 4 ans, il est interdit de voyage et poursuivi dans des affaires montées de toutes pièces par la canaille pseudo-révolutionnaire.