Les feux du printemps, par Mohamed Amine Slama


3 Juin 2016

C’est le titre d’un livre qui vient de sortir aux Etats-Unis au sujet du printemps dit arabe. Son auteure, inconnue jusqu’alors, est Shelly Culbertson, qui travaille pour le think tank américain RAND Corporation. Objectif de cet livre : perpétuer le mythe d’un printemps arabe vraiment très « spontané », « libérateur » et bénéfiques pour les Arabes !


Bien mieux que cent livres, cette image exprime les objectifs du printemps arabe et résume ses conséquences.
D’abord, situons l’auteure de ce livre de propagande américaine. Elle s’appelle Shelly Culbertson et elle travaille pour la RAND Corporation, un think tank américain qui a été fondé en 1945 par l'US Air Force et la Douglas Aircraft Company, et qui est en réalité la vitrine « académique » du complexe militaro-industriel mafieux américain, qui compte parmi ses membres le criminel de guerre Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice et Lewis Libby, qui fut le premier conseiller de Dick Cheney et le principal planificateur de l’invasion et de la destruction de l’Irak en 2003.

Dans son livre intitulé « The Fires of Spring », Shelly Culbertson estime que le printemps arabe ne fait que commencer. Pour elle, la contestation et la chute des régimes arabes en 2011 n’était qu’une première étape dans un processus qui va durer plusieurs années. La prochaine étape de ce processus, qui prendra des décennies, consistera à bâtir de nouvelles sociétés, de nouvelles cultures, de nouveaux régimes démocratiques pour « le bien des peuples arabes ».  
      
Shelly culbertson ne connaissait le monde arabe que par ouï-dire. Comme beaucoup d’autres notamment en France, elle en est devenue « spécialiste » en 2011, à la suite de quelques séjours en Irak, en Tunisie, en Egypte, en Turquie, en Jordanie et au Qatar. Printologue confirmée, Shelly Culbertson a réalisé son livre à partir d’interviews, de reportages et d’analyses de médias locaux. Dans son chapitre consacré à la Tunisie, elle a reproduit les témoignages de deux acteurs de la nouvelle constitution : l’islamiste Meherzia Labidi et le « démocrate » Fadhel Moussa.

Selon Culbertson, « Les éclairages fournis par Moussa et Labidi, et leurs analyses ont été fort utiles » pour rendre compte de « ce document historique qui illustre les équilibres réalisés et les compromis accomplis sur des questions très difficiles mettant en balance des valeurs parfois différentes ». Le document « historique » en question est bien évidemment la constitution dont l’auteure ne cite pas le nom de l’inspirateur et même le corédacteur (voir lien TS ci-dessous), à savoir son compatriote Noah Feldman, qui a été également chargé par son pays de rédiger la constitution irakienne après la destruction de ce pays.  
 
Dans son livre de propagande, Shelly Culbertson n’évoque évidemment pas le rôle clef que l’OPEN SOCIETY, FREEDOM HOUSE, OTPOR-CANVAS, toutes des vitrines « humanitaires » et « académiques » de la CIA, ont joué dans l’allumage de ce feu du « printemps arabe ». Témoins oculaire et même acteur du tout premier mouvement cyber-activiste en Tunisie, je peux témoigner et affirmer que plusieurs de mes ex-camarades masculins et féminins ont reçu de l’argent, du matériel et des « guides du bon révolutionnaire » pour foutre le feu dans mon pays et contribuer par la suite à sa propagation en Libye, en Syrie et en Egypte. Même si cette vérité est devenue un secret de polichinelle, mes ex-camarades qu’un philosophe tunisien a appelé les « cybers-collabos » continuent à se taire et à nier l’évidence. Les uns par lâcheté, les autres par culpabilité et la majorité par intérêts, puisque certains sont devenus « journalistes » et d’autres des affairistes bien ingénieux !

Shelly Culbertson n’évoque pas non plus les revers que son « printemps arabe » a subi en Algérie, le pays où l’étincelle n’a pas pris, en Egypte, où le vaillant général Abdel-Fattah Al-Sissi, en parfaite osmose avec son peuple, a repoussé la conspiration des Frères musulmans, et en Syrie où l’armée arabe résiste jusqu’à ce jour à l’invasion des terroristes barbares qui sont venu des quatre coins du globe pour détruire l’une des plus anciennes civilisations du monde.

Malgré cet échec cuisant, l’analyste de la Rand Corporation dresse un tableau reluisant d’un « printemps arabe » paradisiaque qui, selon des estimations de l’Arab Strategy Forum (ASF), a couté jusqu’à présent aux pays touchés 833,7 milliards de dollars, 1,34 millions de victimes (morts et blessés graves), et 14,389 millions de réfugiés. Le printemps américain a été, en effet, une très bonne chose pour les peuples arabes !

Mohamed-Amine Slama, cyber-patriote tunisien réfugié en France.   

Archives de Tunisie-Secret:         
        
http://www.tunisie-secret.com/Explosif-Noah-Feldman-est-le-pere-spirituel-de-la-constitution-tunisienne_a781.html

Couverture du livre de Shelly Culbertson.