M.Béji Caïd Essebsi, vous êtes de la race des serviteurs, par Mohsen Toumi


2 Aout 2016

Homme de gauche, opposant historique, plusieurs années exilé en France à l’époque de Bourguiba avant de rallier Ben Ali dès 1987, Mohsen Toumi est à la fois penseur et acteur politique, double qualité rarement conciliable chez les Tunisiens. Après avoir cru à la fameuse « révolution du jasmin », il s’est rapidement ravisé en concentrant ses attaques sur les islamistes et en épargnant ses camarades gauchistes, notamment ceux de l’UGTT, qui ne sont pas moins coupables dans la ruine et l’asservissement de la Tunisie. Il s’en prend ici au Bey de la Suzeraineté, Béji Caïd Essebsi, qui s’apprête à imposer un membre de sa famille à la tête du gouvernement, en remplacement de M.Habib Essid que Kamel Eltaïef a nommé puis trahi…comme d’habitude !


Mohsen Toumi
Mr Béji Caïd Essebssi est incapable de voir plus loin que sa famille et ses parents par alliance. Il propose ou veut proposer comme premier ministre M. Youssef Chahed. Un cousin de son gendre. Je ne connais pas cet homme et n’en pense ni du bien ni du mal. Mais cette vision indécrottable de BCE qui consiste à réduire la Tunisie à son entourage familial déborde le champ du politique. Elle relève désormais de la neurologie et de la psychiatrie. M. Essebssi vous êtes un obsessionnel sinusoïdal.

Nous vous avions, pourtant, proposé une autre solution, utile et qui vous aurait rendu un peu de panache. Nous vous demandions d’anticiper une bonne retraite qui vous permettra d'alphabétiser votre fils. Prenez une décision personnelle en faisant fi des pressions de Ghannouchi, de Bouchammaoui et des taulards qui vous entourent ainsi que des hypocrisies de l’étranger. Voilà ce que vous pourrez faire et votre image y gagnerait.

Le gouvernent Essid a été renversé par le parlement. Mais la personne de M. Essid ne peut être récusée que par le président de la république, vous-même, au cas où vous l’auriez oublié. M. El Béji Caïd Essebssi, la constitution vous permet de demander à M. Essid, s'il l'accepte, de composer un nouveau gouvernement.

Certes, il n'aura pas les mains libres mais il pourra, au moins, choisir des ministres réellement compétents, expérimentes et, faute de mieux, les moins corrompus, ainsi que des personnes qui n'ont pas reçu des gifles électorales lors des présidentielles de 2014 (ou qui y ont renoncé, comme des pleutres). Pour une fois, conduisez vous en tunisien qui pense à la Tunisie ...Chargez M. Habib Essid de former un nouveau gouvernement. C'est votre droit et votre devoir. Après, vous pourrez vous reposer.

Cependant, vous n’avez jamais été un décideur. Vous êtes de la « race » des serviteurs qui ignorent qu’ils ne sont que cela. Bien que vous ayez été ministre, ambassadeur, vous n’avez jamais tenu entre les mains le nerf de la politique créatrice .Nous voulions vous l’enseigner. Vous êtes resté sourd, vous aviez peur d’affronter un domaine inconnu ou, tout simplement, vous n’aviez rien compris.

Votre dernier communiqué officiel promettait de répondre à propos de cette insanité qu'est votre rejeton. La meilleure réponse est que vous quittiez immédiatement Carthage en démissionnant. Vous n'êtes plus digne de vous y trouver, vous en avez fait un zoo avec votre dégénéré de fils comme pensionnaire. Dans n'importe quel autre pays, le fait d'installer cet animal derrière le bureau présidentiel, et de filmer cette indécence, ce que vous avez osé faire, aurait déclenché une initiative parlementaire exigeant votre destitution pour népotisme ou folie.

En l’absence de députés dignes et vigilants, comme en Tunisie, une grande initiative populaire pourra vous chasser de Carthage. Ne comptez alors sur aucune force officielle pour vous défendre. Rappelez-vous vos discours électoraux de 2014 : « Aucun membre de ma famille ne sera mêlé aux affaires de l'Etat et ne sera à Carthage ». Pour les civils, les policiers, et les militaires vous êtes un menteur.
Si, par miracle, vous retrouvez un peu de lucidité, démissionnez. Sinon nous allons « Vous démissionner » et nous le pouvons.

Mohsen Toumi, écrivain et penseur politique tunisien. Cofondateur du MUP avec Ahmed Ben Salah, il est l’auteur de plusieurs essais, dont « La Tunisie pouvoirs et luttes », éditions Le Sycomore, Paris, 1978, « Le Maghreb », édition PUF, 1988, et « La Tunisie de Bourguiba à Ben Ali », édition PUF, Paris, 1989.