Mondher Zenaïdi : Accueil triomphal qui augure d’un destin national (vidéo)


14 Septembre 2014

Comme nous l’avons imaginé, Mondher Zenaïdi a été accueilli par des centaines de Tunisiens, et non pas des dizaines comme l’a titré BusinessNews. Notre correspondant permanent à Tunis parle de plus de 2500 personnes à l’intérieur de l’aéroport de Tunis-Carthage et à l’extérieur. Un accueil spontané et sincère qui constitue déjà un test grandeur nature pour le futur candidat aux présidentielles et un choc pour ses adversaires politiques.


Une foule spontanée accueillant Mondher Zénaïdi à sa sortie de l'aéroport de Tunis-Carthage, le 14 septembre 2014.
En fin de matinée, j’ai compté quelques centaines de personnes venues, en bus et en trains, des quatre coins du pays. Des gens modestes, des gens du peuple, comme disent certains bourgeois de Tunis. J’ai posé la question à deux personnes, un vieux de 70 ans, et un jeune, à peine la trentaine. Pour Boubakeur Khammassi, arrivé de Jendouba en louage avec ces deux fils, Mondher Zenaïdi est d’abord un philanthrope : « Je n’ai jamais oublié ce qu’il a fait pour ma famille en 1998, alors que le gouverneur et le délégué régional nous ont méprisé et délaissé. Je ne pensais pas qu’un ministre me recevrait. Il l’a fait, et un mois plus tard, mes deux fils que vous voyez là, ont obtenu un travail pour nourrir leurs familles… » (c’est nous qui traduisons). En 1998, Mondher Zenaïdi était ministre du Commerce.

Pour Mehdi Besbes, à peine la trentaine, arrivé en voiture avec ses amis du quartier chic d’Ennasr, Mondher Zenaïdi est un personnage politique découvert sur facebook. « Mon oncle (ancien médecin à la Rabta)m’a beaucoup parlé de lui, de sa compétence, de sa modestie et de sa bonté lorsqu’il était ministre », ajoute ce jeune qui s’est levé très tôt pour aller chercher en voiture ses amis de condition sociale plus modeste. « Nous en avons assez de ces incompétents et menteurs, la Tunisie a besoin d’un homme comme Zenaïdi, qui a de l’expérience et qui est un enfant du peuple », ajoute l’un d’eux. « C’est nous qui avons fait la révolution et nous avons été trahi. C’est l’heure de notre revanche », enchaine Mehdi Besbes.

A l’aéroport, il n’y avait pas que ces Tunisiens anonymes. Aux environs de 13h, nous avons vu passer Kamel Morjane, Abdallah Kallel et Samir Labidi. Beaucoup d’autres visages connus de l’ancien régime et du monde de la presse étaient présent à l’aéroport. Il y avait aussi plusieurs hauts commis de l'Etat, des directeurs et fonctionnaires d'anciens ministères qui ont été dirigés par Mondher Zenaïdi depuis la fin de l'ère bourguibienne. Un confrère dont on ne citera pas le nom a lâché, « On dirait que c’est Ben Ali qui revient » !!!

Dès la sortie de Mondher Zenaïdi, des centaines de personnes ont chanté l’hymne national en agitant le drapeau tunisien. Scène très émouvante. Parmi les slogans scandé en arabe, « Zenaïdi est notre président », « Bienvenu au ministre du peuple » et « Mondher le généreux, tu es le père du pauvre et de l’orphelin ». De l'aéroport de Tunis-Carthage, Mondher Zenaïdi s'est directement rendu au cimetière de Tunis, Al-Jallaz, pour se recueillir sur la tombe de son père, décédé le 20 février 2014 et à l'enterrement duquel il n'a pas pu assister. Abdellaziz Zenaïdi, premier ingénieur centralien tunisien, a été un grand bâtisseur de la Tunisie post-coloniale.   

En termes de nombre et de spontanéité, l’accueil qui a été réservé à Mondher Zenaïdi est plus impressionnant que celui qui été réservé à Rached Ghannouchi, le 30 janvier 2011, ce qui ne manquera pas d’aiguiser les couteaux des islamistes et des céperistes dont le guide et mercenaire du Qatar, Moncef Marzouki a été accueilli à coups de poing sur la tête, en janvier 2011, à la Casbah ! La réaction cépero-islamiste était prévisible et la campagne anti-Zénaïdi a déjà démarrée bien avant son retour « présidentiel » à Tunis. Mais elle n’aura pas d’incidence ni d’impact réel, tant et si bien que la majorité des Tunisiens est revenue de son euphorie révolutionnaire qui a ramené leur pays plusieurs années en arrières et sur tous les plans.
 
En revanche, la question politique centrale et décisive est de savoir si cet accueil triomphal sera analysé à sa juste valeur par la famille destourienne élargie à la société civile, à une certaine gauche patriotique et à des composantes essentielles de l’UGTT et de l’UTICA. La famille destourienne, qui est toujours éparpillée et tiraillée entre différents courants ou plutôt personnes, attendait depuis un bon moment le leader charismatique pouvant opérer son unité et incarner ses aspirations patriotiques. L’a-t-elle finalement trouvé en la personne de Mondher Zenaïdi ?

C’est aux différentes personnalités qui la représentent de répondre en faisant preuve de realpolitik et surtout de sens patriotique. Il y va des intérêts supérieurs de la Tunisie et de l’avenir de son peuple. Hamed Karoui, Abderrahim Zouari, Kamel Morjane, Mustapha Kamel Nabli, Mohamed Ayachi Ajroudi, Mohamed Jegham, Taïeb Baccouche… et même Béji Caïd Essebsi, doivent pouvoir s’entendre, dans l’intérêt bien compris de la Tunisie.

N.D, correspondance spéciale de Tunis        
 

Une foule spontanée accueillant Mondher Zénaïdi à sa sortie de l'aéroport de Tunis-Carthage, le 14 septembre 2014.