Olfa Youssef met le doigt là où ça fait mal


9 Février 2016

C’est la question du binationalisme que l’universitaire tunisienne pointe du doigt. Pour faire de la politique, les binationaux doivent choisir entre leur patrie d’origine et leur pays d’adoption. Difficile à envisager au pays de la « révolution du jasmin », dont les meneurs sur facebook ont été à 80% des Beurs et des étrangers !


Olfa Youssef, universitaire tunisienne et auteure de plusieurs essais d'islamologie et de linguistique.
Dans une interview accordée au quotidien Le Temps le 7 février 2016, l’historienne et auteure tunisienne Olfa Youssef a, pour la première fois, posé le problème du binationalisme, c’est-à-dire celui de la double allégeance. Le sujet est tellement névralgique que plusieurs ministres depuis le coup d’Etat de janvier 2011 étaient des binationaux et que 73% des « élus » de l’Assemblée Constituante (ANC) qui ont approuvé la Constitution de Noah Feldman portaient les nationalités britannique, française, belge, allemande et américaine.
            
Ancienne directrice de la Bibliothèque Nationale de Tunisie (2009-2011) et auteure de plusieurs essais d’islamologie et de linguistique, Olfa Youssef a posé la question qui dérange : « quel est le conflit d’intérêt qui se pose à un binational quand il exerce la politique dans son pays d’origine? Je ne crois pas que cela soit du pur hasard que la plupart de ceux qui ont pris le pouvoir après le 14 soient des binationaux ? »

Sachant que la question n‘est pas politiquement correcte à la colonie des beurs et des beurettes, Olfa Youssef a ajouté : « Je suis contre le fait que les binationaux exercent la politique dans leur pays d’origine. Je crois que le problème du binationalisme doit-être posé au niveau mondial. Je sais que je vais m’attirer les foudres des binationaux, mais la question, pour moi » essentielle.

Olfa Youssef a approuvé dans la même interview le projet de réforme constitutionnelle en Algérie, portant précisément sur l’interdiction à ceux qui ont la double nationalité d’occuper des postes au sein de l’Etat. Tout le contraire de la république bananière tunisienne où, sous le prétexte fallacieux de la compétence, la plupart des ministres qui se sont relayés depuis 2011 étaient des binationaux.

Pour ne citer que les plus connus : Mehdi Jomaa, Mehdi Houas, Yassine Brahim, Elyès Jouini, Amel Karboul, Kamel Jendoubi, Lotfi Zitoune, Hédi Ben Abbès, Slim Ben Hamidane, Sihem Badi…sans oublier Meherzia Labidi, alias la Harza, qui était la vice-présidente de l’Assemblée Constituante, ou Mabrouka M’Barek, alias Papam, qui était « élue » de l’ANC, ensuite conseillère très spéciale du tuniso-marocain Moncef Marzouki !

Avoir la double nationalité n’est pas une tare en soi. Le cas du bon patriote Saïd Aïdi, l’actuel ministre de la Santé, est à cet égard bien significatif. Contrairement à beaucoup d’autres qui sont revenus à leur business en France, après un séjour politico-touristique en Tunisie, Saïd Aïdi a préféré rester en Tunisie en renonçant à une carrière professionnelle et financière bien meilleure en France.
     
C’est plutôt la double allégeance qui pose problème et qu’il faudrait résoudre lorsque la Tunisie recouvrira sa Souveraineté et que le peuple retrouvera sa dignité !

Lilia Ben Rejeb