Qui veut la chute du ministre de l’Intérieur tunisien ?


3 Février 2018

Lotfi Brahem est depuis quelques semaines la cible des islamistes, de leurs alliés « naturels » les gauchistes, et de leurs agents structurels, les marzoukistes. Raison affichée et mensongère de la campagne qui le vise : le « manquement » aux droits de l’homme et les « atteintes » à la liberté d’expression. Raisons occultées : les résultats obtenus dans le combat contre le terrorisme, sa stratégie de lutte contre le grand banditisme, et sa détermination de faire des réseaux sociaux un espace de liberté et de démocratie responsable et non pas un lieu d’anarchie, de calomnie, d’incivisme, d’impunité et même d’activisme djihadiste.


Lotfi Brahem, ministre de l’Intérieur.
Pour couronner la campagne qui vise, depuis quelques semaines, Lotfi Brahem, et dans le but de le faire tomber, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJ) a organisé ce samedi 3 février sa « Journée de colère », en protestation contre la multiplication supposée des attaques menées par les syndicats de la police contre le secteur de l’information et les restrictions imaginaires à l’encontre de la presse tunisienne. Une journée qui n’a pas mobilisé grand monde mais qui a été très largement médiatisée par la chaîne de propagande islamo-djihadiste, Al-Jazeera.

Les démangeaisons anarchistes de Néji Bghouri
 
Selon le président du SNJ, Néji Bghouri, « ces attaques représentent une véritable menace pour la liberté de l’information qui représente l’un des acquis post-révolution…Il ne peut plus y avoir retour à l’Etat policier » ! Dans son discours enflammée et pseudo-révolutionnaire, Néji Bghouri a affirmé que « Le peuple tunisien est aujourd’hui le seul dans la région qui manifeste et exprime son opinion librement et sans crainte. Toutefois, cette liberté est désormais menacée, face aux promesses du ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem de poursuivre en justice toute personne critiquant son département, en procédant à des écoutes téléphoniques et en autorisant la torture des journalistes ». Torture des journalistes !

Par-delà la personne de Lotfi Brahem, le seul ministre de l’Intérieur depuis 2011 à lutter concrètement, pas seulement contre le terrorisme islamiste mais aussi contre l’anarchie et la criminalité quotidienne que les Tunisiens subissent depuis janvier 2011, les attaques de Néji Bghouri et ses commanditaires locaux et étrangers visent en réalité le chef du gouvernement Youssef Chahed, voire même le président de la République. Selon ce cavalier blanc de la liberté d’expression, Béji Caïd Essebsi serait un ennemi de la presse, en raison de ses accusations « contre les journalistes et plus particulièrement contre les correspondants de la presse étrangère ». Il est vrai que depuis janvier 2011, le SNJ est devenu une antenne de Reporters sans frontières (RSF) dont le co-fondateur et ex secrétaire général perpétuel (1985-2008), Robert Ménard, est passé de la gauche à l’extrême droite, avec une escale utilitariste à Doha, au service de cheikha Mozza !

Qui est Lotfi Brahem ?

Haute compétence du ministère de l’Intérieur et plus exactement de la Garde nationale, Lotfi Brahem est doublement diplômé de la faculté de droit et de l’Académie militaire, outre ses stages effectués au sein des plus prestigieuses institutions sécuritaires occidentales. Après avoir dirigé de nombreux districts de la Garde nationale dans l’ensemble du territoire tunisien, jusqu’à devenir commandant en chef de la Garde nationale, le colonel-major Lotfi Brahem a été nommé ministre de l’Intérieur à la suite d’un remaniement ministériel en septembre 2017.

Son arrivée à la tête de ce ministère partiellement phagocyté par la police parallèle des Frères musulmans locaux (Ennahdha) n’a pas été rassurante pour Rached Ghannouchi et sa mafia, d’autant plus qu’il succédait à l’un des leurs, Hédi Majdoub. Solide allié de Youssef Chahed dans la « guerre » contre la corruption et le terrorisme, ce colonel major a été accusé, notamment par le député islamiste et pro-qatari Imed Daïmi, d’avoir manœuvré pour « pousser le ministre de l’Intérieur à la démission et le remplacer de pied levé ».

C’est la raison pour laquelle les dirigeants de la secte des Frères musulmans ont considéré que la nomination de Lotfi Brahem les visait particulièrement, d’autant plus que le mouvement Ennahdha a fait part de son soutien à Hédi Majdoub en appelant publiquement à son maintien. Certains avaient même parlé d’un « coup d’état » dirigé contre eux, faisant allusion aux déclarations de Béji CaÏd Essebsi, rendues publiques le 6 septembre 2017, dans lesquelles ils ont cru déceler que le remaniement en question sonnait la fin du sacro-saint tawafek (consensus) entre Ennahdha et Nidaa.

La détermination républicaine du ministre de l’Intérieur

Lors de la séance d’audition à l’ARP, le 29 janvier dernier, Lotfi Brahem a annoncé que parmi 1226 individus appréhendés, près de 40 takfiristes ont été arrêté en raison de leur implication dans le pillage lors des dernières manifestations nocturnes encouragées par Hamma Hammami, Moncef Marzouki et discrètement par Rached Ghannouchi. Ces criminels ont avoué avoir reçu « des instructions de la part des dirigeants de Daech et d’Al Qaïda pour profiter des grabuges afin de permettre à des terroristes de s’infiltrer dans les montagnes ». Première cause de la campagne qui le vise aujourd’hui pour le déstabiliser.

Toujours devant l’ARP, Lotfi Brahem a annoncé que des poursuites seront lancées contre « tout blogueur qui mettrait en doute l’institution sécuritaire, en attentant au moral des forces de sécurité afin de susciter la polémique… il est important que chacun assume ses responsabilités dans ses déclarations et actes », en ajoutant que seule la justice tranchera en cas d’atteinte à l’institution sécuritaire. Le ministre de l'Intérieur faisait probablement allusion notamment au cas de Maher Zid ! Les déclarations responsables et patriotiques de Lotfi Brahem, déclarations que certains mercenaires veulent faire passer pour des atteintes à la liberté d’expression, sont la seconde cause de la campagne qui le cible aujourd’hui.

Le bilan actuel du ministère de l’Intérieur

Lors de cette séance d’audition au sein de l’ARP, Lotfi Brahem a souligné que l’année 2017 est considérée « stable sur le plan sécuritaire grâce à la stratégie préventive adoptée par son ministère  et aux efforts déployés par les forces de l’ordre pour démanteler les cellules dormantes ». Il a indiqué que 1 05.881 campagnes sécuritaires ont été lancées et ont mené à l’arrestation de 10.415 personnes pour atteinte à la sécurité générale, de 6814 personnes actes de violence et de vandalisme, et de 5748 personnes pour consommation et trafic de stupéfiants. Il a également ajouté que durant la période considérée,  795 personnes étaient placées en garde à vue, dont  36% des interpellés étaient des mineurs dont l’âge varie entre 15 et 20 ans, et que 46% des interpellés avaient entre 21 et 30 ans. Quant aux interrogatoires, ils ont eu lieu en présence des parents.

La priorité absolue aujourd’hui est la lutte contre le terrorisme, a affirmé Lotfi Brahem, en soulignant que « les unités de la Garde nationale et ceux de la sûreté nationale ont arrêté 7 terroristes et en ont tué 7 autres », et en précisant que ces terroristes sont « membres de Katibet Okba Ibn Nafaâ et du réseau Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) ». Il a également rappelé que quatre cellules dormantes ont été démantelées avec saisie d’armes en leur possession. Mais Lotfi Brahem n'a pas évoqué le cas de Maher Zid, et pour cause! Ce dangereux salafiste qui se fait passer pour un "blogueur démocrate" est en fait un redoutable élément cyber-terroriste, qui appartenait au groupe Kamel Zarrouk de Djebel Lahmar, affilié au réseau de Daech. Arrêté il y a peu pour son implication dans la disparition mystérieuse, entre le tribunal de Medenine et celui de Tunis, de l'ordinateur d'Ahmed Rouissi (alias Abou Zakaria), lui-même impliqué dans l'assassinat de Chokri Belaïd, il a été relâché par un juge aux ordres de Noureddine Bhiri.   

Ce bilan est évidemment positif aux yeux de la majorité des Tunisiens qui n’en peuvent plus de l’incivisme, de la criminalité, des braquages, des vols et du terrorisme virtuel (sur les réseaux sociaux) et réel (sur nos frontières libyennes et algériennes). Mais il dérange la secte des Frères musulmans et ses alliés objectifs au sein de la gauche tunisienne et de la confrérie de Moncef Marzouki, pour lesquels tout ministre patriote et résolument anti-terroriste est un ennemi à abattre.

Nabil Ben Yahmed