Russia Today dénonce la pravdatisation des médias occidentaux


11 Octobre 2014

Fondé par Lénine, la Pravda (Vérité) était la voix officielle de l’URSS de 1918 à 1991. Côté occidental, Pravda était synonyme de désinformation et de propagande communistes. Les choses ont bien changé depuis. Aujourd’hui, c’est Russia Today qui dénonce à juste titre la propagande et la standardisation des médias américains, britanniques et français, qui ont manipulé et menti à leurs opinions publiques au sujet de la guerre contre l’Irak, qui n’a pas fait 141 802 victimes civiles, mais près d’1 million. Comme si ce génocide n’était pas suffisant, les mêmes Etats et médias qui leur sont aliénés ont continué en Syrie, où l’on compte depuis 2011 près de 280 000 morts.


Deux des affiches de la campagne "Question more" lancée par Russia Today, qui s'est imposée comme l'une des rares chaines de TV libre et objective.
Une campagne de la chaîne russe Russia Today a été interdite dans la capitale britannique. Ses affiches pointaient le bilan de la guerre en Irak, accompagné du message : voilà ce qui arrive quand les médias disent tous la même chose.

Un portrait de George W. Bush ou de Tony Blair s'écriant : "Les armes de destruction massive seront prêtes dans 45 minutes", et un slogan percutant : "Guerre d'Irak : 141 802 victimes civiles. Voilà ce qui arrive quand il n'y a pas d'opinion alternative." C'est le message que portaient les affiches de la campagne "Question more" ("Posez plus de questions"), placardées dans les rues de Londres.

Lancée par la chaîne de télévision russe internationale Russia Today, la campagne a été interdite par les responsables des sociétés d'affichage publicitaire de la ville, rapporte le site d'informations russe Vzgliad. Selon eux, les affiches véhiculaient un "message politique" incompatible avec leur règlement.

Plusieurs points de vue

"Notre campagne de communication invite justement à s'interroger sur ce point", explique la directrice de Russia Today, Margarita Simonian. "Comment se seraient déroulés les événements si, dans les médias internationaux, pouvaient s'exprimer différents points de vue ? On ne peut que déplorer que certaines personnes ne veuillent pas que ces questions soient seulement soulevées."

La chaîne russe n'a pas désarmé et les Londoniens peuvent donc désormais tomber sur des affiches dépourvues de tout portrait, mais portant  la mention : "[redacted]", littéralement "contenu modifié". Allusion subtile à la façon dont les grands journaux américains avaient diffusé les notes de WikiLeaks, avec des coupures indiquées entre crochets. L'affiche invite également les citoyens britanniques curieux à retrouver l'affiche censurée sur l'application de Russia Today.

Opération de com' ?

Une campagne similaire a eu lieu à New York et à Washington au mois d'août, avec les portraits de George Bush et Colin Powell accompagnés de "leurs déclarations mensongères" sur la guerre d'Irak, poursuit Vzgliad.  Elle n'a pas subi de censure, mais les grands titres américains ont réagi. Le Huffington Post l'a par exemple qualifiée de "provocatrice" à l'égard des médias américains.

Pour le site américain Vocativ, cette affaire de "censure" londonienne dénoncée par Russia Today ressemble à une "opération de communication finement déguisée".

Laurence Habay, Courrier international, 10 octobre 2014