Sofiene Ben Ali, martyr des criminels qui gouvernent la Tunisie


27 Février 2018

Il est parti à la fleur de l'âge (44 ans), laissant une jeune veuve et trois petits enfants. Qui sont les coupables de ce crime politique ? D'abord Samir Tarhouni, qui est aujourd'hui "diplomate" à Genève après avoir passé sa carrière au service du "régime". Ce flic doit sa virginité à son action "héroïque" à l'aéroport, le 14 janvier 2011, lorsqu'il a arrêté les membres des familles Trabelsi et Ben Ali, notamment Sofiene. Second responsable, la Justice tunisienne, qui est aux ordres des Frères musulmans et de l'ex CPR. Troisième responsable, les médias et les milieux des droits de l'homme, qui n'ont jamais évoqué la lente agonie de Sofiene Ben Ali...jusqu'à son décès. Avec ses propres mots, Nefissa, la belle sœur de Sofiene a exprimé cette triple vérité dans une lettre publiée sur sa page facebook. La voici dans son intégralité.


Le défunt Sofiene Ben Ali, neveu du Président Ben Ali.
Je ne m’exprime plus beaucoup sur Facebook parce que je pense qu’à part certaines personnes qui ont du cœur et qui ont vraiment compati avec nous pour l’acharnement que nous subissons depuis janvier 2011, la plupart nous lisaient sans agir, sans passer le message, sans essayer de défendre notre cause. Mais tout ça ce n’est pas grave, même l’acharnement et les procès que papa a subi ce n’est pas grave, rien n’est grave par rapport à ce qu’a subit Sofiene.

Aujourd’hui je me dois d’avertir tous ceux qui ont contribué à la mort de Sofiene mon beau frère, la vie ne vous épargnera pas et la mort ne sera pas une délivrance. S’il y a une justice dans ce monde, tous ceux et celles qui ont contribué à sa longue agonie vont souffrir et bien plus qu’il n’a souffert. 

Avant la révolution de la honte, Sofiene était discret, il habitait à Mornag pour éviter toutes les mondanités et la “koffa” des ex-courtisans, aujourd’hui révolutionnaires.

Je sais que quand les gens partent en général nous les apprécions parce qu’ils ne sont plus là, mais ce qu’on dit de lui maintenant qu’il est parti c’est exactement ce qu’on disait de lui de son vivant: adorable, gentil, timide, classe, souriant...

Le 14 janvier 2011 il a été arrêté, ils lui ont mit une kalachnikov sur la tête devant ses enfants ( ils avaient entre 2 et 5 ans ), ils l’ont emprisonné pendant 1 an et demi, ensuite ils l’ont sorti pour 48h, pour enfin revenir le soir tard à la maison pour l’emprisonner à nouveau ( ça vous donne une idée sur notre système judiciaire ).

Pendant les 48h qu’il a passé dehors, nous l’avons emmené chez le médecin qui a demandé une intervention d’urgence mais ils l'ont arrêté pendant 7 mois encore et le cancer s’est propagé... Les médecins certifient qu’il aurait pu être sauvé s’il avait été opéré à temps. Nous les avons supplié de le laisser se soigner sans succès, au lieu de ça, ils auraient voulu l’enfermer pendant 15 ans pour chèques sans provisions, chèques émis avant la « révolution » et qui sont évidemment passés sans provisions parce qu’ils ont gelé ses comptes et confisqué ses biens sans acte de justice. 

Ils ont profané la tombe de son père, tout le monde l’a insulté sans même le connaître, la police et l’armée l’ont maltraité...Il est sorti le 23 février 2013 et il est mort le 23 février 2018.

Cinq ans de douleur atroce, 5 ans de torture, 5 ans sans passeport pour aller se soigner dans un pays développé, 5 ans entre la clinique et la maison, 5 ans à souffrir de savoir qu’il n’a plus rien... Ils ne lui ont laissé aucune chance... Il ne voulait pas mourir, il voulait rester avec sa femme, ses enfants, et sa famille. 

Repose en paix Sofiene Allah yarhmek ou inamek
حَسْبُنَا اللَّهُ وَنِعْمَ الْوَكِيلُ

Nefissa Djilani Mami