Taoufik Ben Brik ou la légende d’un voyou devenu symbole


13 Mars 2015

Scandalisés ou médusés, certains semblent découvrir le vrai visage d’un voyou dont toute l’histoire n’est qu’imposture, mensonges, manipulations, trahisons, violences et mercenariat. Ceux qui connaissent sont sinistre passé se taisent par lâcheté ; et ceux qui l’ont découvert en 2011 n’en reviennent pas : gifler un journaliste sans aucune raison est en effet très surprenant. TS dévoile la face hideuse d’un voyou dont Robert Ménard, lui aussi mercenaire, a fait une figure emblématique du journalisme tunisien.


Taoufik Ben Brik, dans son accoutrement de voyou tout à fait compatible avec cette télévision "d'élite" !
On commencera par la fin : le jeudi 5 mars 2015, dans les locaux de Nessma TV, Taoufik Ben Brik agresse physiquement le présentateur du télé-journal de cette chaîne de télévision, Hachem Bouaziz. Ce dernier raconte qu’il prenait sa pose en cassant la croute lorsque Ben Brik l’a interpellé, « Toi, tu ne fais que manger » ! Surpris, ce jeune journaliste connu pour sa politesse et sa cordialité lui a alors répondu : « Où est le mal ? » La réaction de Ben Brik fut une gifle suivie d’une « leçon » qui dénote son esprit malade et son narcissisme hypertrophié : « tiens, ça t’apprendras à ne jamais répondre lorsque je te dis quelque chose » !

Nebil Karoui, complice par veulerie

Taoufik Ben Brik ne se trouvait pas par hasard dans les studios de Nessma TV. Depuis trois mois, il y est « chroniqueur » et « analyste » de l’actualité dans l’émission d’une journaliste respectable, Myriam Belkhadhi. Cela fait donc trois mois que les téléspectateurs de Nessma TV subissent et supportent les diarrhées verbales et la vulgarité affligeante de ce voyou recruté par Nebil Karoui sous l’intervention de son associé majoritaire.

L’un des rares intellectuels à dénoncer cette dérive ordurière et cet abrutissement de l’opinion publique fut Ezzeddine Ben Hamida dans Kapitalis : « ses interventions deviennent de plus en plus insupportables: ses dérives verbales, ses éclats de gueule et ses agitations sur les plateaux agacent, irritent et crispent beaucoup de parents. Sa sémantique guerrière n'amuse plus personne; au contraire, elle révolte parents et responsables éducatifs et politiques. Ecouter des gros mots en direct en présence de nos parents et nos enfants est terriblement gênant, incommodant, désagréable et déplaisant. » (Kapitalis du 15 février 2015).

Dénonçant les appels à la révolte et à la scission du sud, lancés par ce mercenaire, Ezzeddine Ben Hamida s’est interrogé : « Un tel discours n'est-il pas dangereux pour l'unité du pays? Ces appels à la scission sont-ils encore tolérables? Ses dérives verbales vont-ils rester indéfiniment sans réponse institutionnelle? Sa sémantique guerrière n'est-elle pas répugnante? Et la Haica, l'autorité de régulation audiovisuelle, où est-elle passée? Pourquoi ce silence assourdissant? »

La double peine de Hachem Bouaziz

Le journaliste violenté aurait pu se taire comme beaucoup d’autres victimes de ce voyou. Le 6 mars 2015, il a eu le courage et la dignité de dénoncer publiquement cette agression et de se plaindre auprès de la direction de Nessma TV.  Selon nos confrères de Kapitalis, « Sa réunion avec la direction de la chaîne, le samedi 7 mars, ne semble pas avoir donné des résultats. Pour preuve, ce mardi 10 mars, le journaliste a indiqué, dans un statut sur sa page Facebook, avoir été informé par l'administration de sa mutation au service des... ressources humaines. » Plutôt que de renvoyer l’agresseur, Nebil Karoui a donc préféré sanctionner l’agressé… avant de revenir sur sa décision en échange de l’étouffement de l’affaire.

Même si Taoufik Ben Brik a été finalement renvoyé de la chaîne, Hachem Bouaziz a refusé ce chantage. Il s’est plaint auprès du SNJT qui, dans un communiqué du 11 mars s’est dit solidaire du journaliste agressé en annonçant « avoir pris des dispositions pour engager des poursuites judiciaires contre Taoufik Ben Brik, sur la base d’une plainte déposée par Hachem Bouaziz, journaliste de la chaîne Nessma TV, auprès du SNJT. » Finalement, Hachem Bouaziz vient de déclarer sur sa page facebook que «la dignité passe avant tout», que par conséquent il a démissionné de Nessma TV.

Ben Brik, une création de Robert Ménard, le copain de Le Pen !

Avant son sacre carnavalesque en 2000, Taoufik Ben Brik était totalement inconnu de l’opinion publique tunisienne. Il doit sa légende à Robert Ménard, à l’époque omnipotent secrétaire général de Reporter sans Frontières, qui avait une conception bien particulière de la liberté d’expression selon l’agenda de certaines officines américaines. Dès 1998, par le biais du NED (National Endowment for Democraty), les néoconservateurs ont satellisé RSF. En tapant sur Google « Robert Ménard+ CIA », le site de recherche vous propose 114000 liens ! Dès lors, la Tunisie, comme l’Algérie et comme l’Iran ou Cuba,  est devenue une cible privilégiée de RSF.
    
Après des années de règne sans partage sur RSF, l’imprécateur des présidents à vie est contraint de quitter cette organisation, officiellement pour laisser la place aux jeunes. Il « s’exile » au Qatar, le paradis des droits de l’homme et de la démocratie polygame où cheikha Mozza lui confie, avec un budget annuel de 3.5 millions de dollars, la direction d’une « ONG » chargée de former les journalistes arabes à la liberté, à la démocratie…et à la monogamie ! En somme, civiliser les barbares…avec l’argent des bédouins ! Sa mission terminée au Qatar, Robert Ménard est revenu en France avec un bon pactole… et beaucoup d’idées « progressistes » à investir au sein du Front National dont il est devenu l’élu à Béziers. Ainsi finissent les gladiateurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression !     
  
Un voyou qui n’a jamais été un journaliste

Ben Brik n’est pas journaliste parce qu’il témoigne lui-même dans son livre Le Rire de la baleine (chez Seuil, page 96) qu’il « hais les faits et si j’en rencontre je les passe à la trappe : ils alourdissent ma phrase. Je n’informe pas. Un article n’est qu’un prétexte pour raconter des histoires ».

Son créateur, Robert Ménard n’est pas journaliste non plus parce qu’il n’a jamais été titulaire d’une carte de presse et qu’il écrivait lui-même dans son livre Ces journalistes que l’on veut faire taire (chez Albin Michel, page 39) qu’«  Il n’y a rien de plus moutonnier que les médias, en particulier ceux de l’audiovisuel ! Pour chaque sujet, l’effet boule de neige fonctionne : si un grand média décide de traiter d’un sujet, les autres embraient…Il n’y a pas plus con qu’un journaliste ».
 
Que disait-il plus exactement des journalistes français et de la fabrication du « produit » Ben Brik : «Bref, je leur demande de pratiquer une forme d’autocensure, un comble de la part de Reporters sans frontières ! Mais j’ai appris au fil des ans qu’il faut parfois, pour la bonne cause, savoir taire certaines choses. La plupart des journalistes tiendront compte de mes remarques » (p. 19).

Les journalistes français lui obéissaient donc au doigt et à l’œil ! Autre confession de Ménard : « Lorsqu’on s’adresse au plus grand nombre, lorsqu’on utilise la télévision pour faire passer un message, il faut que chacun joue pleinement sa partition : le bourreau doit être méchant de bout en bout (Ben Ali a été parfait), et la victime ne peut pas se permettre d’avoir des états d’âme » (p. 24).

Ben Brik raconté par ses créateurs

Et d’abord ce que Robert Ménard a fini par dire sur Ben Brik lorsque celui-ci s’est pris pour Dieu le père : « Je ne peux pas prendre le risque de déstabiliser l’organisation alors que Taoufik répète désormais à qui veut l’entendre qu’il se contrefiche des droits de l’homme, de la Tunisie, de sa femme et de ses enfants, et que la seule chose qui l’intéresse, c’est de rencontrer Fanny Ardant » (Robert Ménard, Ces journalistes que l’on veut faire taire, p. 22).

Ensuite ce qu’un autre journaliste, dont on ne citera pas le nom et qui avait grandement participé à la légende de Ben Brik, a fini par écrire sur son ami : « Les bonnes âmes avaient imaginé un héros, elles sont tombées sur un rigolo. Et de surcroit un mal élevé qui n’hésite pas pour commencer à insulter son hôte, le bon président Chirac…ce Taoufik qu’une presse française unanime avait salué comme un croisé des droits de l’homme ne vaut plus un clou ni une manchette… Pas question d’inviter désormais sur un plateau de télévision ce faiseur, cet ingrat, cet incontrôlable, ce gréviste de la faim pas famélique, trop bon vivant » (Le Canard enchaîné, 13-19 juin 2000).

Enfin, ce que ce voyou dit de lui-même : « Moi, je suis un Sancho Pança, un Don Quichotte…Que les opposants aillent se faire niquer…Celui qui me prend au sérieux il déconne, je n’ai jamais été sérieux, ni avec moi-même, ni avec les gens. Je suis un irresponsable. J’ai fait des enfants et je les laisse. C’est ma femme qui s’en occupe. Quand je rentre le matin à 7 heure du matin, ivre mort, d’abord pour la faire chier, elle me dit tu es saoul, oui je lui dis, si je suis saoul, j’ai baisé des catins et je me suis drogué ça ta va ?...Je n’en ai rien à foutre de mes enfants, je veux dormir et me la couler douce… » (la suite de ce morceau d’anthologie est dans son torchon Le Rire de la baleine, p. 32).

Chez lui, la violence est une seconde nature

Taoufik Ben Brik n’est pas seulement un mercenaire, un ingrat et un vulgaire. C’est aussi un homme d’une violence physique extrême, à l’égard des hommes comme des femmes, à commencer par sa propre épouse (voir son livre).

La scène qui va suivre se déroule en 2000, à l’hôpital de la Marsa, là où le gréviste de la faim a été transféré en raison de son état de santé « extrêmement inquiétant » selon un quotidien parisien. C’est Ben Brik lui-même qui raconte dans son torchon : « Mon premier coup de tête l’a complètement réveillé, et j’ai cru entendre cet athée réciter la chahada. Je l’ai pris par le collet en lui chuchotant, les dents serrées : n’ouvre plus ta bouche, ne te retourne pas et pars vite, sinon je t’enlève ton pantalon » (Le Rire de la baleine, p. 148). Sa pauvre victime venue le soutenir dans sa vraie fausse grève de la faim est Tahar Chaïb, ex-secrétaire général du syndicat des professeurs d’université, un homme de plus de 65 ans ! En giflant Hachem Bouaziz, Taoufik Ben Brik n’a fait que répondre à son instinct.

Nadia Omrane, la seule journaliste à avoir dénoncée cet imposteur

Ce qui va suivre est repris de l’article de Nadia Omrane, opposante à l’époque de Ben Ali, qui a été publié le 28 avril 2001 sur son journal online « Alternatives citoyennes ».

« Qui est donc Taoufik Ben Brik pour que les médias français l'autorisent à tout se permettre ? Au point du lamentable vaudeville, où ses hargneuses fanfaronnades ridiculisent l'ensemble des journalistes tunisiens, dont il prétend être le héraut, ainsi que le mouvement démocratique, je souhaiterais produire mon témoignage et lui porter la réplique en tant que journaliste tunisienne indépendante et militante des libertés publiques et des droits humains dans mon pays. »

« Depuis des mois, je suis avec agacement les pantalonnades de mon confrère, auxquelles Libération et d'autres médias français accordent une place privilégiée. Mais c'est sa liberté de faire le pitre en usant parfois d'un style qu'il croit être celui de Charlie-Hebdo. » 

« Libération annonce même la publication au Seuil d'un témoignage sur sa grève de la faim, dont ses accompagnateurs à Tunis racontent qu'ils n'auront jamais vu jeûne si tonifiant. Tant mieux, cela nous changera de l'asthénie sinistre des grévistes tunisiens qui n'ont pas l'heur d'être produits en spectacle ! »

« Connaissant les exigences littéraires d'une maison comme le Seuil ainsi que la sélection, opérée par les grands journaux français des Tribunes accordées, j'avoue ma perplexité devant le succès de Taoufik Ben Brik. Pour qui pratique un peu la stylistique, il est aisé de repérer dans les textes de T.B.B. des niveaux de langue cacophoniques, d'ordinaire signalétiques d'emprunts. T.B.B. habille l'indigence de son discours d'un ramassis de clichés, en déguise la trivialité d'une sémantique apparemment iconoclaste, réellement vulgaire, et il en sème la topographie discursive de citations, étalage qui signe le personnage : tout en dehors, rien au-dedans. »

« Déjà par le passé au Maghreb, où nous étions confrères, sa numérotation de citations de 1 à 14, dont il nourrissait des papiers maigres et laborieux, m'amusait beaucoup. Il y commençait aussi l'expérimentation de petits bidonnages et de balivernes, qu'il poursuit aujourd'hui particulièrement dans ses histoires de vie, recueillis pieusement par des reporters de grands quotidiens français. Mais comment ces journalistes, tenus de recouper leurs sources, peuvent-ils avaler tant de couleuvres ! »

« C'est cet artificiel artificier, que pourtant Robert Ménard, son parrain et son coach, promeut. C'est dans la tribu de T.B.B. (au secours de laquelle Robert Ménard vola récemment en touriste de passage, enfreignant sans complexe les lois d'un pays souverain) que le président de Reporters sans frontières confectionna un rapport composite sur la situation des journalistes tunisiens, diffamant l'un d'entre eux, un confrère de Réalités, à la cheville duquel T.B.B. n'arrive pas ! »

« Car, encore moins que de la grammaire française, dont il ignore jusqu'à la concordance des temps, T.B.B. n'a le sens de la grammaire déontologique. Sa célébrité tient à la désinvolture avec laquelle il crache ses infamies sur journalistes et acteurs politiques qui ne sont pas de sa secte, pire de son sérail, de sa suzeraineté. Car dominateur et intolérant, il pratique aussi le culte de l'insoutenable légèreté de sa personnalité, eh oui, lui aussi ! »

« Avec cela, indécent envers les femmes, y compris avec la sienne propre, exposant (entre autres in Charlie-Hebdo) sa prédilection pour les catins ou pour les femmes des autres (celle d'un confrère français), petit bonhomme rondouillard, qui se croit par-dessus tout séducteur, confondant le dérèglement rimbaldien des sens avec la dérive éthique, et bien sûr stratège depuis les bars branchés de Paris, indicateur de l'homme providentiel d'Ahmed Mestiri à Moncef Marzouki (qui ne lui ont rien demandé), se gardant peut-être lui-même en réserve de la République, enfin, prophète en son pays qu'il présente comme un « stand de tir » et un goulag, où pourtant il circule, voyage et insulte sans le moindre désagrément quand Néjib Hosni et Moncef Marzouki ou tant d'autres victimes d'un enfermement sécuritaire ont droit à bien moins d'égards. À telle enseigne que la question qu'on se pose aujourd'hui à Tunis, c'est de savoir pour qui roule au juste T.B.B. »

« Car sa grammaire politique est, à tout le moins, incohérente. Chacun se souvient en particulier comment il en appela à l'ingérence directe de Jacques Chirac en Tunisie, l'offensant publiquement le lendemain, dépité par le silence du président de la République française. Quoi d'étonnant dès lors à ce que Robert Ménard, faisant son mea culpa de certains de ses engagements inappropriés, avoue que T.B.B. lui est devenu un véritable cas de conscience. Déjà, en mai dernier, le porte-voix de tous les suppliciés de la plume s'était démarqué de notre Tartarin de Jerissa, qui avait donné la charge à quelque grand fauve, avec force parachutes, parapluie et filets de protection. En Tunisie, tant d'autres journalistes anonymes arrachent pied à pied des centimètres de liberté de presse. Mais ces héros ordinaires n'intéressent pas les shows des médias français. »

Voilà qu'enfin en St Just, il s'acharne à disqualifier tous les épigones du mouvement démocratique, même si certains n'ont pas toujours eu un itinéraire très net. Au-dessus de tout soupçon, Mahmoud Ben Romdhane, qui fut récemment Président du comité exécutif d'Amnesty international (il en est membre actuellement) fut, du temps où il était Président de la section Tunisienne d'AI, la cible d'une pétition, rédigée par T.B.B. à propos d'un litige où il était question de ses propres intérêts familiaux (déjà !). Il la fit tourner au siège de l'Association des journalistes tunisiens, lesquels journalistes ayant tous leurs esprits en firent un véritable bide. Par la suite, d'autres figures de l'opposition subirent les foudres, souvent triviales, de T.B.B. dans des diffamations qui relèveraient de la justice. »

Intouchable en Tunisie, protégé en France

Malgré sa violence et ses méfaits, Taoufik Ben Brik a précisément toujours échappé à la justice. Entre 2000 et 2009, celui que la presse française -abusée par le manipulateur Robert Ménard- a érigé en figure emblématique de la liberté d’expression, a commis plusieurs délits de droit commun, en Tunisie comme en France !!!

Au pays de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice, une plainte a été déposée contre Taoufik Ben Brik le 5 mai 2004, par une franco-tunisienne, sous le numéro 0407831038 (Tribunal de Grande Instance de Paris). Cela s’est justement passé à Paris et ce devait être une mise en examen pour « séquestration, actes de torture et viol répété ». Le calvaire de la victime s’étant déroulé du 8 au 15 mars 2004 dans un hôtel parisien. Le Parquet du procureur de la République n’avait finalement retenu comme délit que la « violence suivie d’incapacité supérieur à 8 jours ». Très curieusement, l’affaire qui devait être examinée le 24 juin 2004 à 13h30 par la douzième Chambre, puis renvoyée au 28 janvier 2010, n’a finalement jamais été jugée (nous sommes en possession de tout le dossier). Certains services français savent faire preuve de reconnaissance à l’égard de leurs mercenaires tunisiens !

La presse française n’a jamais voulu faire état de cette affaire, ni d’une autre survenue à Tunis, avec une automobiliste que Taoufik Ben Brik avait violemment agressée. Et pour cause ! Désinformés par les mercenaires Tunisiens, notamment Moncef Marzouki, khémaïes Chammari, Kamel Jendoubi, Sihem Ben Sédrine et un certain Cherbib, les journalistes français ont fini par croire que ces affaires de viol et de violence étaient montées de toutes pièces par la police tunisienne pour faire payer à Ben Brik ses articles contre le régime.  Il n’en était strictement rien. A tout point de vue, le régime tunisien n’avait aucun intérêt à provoquer cette affaire après le calme relatif dans lequel se sont déroulées les élections législatives et présidentielles de 2004.

Indication bien symptomatique qui n’a pas échappé à la vigilance des journalistes professionnels : se sachant coupable du délit qu’il venait de commettre contre une automobiliste tunisienne, Ben Brik avait pris la précaution d’annoncer lui-même le lendemain des faits, sur le blog du Nouvel Obs, ce qui allait lui arriver avec la police tunisienne. Une anticipation bien intelligente pour s’assurer le soutien des milieux des droits de l’homme en France. Masquer le délit d’acte de violence sur une automobiliste, le masquer en kabbale policière contre un journaliste qu’on veut faire taire, était une manœuvre bien subtile qui pouvait motiver certaines ONG spécialisées dans la stigmatisation systématique de la Tunisie.

Après la « révolution », le singe n’amusait plus personne

Dès janvier 2011, comme beaucoup d’autres mercenaires, Taoufik Ben Brik a dévoilé son « grand talon d’écrivain » et ses grandes capacités « culturelles ». Invité dans les plateaux de télévision, les Tunisiens ont finalement découvert ses limites intellectuelles et sa bassesse morale. Malgré la concurrence devenue rude au pays de la médiocrité et du populisme, Ben Brik voulait absolument conserver son rang « d’intellectuel inégalable », en répétant sans cesse qu’il était le seul journaliste à s’opposer à Ben Ali et à se faire publier dans Le Monde. Comme si ce quotidien aux penchants islamo-gauchistes et à l’écoute du Quai d’Orsay et de certaines officines occultes était une référence ! Le Monde, comme beaucoup d’autres médias occidentaux et qataris, avaient besoin de ce genre de mercenaire pour dénigrer la Tunisie et accabler ses dirigeants.

Taoufik Ben Brik n’a jamais avoué qu’au départ, son problème n’a jamais été avec le « régime tunisien » mais avec les directeurs de journaux pour lesquels il travaillait avant de se faire éjecter pour incompétence. Comme le disait si justement Nadia Omrane, cet individu n’était pas fait pour le métier. Rejeté par toutes les rédactions, il avait demandé en 1995, au ministère de l’Intérieur, une licence de bar qui lui a été refusée. En pleine « affaire Ben Brik » (2000), Mohamed-Ali Ganzoui, directeur de la sûreté à l’époque, le contacte en personne pour lui annoncer que l’obtention de sa licence lui a été accordée. La réponse de l’intéressé a été cinglante : « Trop tard, maintenant j’ai une carrière internationale » !

Ce mercenaire n’avait plus besoin d’argent, et pour cause ! Il n’avait plus besoin de la reconnaissance de ses pairs, il a la consécration de ses employeurs occidentaux. Entre 2000 et 2010, il pouvait tout se permettre, y compris les délits de droit commun, sans craindre la justice tunisienne. Lâche et craintif, Ben Ali le laissait déblatérer ses insanités qui discréditaient leur auteur plus qu’elles n’accablaient le régime. Ben Brik n’existait plus ni en Tunisie ni sur la scène médiatique française qui n’était plus sous l’emprise de Robert Ménard.

C’est finalement le coup d’Etat du 14 janvier 2011 qui lui a donné une seconde vie. Pour échapper à la vindicte populaire et se refaire une nouvelle virginité, des animateurs  de radio et de télévisions qui étaient au service du régime et même aux ordres des Trabelsi, se sont mis à inviter quotidiennement Ben Brik et les mercenaires de son acabit. C’était une protection pour eux, et une reconnaissance tardive de tous les traîtres qui étaient le fer de lance des ennemis de la Tunisie.

Telle est l’histoire réelle d’un vrai voyou dont la bêtise d’un régime, jointe à l’hostilité de certaines officines étrangères, ont fait une légende… jusqu’à ce que les Tunisiens découvrent sa bassesse et son insignifiance.

Nebil Ben Yahmed