Tunisie : Imed Dghij, un brigand devenu symbole politique


1 Mars 2014

L’arrestation de ce milicien a provoqué l’indignation de 25 membres de l’assemblée constituante, à leur tête l’inqualifiable Meherzia Labidi. Ce ramassis d’usurpateurs et de corrompus ne s’est pas indigné lorsque nos soldats ont été égorgé à Chaambi, ni lorsque le jeune Socrate et ses camarades ont été abattus à Ben Oun, ni lorsque nos forces de l’ordre ont été tués à Jendouba, ni lorsque Lotfi Naghd a été lynché jusqu’à la mort par les milices criminelles des LPR…Mais pour ce brigand qui leur ressemble, ils se sont déplacés au ministère de l’Intérieur, accusé d’atteinte aux droits de l’homme !


Les hommes politiques de la "révolution" post-bouazizienne
L’artiste de aqab ezmane, Bendir Man, chantait « free Imed, le héro de la révolution, le libérateur du pays ». C’était il y a quelque temps, lorsque les Tunisiens étaient encore sous l’effet du hachich révolutionnaire et que certaines chaînes de télévisions transformaient des voyous et des malfrats en citoyens honorables et même en acteurs politiques.

Imed Dghij était pourtant connu dans la banlieue nord de Tunis comme un trafiquant d’alcool et petit caïd aux ordres d’Imed Trabelsi, qui possédait un dépôt clandestin de vente de vin à Bhar Lazreg, où travaillait précisément Imed Dghij. Ce brigand sévissait au Kram jusqu’au début de la pseudo-révolution dont il est devenu l’une des figures emblématiques. Et pour cause, pour se débarrasser de sa sinistre réputation de bandit et de trafiquant, il s’est attaqué aux postes de police et aux biens publics en exposant à la mort des dizaines de jeunes désœuvrés.

Il n’était pas une exception. Tous les petits caïds et brigands, que ce soit à Sidi Bouzid, au Kef, à Jendouba, à Gafsa ou à Kasserine, ont été les premiers à attaquer les lieux publics et privés pour les saccager et les piller. Mais après le coup d’Etat du 14 janvier 2011, ils sont revenus à leur existence oisive et parasitaire. Sauf ce criminel, qui a pris au Kram la tête de la Ligue pour la protection de la révolution, une idée lumineuse de l’extrême-gauche tunisienne. Les LPR sont en fait des miliciens payés par Ennahda, le CPR et Ettakatol.

C’est à partir de ce moment que commence son ascension fulgurante au sein d’une société décadente. On a vu Imed Dghij participer à une réunion ministérielle en septembre 2012. On l’a vu chuchoter dans l’oreille de « l’ambassadeur » des Frères musulmans en Tunisie, Rached Ghannouchi. On l’a vu au palais de Carthage, qui est devenu un nid d’incultes et de voleurs, reçu par Moncef Marzouki, avec d’autres « révolutionnaires » au passé de malfrats.

Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir celle qui fait office de vice présidente de l’assemblée constituante, Meherzia Labidi, se déplacer au ministère de l’Intérieur pour blâmer celui qui fait semblant de lutter contre le terrorisme et pour la restauration de l’Etat de droit. Elle s’y est déplacée avec 25 autres « représentants du peuple » pour déplorer la manière dont a été arrêté le protégé de la troïka et dénoncer le « retour aux pratiques policières de l’ancien régime ». Pour cette ancienne chômeuse des Ulis en France, les propos tenus par Imed Dghij quelques jours auparavant contre les forces de l’ordre et les magistrats, ne sont pas du tout répréhensibles ! Pas plus d’ailleurs que le lynchage jusqu’à la mort, le 18 octobre 2012, de Lotfi Naghd, le coordinateur de Nidaa Tounes à Tataouine. Les auteurs de cet acte barbare, tous des mercenaires de la section locale des LPR, n’ont jamais été inquiété !

Mais le déplacement au ministère de l’Intérieur de ces 25 membres de l’ANC n’était pas seulement pour faire libérer un brigand devenu révolutionnaire. Il était aussi question de mettre en cause les éventuels limogeages de certains « cadres » de l’Intérieur, qu’Ennahda a placés pour infiltrer ce ministère et constituer un service parallèle aux ordres des Frères musulmans et de leurs acolytes du CPR et d’Ettakatol. L’affaire Imed Dghij est donc l’arbre qui cache la forêt et la Tunisie ne se relèvera pas avant la dissolution des LPR et de l’ANC, deux idées « lumineuses » de l’extrême-gauche tunisienne !
 
Lilia Ben Rejeb