Tunisie : Moneem Chaabani, le martyr oublié de la conspiration du jasmin


7 Février 2015

Député de Kasserine, il a été brulé vif par une meute de racailles galvanisée par les cybers-collabos, par Al-Jazeera et par France24. Moneem Chaabani est mort le 6 février 2012 à l’hôpital de Ben Arous à l’âge de 36 ans. Comme les 63 vrais martyrs Tunisiens, dont 51 des forces de l’ordre, on a essayé d’effacer son nom de la mémoire collective au profit des quelques 240 repris de justice, rebuts de la société, pilleurs et incendiaires, qu’on appelle les « martyrs de la révolution ».


Le défunt Moneem Chaabani, avec les députées Zohra Mhirsi et Rim Chaouachi.
Moneem Chaabani, jeune député de Kasserine, n’avait aucune raison de s’inquiéter. N’ayant pas d’ennemi, connu dans sa région pour son intégrité, son humilité et sa générosité, il avait choisi de rester à Kasserine plutôt que de se mettre à l’abri à Tunis. Il était d’abord enseignant à l’Institut Supérieure des Etudes Technologiques de Kasserine (ISET) de Kasserine, puis inspecteur de l’éducation nationale pour l’enseignement secondaire en français. Devenu député en 2009, il était membre de la commission de l’immunité parlementaire et membre du groupe d’amitié Tunisie-Autriche.

Issu d’un milieu très pauvre, ce passionné de littérature française croyait à l’ascension sociale par la culture et la volonté de réussir. Il sillonnait sa région avec des cartons de livres et de revues collectés à Tunis, pour les distribuer à des jeunes frappés par l’indolence, la paresse et l’oisiveté. C’était sa façon de repérer les volontaires et les plus courageux pour leur trouver du travail à Kasserine ou dans la capitale.   
    
Le 19 décembre 2011, soit une année après le coup d’Etat islamo-américain du 14 janvier 2011, alors qu’il dinait chez ses futurs beaux parents, une meute de racailles l’attaque aux cocktails Molotov et l’asperge d’essence. Grièvement brûlé, Moneem Chaabani est transporté d’urgence à l’hôpital de Ben Arous, dans le service des grands brûlés, là où a été soigné l’alcoolique et grand voyou de Sidi Bouzid, Tarek Bouazizi, plus connu sous le nom de Mohamed Bouazizi, figure mythique de la « révolution du jasmin ».

Né le 5 juin 1976, Moneem Chaabani décèdera à Ben Arous le 6 février 2012. Selon sa famille, la meute de racailles qui l’a attaqué n’était pas spontanée. Des commanditaires ont loué leur service criminel. 25 individus ont été arrêtés et six mois plus tard, sous la pression de la populace de Kasserine, 20 ont été libérés. Les 5 autres maintenus en prison et jugés coupables, auraient été depuis discrètement relaxés. Il s’agit des frères Nasrelli, de Jdey, de Médayni et de Madani. Malgré l’obstination de son avocat, maître Smaali, ils n’ont jamais dévoilé les commanditaires et le tribunal du Kef attend toujours le rapport d’autopsie de l’hôpital de Ben Arous !
        
Au moment de ces événements (2011), on pouvait lire dans un quotidien français que « Ces affrontements à Thala et Kasserine ont fait huit tués par balles et neuf blessés, selon un dernier bilan officiel du ministère de l’Intérieur. Cependant, des témoignages concordants font état d’au moins quatre personnes tuées dimanche par balles à Kasserine, à 290 km au sud de Tunis, et quatre autres au moins la veille à Thala. Un dirigeant de l’opposition Ahmed Nejib Chebbi a annoncé quant à lui, au moins vingt tués par balles, affirmant qu’on a tiré sur les cortèges funèbres ».

Personne ne disait à l’époque que les manifestants se promenaient avec des bâtons, des couteaux et des bouteilles incendiaires, que des hommes étrangers circulant dans des voitures de location leur donnaient de l’argent, qu’ils s’attaquaient aux administrations et aux forces de l’ordre.  « Il ne s’agit pas de manifestants, ni de revendications sociales, ce sont des bandes de pilleurs infiltrés », disait un responsable gouvernemental sous couvert d’anonymat.

Cette violence « traduit un ras-le-bol des jeunes qui sont sortis la nuit pour se venger des forces de répression et crier leur colère contre un régime qui méprise leurs aspirations », estimait un certain Menzli Chaabani, un opposant de Kasserine, disait Al-Jazeera.

Chaabani(!), comme le martyr Moneem, brûlé vif à l’âge de 36 ans par des loubards qui n’ont jamais payé pour leur crime.

Karim Zmerli   

Quelques portraits des vrais martyrs de la conspiration anti-tunisienne. Ils ont été tués en 2011.