Tunisie : une islamisation rampante


10 Aout 2013

Un article de L’Humanité, qui est aux antipodes des analyses hautement apologétiques du quotidien Le Monde et des torchons philo-islamistes d’Isabelle Mandraud, qui a fait du Frère musulman Rached Ghannouchi un "philosophe éclairé" en lui accordant un doctorat de la Sorbonne, où il n’a jamais mis les pieds…tout comme elle !


D’un côté le bon docteur Ghannouchi, guide de la formation islamiste Ennahdha, qui se veut rassurant, comme un bon grand-père à la barbe blanche. « Nous avons accepté que soient inscrites dans la Constitution les libertés du culte et de la conscience bien que nos bases refusent totalement ce choix », explique-t-il sans rire dans une interview au quotidien la Presse. De l’autre, les pratiques de ce mouvement. Des centaines de mosquées sont maintenant aux mains des salafistes qui ont évincé les imams traditionnels sans que le pouvoir ne réagisse. Selon certains membres des services de sécurité, nombre de ces mosquées seraient transformées en dépôt d’armes. Quand on sait la tension sécuritaire existant actuellement dans le pays, la mort de plusieurs soldats en opération contre un groupe djihadiste dans le mont Châambi, l’incapacité du gouvernement à retrouver les assassins des députés Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, on peut se poser un certain nombre de questions sur les volontés réelles du pouvoir.

Ainsi, il y a peu, le porte-parole du groupe salafiste Ansar al-Charia déclarait, sur un plateau de télévision, vénérer la mémoire de Ben Laden et adhérer pleinement à l’idéologie d’al-Qaida. Il a, depuis, été intégré au ministère de l’Éducation nationale! Lors d’un concours pour intégrer le corps de police, l’une des questions posées portait sur la date à laquelle avait eu lieu la première amputation d’une main féminine (et n’a été retirée qu’après le tollé provoqué)! Le chef d’Ansar al-Charia n’est autre que Abou Iyadh, aujourd’hui en fuite après l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis. Et plusieurs de ses membres sont soupçonnés d’avoir participé à l’assassinat de Belaïd et Brahmi. Quoi d’étonnant lorsqu’on se souvient que Rachid Ghannouchi discourait sur ses «enfants, les salafistes djihadistes qui me rappellent ma jeunesse» ou que le premier ministre, Ali Larayedh, ne voulait voir dans les camps d’entraînement djihadistes tunisiens que «des individus qui faisaient du sport» (sic)? C’est cela aussi que refusent ces Tunisiens, musulmans qui manifestent contre Ennahdha et leur vision étroite et rigoriste de l’Islam prenant sa source dans le wahhabisme, loin de l’histoire de la Tunisie moderne.

P.B, envoyé spécial de L’Humanité à Tunis.