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Comme l’Irak, la Libye est désormais divisée en trois


26 Octobre 2012

Nicolas Sarkozy et BHL ont fait en Libye ce que George W.Bush et Paul Wolfowitz ont fait en Irak. Moins de deux ans après la « libération » de la Libye, ce pays est en ruine : aucun pouvoir central, trois régions autonomes se profilent, l’économie est en berne, des islamistes terrorisent la population, ou ce qu’il en reste, puisqu’on estime le nombre de Libyens qui ont quitté leur pays à un 1 million. Sarkozy et BHL disent avoir voulu éviter à la Libye « un bain de sang »…en faisant près de 70000 morts, principalement des civils. Depuis un mois, dans le silence le plus total des médias français, un génocide est en cours à Bani Walid.


Par Bernard Lugan*

Comme l’Irak, la Libye est désormais divisée en trois
Un an après la fin du régime du colonel Kadhafi, la  Libye est coupée en trois :
 - En Cyrénaïque où deux guerres se déroulent, les fondamentalistes musulmans dont le fief est la ville de Derna s’opposent aux « traditionalistes » rassemblés derrière les confréries soufies cependant que les partisans d’une Libye bicéphale, fédérale ou confédérale refusent l’autorité de Tripoli.

 - En Tripolitaine, la ville de Misrata dont est originaire le général Youssef al-Mangouch, à la fois chef de l’armée et coordinateur des milices « ralliées » au pouvoir de Tripoli, tente de prendre le contrôle de toute la région. Auréolées par la capture de l’ancien guide, ses forces viennent de s’emparer de la ville de Bani Walid, « capitale » de la tribu des Warfalla [1]. Dans la lutte traditionnelle contre ses rivaux du sud, Misrata a donc  marqué un point.

Dans l’ouest de la Tripolitaine, les milices berbères (berbérophones ou arabophones) du jebel Nefusa jouent une carte clairement régionale cependant que le «pouvoir central» de Tripoli doit négocier avec les diverses milices pour tenter d’exister.

 - Le grand sud est devenu une zone grise où le « pouvoir », ancré sur le littoral méditerranéen n’est obéi ni des Touareg, ni des Toubou, ces derniers devant périodiquement faire face à des raids lancés contre eux par des tribus arabes.

 L’attaque contre Bani Walid était destinée à conforter la domination de Misrata sur la Libye centrale tout en affaiblissant les forces de l’ouest de la Tripolitaine en faisant tomber leur « allié » warfalla. Le prétexte de ce rezzou tribal fut la mort d’Omran Ben Chaaban Osman, un des assassins du colonel Kadhafi. Blessé à Bani Walid lors d’une précédente tentative de prise de la ville par les miliciens de Misrata, il y fut fait prisonnier  et longuement torturé. Finalement libéré aux termes de ténébreuses tractations, c’est aux frais du contribuable français qu’il fut transporté à Paris par avion sanitaire pour y être soigné. Il y mourut dès son arrivée.

 Désormais, dépendant totalement de Misrata, la seule marge de manœuvre du « gouvernement » de Tripoli va être de louvoyer entre ses puissants soutiens et les autres milices… jusqu’au prochain épisode car les différentes composantes tribalo miliciennes de Libye sont unies dans une commune détestation des habitants de Misrata…
Dans un proche avenir nous allons assister à une crispation sur le front ouest où l’armée gouvernementale - lire les milices de Misrata -, va tenter de mettre au pas les forces du jebel Nefusa et de Zenten. Le prétexte de la guerre tribale qui s’annonce sera le sort de Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi que les miliciens de l’ouest refusent de remettre aux autorités de Tripoli. Cette question sera un test permettant de mesurer le véritable rapport de force sur le terrain.

*Bernard Lugan.
Docteur en Histoire, il est l’un des meilleurs spécialistes de l’Afrique et de la francophonie. Son blog officiel est incontournable pour les africanistes et pour ceux qui s’intéressent à la géopolitique. Maître de conférences à l’Université Lyon III, à l’Institut des Hautes Etudes de Défense nationale ainsi qu’à l’Ecole de guerre, il est le fondateur, en 1993, de la remarquable revue L’Afrique réelle. Auteurs de plusieurs ouvrages, Bernard Logan a reçu le prix Louis-Marin de l’Académie française, pour son livre « Huguenots et Français, ils ont fait l’Afrique », publié en 1988 aux éditions La Table Ronde.  




           

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