Encore deux autres prêts pour la Tunisie...sinon c'est la faillite!


6 Février 2018

Selon l’auteur de cet article dont le titre est de la rédaction, la Tunisie s’apprête à s’engager pour un autre crédit de 850 millions d’euros avec un taux d’intérêt de 5,62%. C’est du moins le désir du gouvernement tunisien, mais celui-ci n’a pas le choix. Pour payer les fonctionnaires et maintenir les finances du pays en vie, ce gouvernement serait prêt à s’engager pour un crédit même à 7%. Autre point à vérifier, la Tunisie n’aurait besoin d’une «garantie d’un pays ou d’une institution financière étrangère ». C’était le cas avant 2011 ! Par ailleurs, suite à la délibération du Conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) du 2 février 2018, l'institut d'émission s’apprête à émettre, au nom de l’Etat tunisien, un emprunt obligataire sur le marché financier international pour lever un milliard de dollars, dans le cadre de la mobilisation des ressources extérieures au profit du budget de l’Etat.


Après validation de la Commission des Finances de l'ARP, l’Etat tunisien s’apprête à sortir sur les marchés internationaux pour emprunter 850 Millions d’Euros, sans garantie d’un pays ou d’une institution financière étrangère. Il s’agit d’un emprunt obligataire remboursable in fine, au bout de 7 ans, principal et intérêts compris. Le taux proposé aux investisseurs serait de 5,625% (ambitieux…).
Plusieurs points:

* En EUR, cet emprunt devrait nous coûter dans les 200 Millions d’intérêts à verser dans 7 ans avec les 850 millions reçus en 2018.
* En effet de change TND/EUR, si l’on part de l’hypothèse que 1 EUR = 3 TND aujourd’hui et = 3,5 TND dans 7 ans alors :
=> L’équivalent TND reçu en 2018 serait de 850 x 3 = 2550 Millions de TND
=> L’équivalent TND à débourser le jour du remboursement de l’emprunt dans 7 ans serait de (850 + 200) x 3,5 = 3675 Millions de TND.

En gros, si le taux de change continue de nous être défavorable dans les prochaines années, cet emprunt pourrait nous coûter jusqu'à 3675 – 2550 = 1125 Millions de TND.

Pour les rembourser, il faut :

1) Veiller à ce que cet argent ne soit pas dépensé pour financer des importations de voitures et de vêtements, mais dans des équipements industriels à valeur ajoutée et dans l’infrastructure routière, ferroviaire et portuaire,

2) Booster les exportations, soutenir l’investissement étranger, faire revenir la production de phosphates et les touristes, et augmenter significativement la productivité des facteurs de production dans tous les secteurs, administration publique en tête !

Achraf Ayadi, économiste et spécialiste en finances.