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Il y a 20 ans, Jacques-Marie Bourget se faisait sniper par Tsahal


20 Octobre 2016

Le 21 octobre 2000, armé d’un fusil d’assaut M-16, un tireur israélien répond aux ordres de sa hiérarchie, loge une balle à haute vitesse dans la poitrine d’un journaliste français alors en reportage à Ramallah, en Palestine occupée. Jacques-Marie Bourget, au moment des faits, envoyé spécial de Paris-Match, échappe par miracle à la mort. Ce sont des médecins palestiniens qui lui sauveront la vie. De retour en France, il déposera plainte contre X devant le TGI pour « tentative d’assassinat ». Vingt ans après, handicapé à 45%, le grand reporter de Paris-Match se bat encore pour obtenir réparation.


Le 21 octobre 2000, Jacques-Marie Bourget entouré par des urgentistes Palestiniens. Il venait de se faire sniper par un tireur "ami" à la France!
Le 21 octobre 2000, Jacques-Marie Bourget entouré par des urgentistes Palestiniens. Il venait de se faire sniper par un tireur "ami" à la France!
C’est l’histoire d’un grand journaliste français comme il n’y en a plus beaucoup au pays des Lumières éteintes, celui d’Emile Zola, d’Hubert Beuve-Méry, d’André Fontaine et de Paul-Marie de La Gorce. C’est l’histoire d’un journaliste pro-palestinien qui avait le sens de la déontologie et le devoir de dire la vérité même si elle blesse ou qu’elle doit vous coûter cher.

Qui est d’abord Jacques-Marie Bourget ?

Considéré comme l’un des meilleurs Grands reporters en France, Jacques-Marie Bourget a commencé sa carrière à l’ORTF, devenu par la suite Radio France. Il a fait sa carrière au sein de l’Express, Paris-Match et VSD. Reporter de guerre, il a couvert le conflit du Viet Nam, celui du Liban, la première guerre du Golfe contre l’Irak, la guerre de Bosnie-Herzégovine, sans oublier la première et seconde Intifida. En octobre 2000, à Ramallah, il a été gravement blessé par un tir de l’armée israélienne, qui a par la suite compliqué son évacuation vers la France. C’est sur intervention ferme de Jacques Chirac auprès d’Ehud Barak qu’il a été finalement rapatrié en France. 

C’est Jacques-Marie Bourget qui a révélé l’affaire Greenpeace, ce qui lui a valu le prix « Scoop » en 1986. Journaliste courageux et aux antipodes du médiatiquement et politiquement correct, il a été élevé par le président Jacques Chirac au rang de chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur. 

Jacques-Marie Bourget est aussi un écrivain. Il est l’auteur et coauteur d’une dizaine de livres, notamment « Des Affaires très spéciales, 1981-1985 », éditions Plon, 2000, « Sabra et Chatila, au cœur du massacre », éditions Eric Bonnier, 2012, et « Le vilain petit Qatar. Cet ami qui nous veut du mal », publié aux éditions Fayard, en 2013.

« Tué » par un israélien, ressuscité par un palestinien  
  

Le 21 octobre 2000, alors qu’il était en reportage à Ramallah pour le célèbre magazine Paris-Match, Jacques-Marie Bourget est ciblé par un tireur ami de la France, un sniper israélien. La balle perfore son poumon et rate de près son cœur. Face à l’obstination des autorités israéliennes de l’admettre en hospitalisation, ce sont des médecins palestiniens qui vont réaliser le miracle avec les moyens du bord. Même en Palestine un malheur peut faire un bonheur, les chirurgiens de Ramallah ont une telle habitude en matière de blessures par armes à feu, qu’ils réussissent à sauver la peau du journaliste.

Son retour en France est tout aussi rocambolesque puisque le gouvernement de Tel Aviv refuse l’évacuation du miraculé de Ramallah vers Paris. Il va falloir que Jacques Chirac, alors président, se mette en colère pour que « l’otage » blessé soit libéré. Après quarante-huit heures passées à l’hôpital du Croissant rouge, J.M.Bourget est évacué vers Paris par avion spécial envoyé par le Président Chirac.

En France, son calvaire va continuer avec les opérations chirurgicales qui se succèdent, et en janvier 2002, après une longue convalescence dont il sortira avec un grave handicap, J.Marie Bourget dépose plainte contre X pour « tentative d’homicide volontaire ». Après une interminable procédure, le 24 mai 2011, la justice française déclare un non-lieu, car le Tribunal de grande instance a estimé que J.B.Bourget n’est pas une victime puisque son statut est celui d’un soldat ! En appel, les juges du TGI donnent raison à l’ex grand Reporter de Paris-Match et estime qu’il a droit à une indemnisation. Mais voilà que le Fonds de Garantie, placé sous l’autorité du gouvernement français, lui conteste cette qualité ! C’est l’affaire que racontera Etienne Pellot, dans son article « Il faut sauver le soldat Bourget ! », publié à Mediapart le 8 février 2016.

De la douleur morale et physique à la torture politico-judiciaire

Pendant plus de trois ans, en dépit d’une Convention d’entraide franco-israélienne, l’Etat hébreu refuse de répondre aux Commissions rogatoires lancées par la Justice française. Finalement l’Etat hébreu fait savoir qu’il n’a pas l’intention de collaborer avec la France. En 2011, plus de dix années après la blessure du journaliste, le TGI de Paris, faute de pouvoir instruire, rend un « non-lieu ». 

William Bourdon, l’avocat de J.M. Bourget se retourne alors vers la CIVI, organisme en charge de l’indemnisation des victimes. Dans un premier jugement, le journaliste est débouté dans des termes pour le moins surprenants. Pour les magistrats, un journaliste en zone de conflit est un soldat. Mieux, « donner raison à Bourget serait désavouer une décision prise par un fonctionnaire israélien, Etat démocratique ». En d’autres termes, « Si quelqu’un a décidé de tirer sur le journaliste, il avait de bonnes raisons » ! 

Le 21 septembre 2015, en appel, la raison a heureusement fait la rencontre du tribunal : « En toutes circonstances un journaliste reste un civil qu’il faut protéger, J.M. Bourget est une victime ». Ouf, les Conventions de Genève et d’Athènes sont appliquées. Un grand pas pour la liberté de la presse… et la raison cartésienne. Mais la joie est brève : le Fond de Garantie, celui qui doit indemniser le grand-reporter, décide de se porter en cassation. 

L’affaire pourrait passer pour un banal ping-pong judiciaire. Pas du tout. Il faut savoir que le Fond de Garantie est un organisme placé sous la tutelle de l’Etat. Que ce sont donc François Hollande, et la pyramide de responsables placés sous ses ordres, qui ont décidé qu’un journaliste en zone de conflit est un soldat ! Un soldat sans fusil d’assaut M-16 et avec pour seule arme sa plume.
 
Nebil Ben Yahmed


           


1.Posté par L arabe le 24/10/2016 18:26 (depuis mobile)
Dites l armée israélienne. ...pourquoi parlé par énigme?

2.Posté par Youssef le 08/11/2016 16:17
Z'êtes sûr qu'il ne faut pas le béatifier ce Jacques-Marie Bourget ? Un grand journaliste de la la trempe de Beuve-Mery (Rien que ça ..), même amoché à 42%, ça vaut son pesant d'attention, non ? En plus, élevé au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur.

Quel dommage pour ce grand homme si dévoué aux Arabes et à la cause Palestinienne. Qu'est-ce qu'il doit s'ennuyer, heureusement qu'il lui reste ses yeux et ses doigts :D

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