Il m'arrive très souvent de me promener dans Tunis, avec un œil attentif pour regarder vivre cette société Tunisienne, enfin libérée dit on, d'un demi siècle de sevrage intellectuel et d'absence de vie, culturelle, médiatique et politique. Un demi siècle qui semble t'il a consacré selon la phrase célèbre de Hassan II a propos de Kadhafi le désert des idées ....!
Admettons que tout cela est vrai , ce qui est en soit une insulte à toutes ces générations d'intellectuels et de militants, de Mai 68, Janvier 78, et même de novembre 87, qui ont constitué sans nul doute la fierté de cette Tunisie et sa matière grise, comme ne cessait de le répéter Bourguiba .
Seulement tout le monde a pu applaudir les événements du 14 janvier 2014, comme il l'a fait par ailleurs un certain 7 novembre 1987. La joie fut d'autant plus grande que cet événement spontané et populaire émanait de la base, son crédit fut certainement son assise populaire et l'adhésion de toutes les catégories sociales qui voulaient en découdre avec un régime qui n'a, avouons le, que trop duré. De ce fait cet événement n'a rien à voir avec la révolution de Palais qui a caractérisé le 7 Novembre 1987. En pareilles circonstances, on était en droit de penser comme on l'a fait depuis toujours, même quand on servait la République Tunisienne et son régime, que les Tunisiennes et les Tunisiens méritaient amplement cette vague de liberté individuelle et collective dans le but de parfaire le développement harmonieux de cette société moderne et éduquée, souvent citée en exemple parmi les sociétés arabo - musulmanes.
En effet, on disait à la veille des dernières élections que la Tunisie était sur le point de réussir ses premières élections pluralistes et démocratiques de son histoire moderne parce qu'elle avait les moyens de les réussir. Une population éduquée, un statut de la femme incomparable dans le monde arabe, une jeunesse mondialisée et des ressources humaines à même de relever les défis du développement. L'islam, religion de l'Etat et celui de 99% des Tunisiens, est un islam sunnite tolérant parfaitement compatible, nous dit on, avec la modernité et la démocratie. Premier pays de la rive sud de la Méditerranée à signer l'accord d'association avec l'UE en 1995, la Tunisie jouit aujourd'hui d'un statut de voisin privilégie de l'Europe. Historiquement pays de compromis, la Tunisie devrait s'efforcer à rétablir ce statut privilégié disait-on après les élections, en préconisant l'union nationale et la réconciliation de tous les Tunisiens avec eux mêmes et leur histoire commune depuis 1955.
Qu'en est- il de tout cela ...?
Si l'économie et principalement le tourisme sont les secteurs qui ont le plus souffert des événements de janvier 2011, ce dernier ne sortira certainement pas indemne des derniers attentats du 18 Mars 2015 au Musée du Bardo, force est de constater qu'après quatre années de turbulence politique, cette même population tunisienne pourtant initiatrice de ce printemps arabe, réclame avec insistance un retour au calme et à la sécurité, qui ont toujours caractérisé la Tunisie, tout en préservant les valeurs de liberté de transparence et de bonne gouvernance pour lesquelles le 14 janvier a vu le jour.
C'est précisément à dessein que les acteurs politiques lucides ont préconisé le consensus national comme remède adéquat pour cette période de transition politique vers la Démocratie, mais pour cela, il faut rétablir l'harmonie sociale et remettre les Tunisiens au travail.
Où en sommes nous et dans quelle direction sommes nous engagés ..?
La réponse à cette question, Je l'ai obtenu cette semaine en traversant de bout en bout Tunis, et en suivant de manière assidue, une fois n'est pas coutume, l'actualité tunisienne à travers la presse écrite et télévisuelle. Le résultat est affligeant ...!
Tout d'abord une attitude générale à la gabegie dans ce petit pays, où le semblant de l'ordre public dans le temps, qui fut généré certes par la peur, mais conférait un semblant de quiétude pour les citoyens que nous sommes. Aujourd'hui, on brûle les feux rouges comme bon nous semble sous l'œil complaisant de l'agent de police accroché a son téléphone portable ...! on jette nos ordures ménagères n'importe ou, sans que les agents municipaux ne daignent se manifester occupés qu'ils sont à revendiquer leur statut social et une augmentation de salaire, même situation pour les enseignants du primaire et du secondaire sensés former les générations futures, qui assistaient depuis longtemps déjà à une dégradation lamentable de l'école publique, sans réagir, ont décidé tout d'un coup d'une augmentation de salaire en se souciant comme d'une guigne, du contenu des programmes et de l'environnement scolaire dans lequel ils évoluent et dont ils sont autant responsables que les élèves et leurs parents.
Je ne parle pas assez de cette administration publique qui a certes eu l'avantage de résister au tout début de la révolution à sa déliquescence, mais qui se trouve réduite aujourd'hui à son stricte rôle de routine administrative, sans état d'âme, ni effort, ni initiative, ou le fonctionnaire s'y rend quelques minutes par jour pour faire autre chose de sa journée, et arrondir ses fins de mois difficiles, sans que son supérieur hiérarchique, ou même le ministre en personne ne fasse quoique ce soit.
C'est la révolution dit-on ...! Il n'y a plus de dictature en Tunisie, entre temps le bateau Tunisie coule ...et bientôt nous coulerons tous avec ...! Je passe sur les secteurs économiques vitaux comme celui des phosphates et autres entreprises qui ne font que gérer des crises interminables entre employeurs et employés sans que l´UGTT, ni l'UTICA d'ailleurs ne prennent les choses en mains.
Quand à Tunis, cette ville pourtant agréable à voir jusque là, et que les touristes aiment visiter pour contempler ses monuments historiques, ses restaurants typiques à la médina et son souk, elle offre désormais une image de désolation, une saleté chronique dans les rues et du fils barbelés entourant tous les édifices publics et culturels ne faisant qu'augmenter le sentiment d'insécurité déjà élevé, depuis qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion...!
Pourtant je ne souhaite pas que la Tunisie, sombre de nouveau dans la dictature, ni même revenir à un régime autocratique. Appartenant à une génération qui a grandi avec les valeurs universelles de liberté et de démocratie, je persiste à croire que notre pays est a même de relever ce défi politique depuis le 14 janvier 2011.
Si l'appel à la réconciliation nationale, pourtant nécessaire a cette étape, préconisé par BCE, n'a pas eu l’écho escompté, c'est parce qu'il a été énoncé sans en définir le contenu, ce qui a permis cette vague contraire et de protestation, qui a déjà commencé par les apprentis sorciers de la politique qui bercent nos soirées TV depuis un certain 14 janvier 2011.
Une réconciliation nationale, ne veut pas dire une absolution des fautes commises auparavant par les décideurs politiques et les opérateurs économiques, mais elle nécessite un devoir de vérité d'abord et de réconciliation par la suite. Au lieu de cela, la troïka nous a gratifié d'une instance de " justice " traditionnelle, présidée par une personne qui n'a ni le qualificatif, ni l'envergure, et qui est en tout état de cause partie prenante du conflit. À suivre ses déclarations depuis le 14 janvier 2011, elle n'incarne comme beaucoup d'autres hélas, que rancune et malveillance. Personnellement, je réclame ce devoir de vérité qui permettra certainement à ces révolutionnaires de circonstance de réaliser que l'événement du 14 Janvier est loin d'être une révolution populaire, en espérant qu'ils arrêtent d'utiliser ce fond de commerce d'une part, et que la justice pénale ou civile est la seule habilitée à juger des malversations économiques et financières qui ont entaché l'image de l'ancien régime et la punition de ceux qui ont délibérément viole les lois de la république ou tuer ou emprisonner des innocents d'autre part.
Force est de constater qu'on est loin en Tunisie de cet état d'esprit et qu'à ce jour, ne demeurons encore à la croisée des chemins. Les dernières élections pluralistes qui avaient donné un large espoir de stabilisation de la vie politique et économique du pays n'ont à ce jour pas convaincu même les plus optimistes d'entre nous. Une dose patriotique manque à cette nouvelle alchimie Tunisienne et une fermeté dans les décisions et la gestion des affaires de l'Etat manque à ce jour cruellement. Il est vrai qu'on n'a pas la tradition du vivre ensemble en Tunisie avec des couleurs politiques différentes, mais une coalition gouvernementale se doit d'être soudée autour de certains dossiers comme la sécurité intérieure et le terrorisme, la diplomatie, le rapport avec les partenaires sociaux et notamment l'UGTT, mais ceci ne semble pas être le cas.
Pour cette dernière, l'Etat doit préconiser un moratoire pour les revendications sociales pour au moins trois années, à charge pour l'Etat de garantir le pouvoir d'achat du citoyen, en contrôlant de manière efficace les circuits de distribution et autres pratiques inflationnistes préconisées par une nouvelle horde de commerçants sans morale et sans contrôle. Dieu nous a bénis de deux années successives de récoltes agricoles sans précédent et une pluviométrie conséquente depuis trois années déjà, il est impensable qu'aujourd'hui le coût du couffin de la ménagère ne cesse d'augmenter ...?
La fermeté doit être de mise, la récréation est terminée, la démocratie sans obligation et sans travail est comme le marxisme, basé sur la répartition équitable des richesses, s'il n'y a pas de capital on ne peut que se partager la pauvreté.
Dr Mohamed Sahbi Basly, ancien Ambassadeur de Tunisie en Inde, en Espagne et en Chine
Admettons que tout cela est vrai , ce qui est en soit une insulte à toutes ces générations d'intellectuels et de militants, de Mai 68, Janvier 78, et même de novembre 87, qui ont constitué sans nul doute la fierté de cette Tunisie et sa matière grise, comme ne cessait de le répéter Bourguiba .
Seulement tout le monde a pu applaudir les événements du 14 janvier 2014, comme il l'a fait par ailleurs un certain 7 novembre 1987. La joie fut d'autant plus grande que cet événement spontané et populaire émanait de la base, son crédit fut certainement son assise populaire et l'adhésion de toutes les catégories sociales qui voulaient en découdre avec un régime qui n'a, avouons le, que trop duré. De ce fait cet événement n'a rien à voir avec la révolution de Palais qui a caractérisé le 7 Novembre 1987. En pareilles circonstances, on était en droit de penser comme on l'a fait depuis toujours, même quand on servait la République Tunisienne et son régime, que les Tunisiennes et les Tunisiens méritaient amplement cette vague de liberté individuelle et collective dans le but de parfaire le développement harmonieux de cette société moderne et éduquée, souvent citée en exemple parmi les sociétés arabo - musulmanes.
En effet, on disait à la veille des dernières élections que la Tunisie était sur le point de réussir ses premières élections pluralistes et démocratiques de son histoire moderne parce qu'elle avait les moyens de les réussir. Une population éduquée, un statut de la femme incomparable dans le monde arabe, une jeunesse mondialisée et des ressources humaines à même de relever les défis du développement. L'islam, religion de l'Etat et celui de 99% des Tunisiens, est un islam sunnite tolérant parfaitement compatible, nous dit on, avec la modernité et la démocratie. Premier pays de la rive sud de la Méditerranée à signer l'accord d'association avec l'UE en 1995, la Tunisie jouit aujourd'hui d'un statut de voisin privilégie de l'Europe. Historiquement pays de compromis, la Tunisie devrait s'efforcer à rétablir ce statut privilégié disait-on après les élections, en préconisant l'union nationale et la réconciliation de tous les Tunisiens avec eux mêmes et leur histoire commune depuis 1955.
Qu'en est- il de tout cela ...?
Si l'économie et principalement le tourisme sont les secteurs qui ont le plus souffert des événements de janvier 2011, ce dernier ne sortira certainement pas indemne des derniers attentats du 18 Mars 2015 au Musée du Bardo, force est de constater qu'après quatre années de turbulence politique, cette même population tunisienne pourtant initiatrice de ce printemps arabe, réclame avec insistance un retour au calme et à la sécurité, qui ont toujours caractérisé la Tunisie, tout en préservant les valeurs de liberté de transparence et de bonne gouvernance pour lesquelles le 14 janvier a vu le jour.
C'est précisément à dessein que les acteurs politiques lucides ont préconisé le consensus national comme remède adéquat pour cette période de transition politique vers la Démocratie, mais pour cela, il faut rétablir l'harmonie sociale et remettre les Tunisiens au travail.
Où en sommes nous et dans quelle direction sommes nous engagés ..?
La réponse à cette question, Je l'ai obtenu cette semaine en traversant de bout en bout Tunis, et en suivant de manière assidue, une fois n'est pas coutume, l'actualité tunisienne à travers la presse écrite et télévisuelle. Le résultat est affligeant ...!
Tout d'abord une attitude générale à la gabegie dans ce petit pays, où le semblant de l'ordre public dans le temps, qui fut généré certes par la peur, mais conférait un semblant de quiétude pour les citoyens que nous sommes. Aujourd'hui, on brûle les feux rouges comme bon nous semble sous l'œil complaisant de l'agent de police accroché a son téléphone portable ...! on jette nos ordures ménagères n'importe ou, sans que les agents municipaux ne daignent se manifester occupés qu'ils sont à revendiquer leur statut social et une augmentation de salaire, même situation pour les enseignants du primaire et du secondaire sensés former les générations futures, qui assistaient depuis longtemps déjà à une dégradation lamentable de l'école publique, sans réagir, ont décidé tout d'un coup d'une augmentation de salaire en se souciant comme d'une guigne, du contenu des programmes et de l'environnement scolaire dans lequel ils évoluent et dont ils sont autant responsables que les élèves et leurs parents.
Je ne parle pas assez de cette administration publique qui a certes eu l'avantage de résister au tout début de la révolution à sa déliquescence, mais qui se trouve réduite aujourd'hui à son stricte rôle de routine administrative, sans état d'âme, ni effort, ni initiative, ou le fonctionnaire s'y rend quelques minutes par jour pour faire autre chose de sa journée, et arrondir ses fins de mois difficiles, sans que son supérieur hiérarchique, ou même le ministre en personne ne fasse quoique ce soit.
C'est la révolution dit-on ...! Il n'y a plus de dictature en Tunisie, entre temps le bateau Tunisie coule ...et bientôt nous coulerons tous avec ...! Je passe sur les secteurs économiques vitaux comme celui des phosphates et autres entreprises qui ne font que gérer des crises interminables entre employeurs et employés sans que l´UGTT, ni l'UTICA d'ailleurs ne prennent les choses en mains.
Quand à Tunis, cette ville pourtant agréable à voir jusque là, et que les touristes aiment visiter pour contempler ses monuments historiques, ses restaurants typiques à la médina et son souk, elle offre désormais une image de désolation, une saleté chronique dans les rues et du fils barbelés entourant tous les édifices publics et culturels ne faisant qu'augmenter le sentiment d'insécurité déjà élevé, depuis qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion...!
Pourtant je ne souhaite pas que la Tunisie, sombre de nouveau dans la dictature, ni même revenir à un régime autocratique. Appartenant à une génération qui a grandi avec les valeurs universelles de liberté et de démocratie, je persiste à croire que notre pays est a même de relever ce défi politique depuis le 14 janvier 2011.
Si l'appel à la réconciliation nationale, pourtant nécessaire a cette étape, préconisé par BCE, n'a pas eu l’écho escompté, c'est parce qu'il a été énoncé sans en définir le contenu, ce qui a permis cette vague contraire et de protestation, qui a déjà commencé par les apprentis sorciers de la politique qui bercent nos soirées TV depuis un certain 14 janvier 2011.
Une réconciliation nationale, ne veut pas dire une absolution des fautes commises auparavant par les décideurs politiques et les opérateurs économiques, mais elle nécessite un devoir de vérité d'abord et de réconciliation par la suite. Au lieu de cela, la troïka nous a gratifié d'une instance de " justice " traditionnelle, présidée par une personne qui n'a ni le qualificatif, ni l'envergure, et qui est en tout état de cause partie prenante du conflit. À suivre ses déclarations depuis le 14 janvier 2011, elle n'incarne comme beaucoup d'autres hélas, que rancune et malveillance. Personnellement, je réclame ce devoir de vérité qui permettra certainement à ces révolutionnaires de circonstance de réaliser que l'événement du 14 Janvier est loin d'être une révolution populaire, en espérant qu'ils arrêtent d'utiliser ce fond de commerce d'une part, et que la justice pénale ou civile est la seule habilitée à juger des malversations économiques et financières qui ont entaché l'image de l'ancien régime et la punition de ceux qui ont délibérément viole les lois de la république ou tuer ou emprisonner des innocents d'autre part.
Force est de constater qu'on est loin en Tunisie de cet état d'esprit et qu'à ce jour, ne demeurons encore à la croisée des chemins. Les dernières élections pluralistes qui avaient donné un large espoir de stabilisation de la vie politique et économique du pays n'ont à ce jour pas convaincu même les plus optimistes d'entre nous. Une dose patriotique manque à cette nouvelle alchimie Tunisienne et une fermeté dans les décisions et la gestion des affaires de l'Etat manque à ce jour cruellement. Il est vrai qu'on n'a pas la tradition du vivre ensemble en Tunisie avec des couleurs politiques différentes, mais une coalition gouvernementale se doit d'être soudée autour de certains dossiers comme la sécurité intérieure et le terrorisme, la diplomatie, le rapport avec les partenaires sociaux et notamment l'UGTT, mais ceci ne semble pas être le cas.
Pour cette dernière, l'Etat doit préconiser un moratoire pour les revendications sociales pour au moins trois années, à charge pour l'Etat de garantir le pouvoir d'achat du citoyen, en contrôlant de manière efficace les circuits de distribution et autres pratiques inflationnistes préconisées par une nouvelle horde de commerçants sans morale et sans contrôle. Dieu nous a bénis de deux années successives de récoltes agricoles sans précédent et une pluviométrie conséquente depuis trois années déjà, il est impensable qu'aujourd'hui le coût du couffin de la ménagère ne cesse d'augmenter ...?
La fermeté doit être de mise, la récréation est terminée, la démocratie sans obligation et sans travail est comme le marxisme, basé sur la répartition équitable des richesses, s'il n'y a pas de capital on ne peut que se partager la pauvreté.
Dr Mohamed Sahbi Basly, ancien Ambassadeur de Tunisie en Inde, en Espagne et en Chine