Le contre-amiral Kamel Akrout, de « l’exil » forcé au palais de Carthage


28 Décembre 2014

Moncef Marzouki l’avait écarté de la Sécurité militaire, fragilisant ainsi l’armée face aux terroristes. Béji Caïd Essebsi le rappelle d’Abu-Dhabi pour faire de ce soldat patriote son principal conseiller militaire. Quelle lecture donner de ce changement hautement symbolique…et stratégique ?


Le 25 juillet 2013, au palais du Bardo. De gauche à droite: chef d'état-major de l'armée de l'air Taïeb Laajimi, général de brigade Mohamed Salah Hamdi, contre-Amiral Kamel Akrout, chef d'état-major de la marine Mohamed Khamassi, colonel major Mohamed Nejib Jelassi.
Si pour Rached Ghannouchi l’armée n’était pas encore « fiable et acquise »  à la cause islamiste –c’est ce qu’il a confié à ses adeptes salafistes dans une vidéo fuitée en octobre 2012-, pour Moncef Marzouki, elle est devenue sa principale pathologie après la mise à l’écart des Frères musulmans par le général Abdelfattah al-Sissi. Le mercenaire No 1 du Qatar ne voyait pas le danger du côté des terroristes et des criminels dont il avait amnistiés un grand nombre, mais du côté de l’armée nationale qui est censée avoir « protégée la révolution du jasmin » et dont le chef suprême est censé avoir dit « Non à Ben Ali » !

La phobie marzoukienne du coup d’Etat

Craignant un coup d’Etat qui n’avait aucune chance de se produire, nos « libérateurs » américains et Qataris veillant scrupuleusement à la « dignité » et à la « liberté » du peuple tunisien, Moncef Marzouki a entrepris une vaste purge dans les rangs des hauts officiers aux commandes des trois armées. C’est ainsi que le 22 août 2013, sans informer son ministre de la Défense et avec pour seul critère ses considérations régionalistes, il a remplacé le général de brigade Mohamed Nejib Jelassi, pourtant chouchou du très docile Rachid Ammar, par le général de brigade Béchir Bédoui, en tant que chef d’état-major de l’armée de l’air. Il a aussi nommé le général de brigade Nouri Ben Taous directeur général de la Sécurité militaire, en remplacement du contre-amiral Kamel Akrout, écarté en tant qu’attaché militaire au sein de l’ambassade de Tunisie à Abou-Dhabi. Troisième haut gradé mis à l’index par l’usurpateur de Carthage, le général de division Taïeb Laajimi, inspecteur général des forces armées, qui est remplacé par le général de brigade Mohamed Nafti.

A l’époque, le général Mohamed Nejib Jelassi avait publiquement refusé sa nomination au poste frigorifique de directeur général de la coopération et des relations internationales au ministère de la Défense nationale, considérant ce mouvement en général comme une « humiliation sans précédant dans l’histoire de l’institution militaire ». Menaçant de prendre sa retraite, il avait fini par accepter le poste d’attaché militaire à l’ambassade de Tunisie au Canada. Des informations émanant du ministère de la Défense indiquaient que l’inspirateur de cette purge déguisée était le colonel-major Brahim Ouechtati, dont Moncef Marzouki avait fait son conseiller chargé des affaires militaires, le 22 septembre 2012. Or, qui est Brahim Ouechtati ?

Brahim Ouechtati, de la culture des tomates au palais de Carthage

Selon nos confrères de Business News (27 août 2013), ce colonel-major élevé au grade de général par Moncef Marzouki, « cultivait des tomates, à ses heures perdues, dans un domaine de près de sept hectares à Borj El Amri où il est bien connu » et il « avait occupé, avant de s’installer à Carthage, le poste de directeur de l’Institut de la Défense nationale (IDN) et celui de l’Ecole de guerre ». Elément important de son parcours, qui n’a pas échappé à Moncef Marzouki ( !), Brahim Ouechtati a été attaché militaire à l’ambassade de Tunisie auprès des Etats-Unis d’Amérique !

Le cultivateur de tomates à Borj El-Amri…et à Washington avait toutes les raisons de suggérer à son président-mercenaire l’éloignement du contre-amiral Kamel Akrout. Outre sa haute compétence, Kamel Akrout a fait preuve de patriotisme dès janvier 2011, lorsqu’il a compris que quelque chose se tramait contre la souveraineté de la Tunisie. On ne dira pas plus pour ne pas donner aux traîtres, aux mercenaires et aux cyber-collabos l’occasion de mener campagne contre la nomination de ce vaillant soldat en tant que conseiller militaire auprès du président Béji Caïd Essebsi !

Le contre-amiral Kamel Akrout a payé le prix de son patriotisme

On peut par contre révéler que « l’exil » forcé de Kamel Akrout n’avait aucun lien avec un quelconque règlement de compte entre le général qui a dit « Oui au Pentagone », avant de déserter un certain 24 juin 2013, et le président-usurpateur qui a dit « Oui, oui, oui » à Hamad, l’oligarque du Qatar et le protecteur des islamo-terroristes. Le contre-amiral Kamel Akrout a été écarté de la Direction Générale de la Sécurité Militaire parce qu’il avait vu juste quant aux attaques imminentes des terroristes et anticipé le carnage de nos soldats à Djebel Chaâmbi. Il était déjà mis à l’index depuis qu’il a mis en garde sa hiérarchie de l’infiltration de certains services de sécurité et du recrutement des djihadistes dans les mosquées tunisiennes.
                 
Dans un article de Jeune Afrique, publié le 27 juillet 2014, sous le titre de « Tunisie : Mehdi Jomâa et les leçons de Henchir Talla », on apprend que la mesure d’éloignement de Kamel Akrout a fragilisé le renseignement militaire dans sa guerre contre le terrorisme. Selon nos confrères,  « Pour ce qui relève du renseignement, l'armée dépend étroitement du ministère de l'Intérieur, le renseignement militaire ayant été affaibli par la mutation à l'étranger de son ancien patron, le contre-amiral Kamel el-Akrout, décidée par le président Moncef Marzouki en août 2013 ».

Ecarté par Moncef Marzouki, réhabilité par Béji Caïd Essebsi

Bien plus tôt que le général Ahmed Chabir, qui, avant de se rétracter, a eu l’audace de faire quelques révélations explosives sur l’infiltration en janvier 2011 des appareils sécuritaires tunisiens par les services de renseignements étrangers et sur la véritable identité des snipers (c’était dans l’émission télévisée « A celui qui ose seulement » du 12 janvier 2014), le contre-amiral Kamel Akrout est un officier digne de l’armée nationale et de sa doctrine bourguibienne. C’est la raison pour laquelle c’est à lui que le président Béji Caïd Essebsi a pensé pour en faire son principal conseiller militaire.  

Honneur et justice rendues à un vaillant soldat écarté par un vulgaire mercenaire ayant usurpé la présidence de la République durant près de quatre ans, ou revirement stratégique pour reconquérir la Souveraineté pleine et absolue de la Tunisie ? Le choix du prochain chef du gouvernement et les prochains mois vont nous le dire. Pour le moment, une chose est certaine : avec le rappel de Kamel Akrout, le président de la République a bien l’intention ferme d’éradiquer le terrorisme islamiste que les traîtres de la troïka ont laissé s’épanouir, se développer et gangrener jusqu’aux plus hauts services de certains ministères.

Karim Zmerli    

A lire dans nos archives :
http://www.tunisie-secret.com/Ghannouchi-active-Abbou-pour-decapiter-Rachid-Ammar_a464.html
     

Premier à gauche sur la photo, le général Mohamed Nejib Jelassi