On ne peut qu’être satisfait par le mouvement de colère qui a ébranlé, ensuite délogé Mohamed Morsi du pouvoir. Radicalement opposés aux islamistes, les dernières nouvelles parvenues du Caire ne peuvent que nous réjouir. Cet incapable, qui s’est pris pour le « pharaon » d’Egypte, a oublié la leçon de son prédécesseur, Hosni Moubarak, à savoir que le soutien américain est à géométrie variable ! L’armée égyptienne vient de faire la preuve que, malgré les pressions subies depuis février 2011 par les manœuvres sournoises de l’administration américaine, elle est restée patriotique. En tant que Tunisiens, nous aurions espéré que notre pays soit précurseur d’un tel réveil nationaliste. Au risque de nous soupçonner encore une fois de favoritisme à l’égard d’un ancien ambassadeur, ce qui s’est produit en Egypte, c’est exactement ce que Mezri Haddad attendait de l’armée tunisienne, lorsqu’il a publié son « Appel en 7 points », le 13 juin 2012 (voir ci-dessous). Une fois de plus, il a vu juste, même s'il n’a pas été écouté.
Et pourtant, il nous est difficile de passer sous silence la légitimité démocratique de ce Frère musulman qui est arrivé au pouvoir par la volonté générale des Egyptiens. En juin 2012, en effet, le peuple égyptien avait démocratiquement élu Mohamed Morsi. Il nous est difficile aussi d’occulter le fait qu’il n’y est que depuis un an, comme l’a dit et répété son frère en secte, Youssef Qaradaoui, dans son ultime supplique au peuple égyptien pour sauver le soldat Morsi.
Quoique l’on pense de ces événements, depuis la chute de Hosni Moubarak, en une année, les Egyptiens ont organisé des élections législatives et présidentielles. Ils se sont choisi des députés et un président. Ils ont adopté une constitution. A l’inverse de la Tunisie, où il n’y a toujours pas de constitution, où le président actuel n’a pas été élu démocratiquement mais désigné par Rached Ghannouchi, et où l’assemblée constituante a perdu son honneuir et sa légalité depuis déjà un an. Logiquement donc, c’est Moncef Marzouki, la vitrine « laïque » du mouvement islamiste, qui plus est non élu au suffrage universel, qui aurait dû être balayé, ainsi que la section tunisienne des Frères musulmans.
Ajoutons à cela le fait qu’en Egypte, Mohamed Morsi n’a pas été publiquement humilié par le roitelet du Qatar, venu en Tunisie en tant que libérateur, pour apprendre, dès son arrivée à l’aéroport, à celui qui faisait office de président provisoire, lui apprendre « comment se tenir et comment saluer » ! Une humiliation non pas de Moncef Marzouki qui n’a aucune dignité, mais du peuple tunisien. Il n’y a pas eu non plus d’assassinats politiques, comme ce fut le cas de Tarek Mekki et Chokri Belaïd. Il n’y a pas eu de livraison d’anciens hauts responsables libyens comme ce fut le cas de Baghdadi Mahmoudi, livré à ses tortionnaires contre argent. Il n’y a pas eu autant de vol et de corruption des nouvelles « élites » dirigeantes. Il n’y a pas eu autant d’exportation de terroristes vers la Syrie. Il n’y a pas eu d’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis. Il n’y a pas eu des événements de la même gravité que ceux de Djebel Chaambi…Autant de raisons qui auraient dû radicaliser la société civile et l’opposition contre ces usurpateurs au pouvoir, et mobiliser la rue comme cela vient de se produire en Egypte. Pourquoi donc la Tunisie, cellule mère du printemps islamo-atlantiste n’a-t-elle pas bougé ?
Primo, parce que nous n’avons pas la même armée. Si l’armée égyptienne avait ses raisons pour se soumettre aux exigences américaines en février 2011, tout comme l’armée tunisienne en janvier 2011, il n’en demeure pas moins vrai que les hauts gradés égyptiens n’ont pas perdu un iota de leur patriotisme nassérien. Ils viennent d’en faire la démonstration spectaculaire au grand dam de l’administration américaine, qui ne sait plus sur quel pied danser et dont le jeune président Barack Hussein Obama a, à demi-mots, soutenu Mohamed Morsi en l'appelant de tenir compte des réformes qu'exige le peuple égyptien. Au lieu d’un tel réveil patriotique, notre général Rachid Ammar, qui n’a jamais dit « Non à Ben Ali » mais « Oui, Oui, aux Etats-Unis », a préféré déserter plutôt que de sauver le bateau ivre tunisien qui s’achemine vers une somalisation certaine, selon ses propres dires à la télévision tunisienne, devant des milliers de télespectateurs. Une telle attitude se résumerai au célèbre « Courage, fuyons » ! Les crédules et les imbéciles parlent aujourd'hui de ce général traitre comme d'un futur sauveur de la Tunisie puisqu'on lui prête maintenant des ambtions présidentielles. Il n'en a ni la stature, ni la culture, ni encore moins le patriotisme.
Secundo, parce que nous n’avons pas la même opposition, qu’elle soit libérale ou gauchiste. Avant même les élections de juin 2012, l’opposition égyptienne s’est gardée de toute compromission avec les Frères musulmans. Elle s’est réorganisée en intégrant les anciens cadres et militants du « Parti national démocratique » qui gouvernait le pays sous la présidence de Moubarak. Ses dirigeants ne sont pas devenus des abonnés à l’ambassade des Etats-Unis au Caire, à l’exception de Mohamed El-Baradei, que les Américains gardent sous la main au cas où…On ne peut pas en dire autant de l’opposition tunisienne, mis à part trois ou quatre partis politique qui sont plus ou moins marginalisés.
Tertio, parce que nous n’avons pas la même élite intellectuelle ni les mêmes journalistes. Les critiques violentes des figures emblématiques de l’intelligentsia égyptiennes et des journalistes, n’ont pas eu leur équivalent en Tunisie. Même les plus audacieux, comme Amor S’Habou, Nizar Bahloul, Moez Ben Gharbia, ou Soufiane Ben Farhat, n’ont jamais atteint, dans leur critique d’Ennahda et de Moncef Marzouki , le niveau des journalistes égyptiens à l’égard des Frères musulmans et du président Morsi. Tous les observateurs étrangers s’accordent aujourd’hui à dire que la rue égyptienne a bougé parce que la presse écrite et audiovisuelle dans ce pays a crée les conditions psychologiques et politiques d’un tel soulèvement populaire.
Afin que nos lecteurs ne nous prennent pas pour des dupes, on doit ajouter à ces trois paramètres de dissemblance entre le cas égyptien et le cas tunisien, un quatrième facteur, qui est déterminant et même plus important que ceux déjà mentionnés : le poids de la Tunisie dans la géopolitique américaine, en comparaison avec celui de l’Egypte. Il n’y a pas le moindre doute que dans le séisme politique que l’Egypte vient de connaître, deux impondérables y sont pour beaucoup : la victoire de la Syrie sur les mercenaires islamo-fascistes, et le coup de balai américain dans les écuries qataries. Après deux années d’acharnement, les Américains ont compris que le régime syrien ne tombera pas, et que la fumisterie du « printemps arabe » s’est arrêtée aux murailles infranchissables de Damas. Ce en raison de quoi Barack Hssein Obama a voulu s’en laver les mains tel Ponce Pilate, en lâchant l’émir pantin du Qatar et son vizir carpette. Pour les initiés, ce fut un tournant décisif dans la stratégie américaine, qui passe de l’appui massif pour l’international islamo-terroriste, à la neutralité pragmatique...en attendant d'autres revirements selon les conjonctures et les évolutions. Ce changement n’est donc pas irréversible, mais son impact a été immédiat sur l’Egypte.
Reste par conséquent la question que tous les Tunisiens se posent : le séisme égyptien peut-il avoir des conséquences sur la situation tunisienne ? En d’autres termes, la Tunisie qui a contaminé l’Egypte par sa vraie fausse révolution, peut-elle être influencée à son tour par la véritable révolution qui vient de se produire au pays de Nasser ? La rue, soutenue par l'armée, va t-elle se mobiliser pour chasser du pouvoir Rached Ghannouchi et sa marionette Moncef Marzouki ?
La réponse est oui, si et seulement si les trois paramètres que nous avons indiqués changent. C’est-à-dire si l’armée, ou ce qu’il en reste après sa purge, prend conscience des périls qui menacent la sécurité du pays ; si l’opposition, y compris l’UGTT, arrête de se prostituer et de se disputer le pouvoir ; et si les journalistes suivent l’exemple de leurs collègues égyptiens en faisant preuve de courage et en exprimant le ral-bol général des Tunisiens à l'égard des tocards de la Troïka et des corrompus qui ont fait main basse sur la Tunisie. Le peuple tunisien ne bougera pas tant que les élites militaires, politiques, intellectuelles, journalistiques et syndicales n’auront pas changé d’approche et de praxis politique. C’est-à-dire tant qu’elles n’auront pas placé les intérêts supérieurs de la Nation au-dessus de leurs petits et mesquins calculs politiques. Tous ceux qui redoutaient le « châtiment » américain ou la colère de l'Oncle Sam devraient savoir que les Yankees s’accommodent toujours du fait accompli. Le cas syrien, et désormais égyptien, le prouve amplement.
Karim Zmerli
http://afrique-asie.fr/menu/maghreb/3121-tunisie-l-appel-de-mezri-haddad-en-7-points.html
Et pourtant, il nous est difficile de passer sous silence la légitimité démocratique de ce Frère musulman qui est arrivé au pouvoir par la volonté générale des Egyptiens. En juin 2012, en effet, le peuple égyptien avait démocratiquement élu Mohamed Morsi. Il nous est difficile aussi d’occulter le fait qu’il n’y est que depuis un an, comme l’a dit et répété son frère en secte, Youssef Qaradaoui, dans son ultime supplique au peuple égyptien pour sauver le soldat Morsi.
Quoique l’on pense de ces événements, depuis la chute de Hosni Moubarak, en une année, les Egyptiens ont organisé des élections législatives et présidentielles. Ils se sont choisi des députés et un président. Ils ont adopté une constitution. A l’inverse de la Tunisie, où il n’y a toujours pas de constitution, où le président actuel n’a pas été élu démocratiquement mais désigné par Rached Ghannouchi, et où l’assemblée constituante a perdu son honneuir et sa légalité depuis déjà un an. Logiquement donc, c’est Moncef Marzouki, la vitrine « laïque » du mouvement islamiste, qui plus est non élu au suffrage universel, qui aurait dû être balayé, ainsi que la section tunisienne des Frères musulmans.
Ajoutons à cela le fait qu’en Egypte, Mohamed Morsi n’a pas été publiquement humilié par le roitelet du Qatar, venu en Tunisie en tant que libérateur, pour apprendre, dès son arrivée à l’aéroport, à celui qui faisait office de président provisoire, lui apprendre « comment se tenir et comment saluer » ! Une humiliation non pas de Moncef Marzouki qui n’a aucune dignité, mais du peuple tunisien. Il n’y a pas eu non plus d’assassinats politiques, comme ce fut le cas de Tarek Mekki et Chokri Belaïd. Il n’y a pas eu de livraison d’anciens hauts responsables libyens comme ce fut le cas de Baghdadi Mahmoudi, livré à ses tortionnaires contre argent. Il n’y a pas eu autant de vol et de corruption des nouvelles « élites » dirigeantes. Il n’y a pas eu autant d’exportation de terroristes vers la Syrie. Il n’y a pas eu d’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis. Il n’y a pas eu des événements de la même gravité que ceux de Djebel Chaambi…Autant de raisons qui auraient dû radicaliser la société civile et l’opposition contre ces usurpateurs au pouvoir, et mobiliser la rue comme cela vient de se produire en Egypte. Pourquoi donc la Tunisie, cellule mère du printemps islamo-atlantiste n’a-t-elle pas bougé ?
Primo, parce que nous n’avons pas la même armée. Si l’armée égyptienne avait ses raisons pour se soumettre aux exigences américaines en février 2011, tout comme l’armée tunisienne en janvier 2011, il n’en demeure pas moins vrai que les hauts gradés égyptiens n’ont pas perdu un iota de leur patriotisme nassérien. Ils viennent d’en faire la démonstration spectaculaire au grand dam de l’administration américaine, qui ne sait plus sur quel pied danser et dont le jeune président Barack Hussein Obama a, à demi-mots, soutenu Mohamed Morsi en l'appelant de tenir compte des réformes qu'exige le peuple égyptien. Au lieu d’un tel réveil patriotique, notre général Rachid Ammar, qui n’a jamais dit « Non à Ben Ali » mais « Oui, Oui, aux Etats-Unis », a préféré déserter plutôt que de sauver le bateau ivre tunisien qui s’achemine vers une somalisation certaine, selon ses propres dires à la télévision tunisienne, devant des milliers de télespectateurs. Une telle attitude se résumerai au célèbre « Courage, fuyons » ! Les crédules et les imbéciles parlent aujourd'hui de ce général traitre comme d'un futur sauveur de la Tunisie puisqu'on lui prête maintenant des ambtions présidentielles. Il n'en a ni la stature, ni la culture, ni encore moins le patriotisme.
Secundo, parce que nous n’avons pas la même opposition, qu’elle soit libérale ou gauchiste. Avant même les élections de juin 2012, l’opposition égyptienne s’est gardée de toute compromission avec les Frères musulmans. Elle s’est réorganisée en intégrant les anciens cadres et militants du « Parti national démocratique » qui gouvernait le pays sous la présidence de Moubarak. Ses dirigeants ne sont pas devenus des abonnés à l’ambassade des Etats-Unis au Caire, à l’exception de Mohamed El-Baradei, que les Américains gardent sous la main au cas où…On ne peut pas en dire autant de l’opposition tunisienne, mis à part trois ou quatre partis politique qui sont plus ou moins marginalisés.
Tertio, parce que nous n’avons pas la même élite intellectuelle ni les mêmes journalistes. Les critiques violentes des figures emblématiques de l’intelligentsia égyptiennes et des journalistes, n’ont pas eu leur équivalent en Tunisie. Même les plus audacieux, comme Amor S’Habou, Nizar Bahloul, Moez Ben Gharbia, ou Soufiane Ben Farhat, n’ont jamais atteint, dans leur critique d’Ennahda et de Moncef Marzouki , le niveau des journalistes égyptiens à l’égard des Frères musulmans et du président Morsi. Tous les observateurs étrangers s’accordent aujourd’hui à dire que la rue égyptienne a bougé parce que la presse écrite et audiovisuelle dans ce pays a crée les conditions psychologiques et politiques d’un tel soulèvement populaire.
Afin que nos lecteurs ne nous prennent pas pour des dupes, on doit ajouter à ces trois paramètres de dissemblance entre le cas égyptien et le cas tunisien, un quatrième facteur, qui est déterminant et même plus important que ceux déjà mentionnés : le poids de la Tunisie dans la géopolitique américaine, en comparaison avec celui de l’Egypte. Il n’y a pas le moindre doute que dans le séisme politique que l’Egypte vient de connaître, deux impondérables y sont pour beaucoup : la victoire de la Syrie sur les mercenaires islamo-fascistes, et le coup de balai américain dans les écuries qataries. Après deux années d’acharnement, les Américains ont compris que le régime syrien ne tombera pas, et que la fumisterie du « printemps arabe » s’est arrêtée aux murailles infranchissables de Damas. Ce en raison de quoi Barack Hssein Obama a voulu s’en laver les mains tel Ponce Pilate, en lâchant l’émir pantin du Qatar et son vizir carpette. Pour les initiés, ce fut un tournant décisif dans la stratégie américaine, qui passe de l’appui massif pour l’international islamo-terroriste, à la neutralité pragmatique...en attendant d'autres revirements selon les conjonctures et les évolutions. Ce changement n’est donc pas irréversible, mais son impact a été immédiat sur l’Egypte.
Reste par conséquent la question que tous les Tunisiens se posent : le séisme égyptien peut-il avoir des conséquences sur la situation tunisienne ? En d’autres termes, la Tunisie qui a contaminé l’Egypte par sa vraie fausse révolution, peut-elle être influencée à son tour par la véritable révolution qui vient de se produire au pays de Nasser ? La rue, soutenue par l'armée, va t-elle se mobiliser pour chasser du pouvoir Rached Ghannouchi et sa marionette Moncef Marzouki ?
La réponse est oui, si et seulement si les trois paramètres que nous avons indiqués changent. C’est-à-dire si l’armée, ou ce qu’il en reste après sa purge, prend conscience des périls qui menacent la sécurité du pays ; si l’opposition, y compris l’UGTT, arrête de se prostituer et de se disputer le pouvoir ; et si les journalistes suivent l’exemple de leurs collègues égyptiens en faisant preuve de courage et en exprimant le ral-bol général des Tunisiens à l'égard des tocards de la Troïka et des corrompus qui ont fait main basse sur la Tunisie. Le peuple tunisien ne bougera pas tant que les élites militaires, politiques, intellectuelles, journalistiques et syndicales n’auront pas changé d’approche et de praxis politique. C’est-à-dire tant qu’elles n’auront pas placé les intérêts supérieurs de la Nation au-dessus de leurs petits et mesquins calculs politiques. Tous ceux qui redoutaient le « châtiment » américain ou la colère de l'Oncle Sam devraient savoir que les Yankees s’accommodent toujours du fait accompli. Le cas syrien, et désormais égyptien, le prouve amplement.
Karim Zmerli
http://afrique-asie.fr/menu/maghreb/3121-tunisie-l-appel-de-mezri-haddad-en-7-points.html