Révolutionnaires de la dignité, qu’avez-vous fait de votre Dignité ?


18 Avril 2013

Tunisie : Coup de gueule de Salem Ben Ammar, qui s’interroge sur cette « révolution du jasmin » à laquelle il avait pourtant cru et dont il juge aujourd’hui les conséquences tragiques. Même s’il a été parmi les premiers désenchantés, notre anthropologue revient sur un rêve qui a vite tourné au cauchemar.


Qu'il y ait eu une révolution ou qu'il n'y en ait pas eu, même si personnellement je penche de plus en plus pour la deuxième hypothèse, tout a été fait pour réduire ce pays à néant, politiquement, économiquement, socialement et culturellement.

D’abord, en légalisant près de 120 partis parasitaires, qui ont non seulement réduit l’audience de la dizaine de partis anciens et sérieux que comptait le pays, mais ils ont coûté aux Tunisiens des millions de dinars en bénéficiant de l’allocation que l’Etat devait verser à chaque parti participant à la mascarade électorale du 23 octobre 2011.

Ensuite, en adoptant l’idée stupide et suicidaire d’instaurer une Assemblée constituante,  singeant ainsi la révolution française dont on a eu l’insolence de comparer l’authenticité et la particularité à notre « révolution du jasmin ». D’éminents professeurs constitutionnalistes, Yadh Ben Achour et Sadok Belaïd, se sont mis à philosopher sur cette trouvaille copernicienne et, sans rien comprendre, le peuple a hurlé « Constitution dégage, nous voulons une Constituante » !

Enfin, en organisant les « premières élections transparentes et démocratiques » qui, de l’aveu tardif et culpabilisateur de son organisateur incompétent et parachuté, Kamel Jendoubi, n’ont été ni transparentes, ni véritablement démocratiques. Des élections sans le contrôle préalable du financement des partis et sous la direction d’ONG américaines douteuses, ne peuvent pas traduire la volonté populaire.

Le même stratagème constitutionnel-électoraliste a été dicté à l'Egypte et à la Libye afin de donner à ces pseudos révolutions des allures démocratiques, alors que c'est une hérésie dogmatique,  pour assurer en douce la voie de la vassalisation de ces pays.

Tout laisse à penser que les tunisiens, en se montrant plus que jamais indifférents au sort de leur pays, n'ont jamais été les vrais acteurs de cette révolution de la dignité que l'on doit plutôt qualifier de l'indignité. Si vraiment ils avaient un tant soit peu de dignité et un soupçon de patriotisme, ils n'auraient jamais investi des mercenaires-terroristes à la solde d’un Emirat-voyou et qui se rêve en nouveau Califat musulman, hébergeant de surcroît certains membres de la famille de leur ancien despote, spoliateur de son peuple, et plus encore ses banques regorgent d'argent tunisien.

C'est quoi ce pays dont les citoyens se sentent plus qatariens que tunisiens et qui composent des slogans à la gloire de l'intrigante et disgracieuse Cheikha Mozah, l'érigeant au rang de « mère des croyants », à l’instar de l’épouse du prophète ?

C'est quoi ce pays dont le président très provisoire, mais chez les peuples arabisés le provisoire est toujours éternel et l'éternel est très éphémère, voue un culte religieux à ses maîtres-esclavagistes au point qu'il veut en faire une loi fondamentale et ce sans qu'il ne soit destitué illico presto ?

C'est quoi ce pays qui n'a jamais voté pour un régime parlementaire et qui se trouve avec une A.N.C. dont la but est de conduire la Tunisie de l'indépendance à l'état de protectorat, une A.N.C  dont les travaux  doivent être forclos dans un Etat de droit, et qui est dotée des mêmes pouvoirs qu'un parlement, tout en étant dépourvu de constitution ? C'est quoi ce pays où les membres de l'exécutif très provisoire sont aussi membres de l'A.N.C. cumulant ainsi salaires et privilèges ? 

C'est quoi ce pays qui a englouti une fortune colossale dans une feuille de route dictée par nos libérateurs américains, qui ne verra jamais le jour parce que les jeux sont déjà faits avant d'avoir commencé et que la population s'y accommode ? 

C'est quoi se pays qui a fait le choix lui-même d'abandonner sa souveraineté pour devenir un vassal qatarien, un pays dont le gouvernement fête la création de cet Emirat schizophrène et arbore ses couleurs et qui vomit les fêtes de l'indépendance et de la république et cela sans que les tunisiens ne s'en offusquent et ne se révoltent ? 

C'est quoi ce pays qui envoie ses enfants et ses filles pour servir de chair à canon et de chair fraîche pour « libérer » la Syrie, alors que tout le monde sait maintenant que ce pays est victime d’une conspiration américano-qataro-turko-saoudienne, en vue de sa partition comme l’Irak et de sa mise sous les bottes de l’islamisme « modéré » ?

C’est quoi ce pays où on accepte que l’on brule le drapeau national et que l’on exhibe celui des salafistes, comme récemment à Bizerte, la ville qui a été dans le temps la ville la plus francophone du pays et qui a connu la guerre de l’indépendance totale ?   

Les tunisiens, ont-ils eu le courage d'affronter leur propre destin ? Mercenaires dans l'âme, est-ce par hasard qu'ils s'identifient à Ennahdha et la laissent faire à sa guise, en bradant banques et entreprises tunisiennes et en mettant sous perfusion wahhabite le pays de Tahar Haddad et de Bourguiba ? 

Un pays qui honore les assassins, les terroristes et qui roule pour les intérêts de ses maîtres qatariens, mérite t-il encore d'être celui d’un peuple dont les lointains précurseurs ont fondé Carthage, et dont les ancêtres immédiats ont arraché l’indépendance et construit l’Etat le plus moderne, le plus stable et le plus prospère du monde africain et arabo-musulman ? Tunisie-Secret.com

Salem Ben Ammar