C’est la bombe de ce jeudi matin. À mèche longue en l’occurrence, mais pas forcément susceptible de sauter à portée du premier Français venu, s’agissant du premier d’entre eux : Nicolas Sarkozy. La bombe en question fait quelques centaines de pages. C’est un livre explosif, signé de la journaliste Catherine Graciet, et publié par Le Seuil, soit une maison n’ayant rien à voir avec le premier éditeur confidentiel et complotiste venu. Bref, le tout s’intitule « Sarkozy-Kadhafi. Histoire secrète d’une trahison ». Et il y est évidemment question du financement de la campagne présidentielle du candidat de l’UMP en 2007, le Nicolas que vous savez.
Le premier réflexe légitime devant cette bombe à retardement et à fragmentation – elle toucherait une bonne partie du personnel politique français –, c’est de se demander s’il ne s’agirait pas d’un canular pour magasin de farces et attrapes. Dans l’absolu, c’est toujours possible, mais singulièrement peu crédible.
En effet, qui connaît de près les mœurs des grands éditeurs sait que chaque manuscrit, du plus tiède jusqu’au plus chaud, évidemment, est méticuleusement relu par une nuée d’avocats tous plus vétilleux les uns que les autres. C’est vrai pour des documents historiques remontant au début du siècle dernier ; alors pensez donc, pour un de ce calibre-là… D’autres, tout aussi peu au fait de la marche des choses, prétendront encore que d’ici à ce qu’il y ait procès, l’éditeur aura tout loisir de s’en mettre plein les fouilles. Faux. Une saisie est vite arrivée et si elle n’est pas respectée, les amendes pour chaque infraction constatée ont de quoi décourager le plus madré des imprimeurs de fausses nouvelles.
Donc, affirme Catherine Graciet, auteur de ce livre, dans les colonnes du Point daté de ce jeudi : « Après huit mois d’investigation, j’ai aujourd’hui la certitude que Nicolas Sarkozy a touché de l’argent de Mouammar Kadhafi. Tous les témoignages s’accordent : les premiers versements datent de 2006, avant la présidentielle. Au total, on parle de cinquante millions d’euros, auxquels s’ajoutent sept millions d’euros pour les intermédiaires. » Du lourd… Mais du lourd ici relayé par un hebdomadaire pas précisément connu pour sa légèreté. Du lourd si pesant qu’il y a eu mort d’homme, Mouammar Khadafi, ainsi que son fils et successeur désigné, Saïf al-Islam, dont nous sommes toujours sans nouvelles depuis la guerre menée par le maréchal BHL, plus connu sous le sobriquet de « Renard du désert »…
En filigrane de cette histoire, les infirmières bulgares libérées à Tripoli par la Première dame de France de l’époque. La visite du satrape, en grand tralala, sous sa tente à lui et sa pompe élyséenne à nous. Les milliards d’euros de contrat, nucléaire et armement, qu’on nous fit miroiter alors. Sans compter tous ces proches du régime déchu, passés entre les mailles du filet, en fuite, mais sous bonne garde de nos services.
Le mot de la fin, pour l’instant, de celle qui vient d’allumer la mèche de la machine infernale : « Aujourd’hui, beaucoup d’anciens kadhafistes veulent témoigner sur ce qu’ils ont vu et entendu, d’autant qu’ils ont le sentiment d’avoir été trahis. Pour moi, quand on prend de l’argent et qu’on renverse ensuite celui qui l’a donné, cela s’appelle une trahison. »
On aura beau passer en revue, en large et en travers, le dictionnaire des synonymes, on ne trouvera pas meilleure définition. Ce qui demeure de la Sarkozie se montre plus que discret sur l’affaire. Le contraire aurait étonné.TunisieSecret
Nicolas Gauthier, le 6 septembre 2013, dans Boulevard Voltaire.
Le premier réflexe légitime devant cette bombe à retardement et à fragmentation – elle toucherait une bonne partie du personnel politique français –, c’est de se demander s’il ne s’agirait pas d’un canular pour magasin de farces et attrapes. Dans l’absolu, c’est toujours possible, mais singulièrement peu crédible.
En effet, qui connaît de près les mœurs des grands éditeurs sait que chaque manuscrit, du plus tiède jusqu’au plus chaud, évidemment, est méticuleusement relu par une nuée d’avocats tous plus vétilleux les uns que les autres. C’est vrai pour des documents historiques remontant au début du siècle dernier ; alors pensez donc, pour un de ce calibre-là… D’autres, tout aussi peu au fait de la marche des choses, prétendront encore que d’ici à ce qu’il y ait procès, l’éditeur aura tout loisir de s’en mettre plein les fouilles. Faux. Une saisie est vite arrivée et si elle n’est pas respectée, les amendes pour chaque infraction constatée ont de quoi décourager le plus madré des imprimeurs de fausses nouvelles.
Donc, affirme Catherine Graciet, auteur de ce livre, dans les colonnes du Point daté de ce jeudi : « Après huit mois d’investigation, j’ai aujourd’hui la certitude que Nicolas Sarkozy a touché de l’argent de Mouammar Kadhafi. Tous les témoignages s’accordent : les premiers versements datent de 2006, avant la présidentielle. Au total, on parle de cinquante millions d’euros, auxquels s’ajoutent sept millions d’euros pour les intermédiaires. » Du lourd… Mais du lourd ici relayé par un hebdomadaire pas précisément connu pour sa légèreté. Du lourd si pesant qu’il y a eu mort d’homme, Mouammar Khadafi, ainsi que son fils et successeur désigné, Saïf al-Islam, dont nous sommes toujours sans nouvelles depuis la guerre menée par le maréchal BHL, plus connu sous le sobriquet de « Renard du désert »…
En filigrane de cette histoire, les infirmières bulgares libérées à Tripoli par la Première dame de France de l’époque. La visite du satrape, en grand tralala, sous sa tente à lui et sa pompe élyséenne à nous. Les milliards d’euros de contrat, nucléaire et armement, qu’on nous fit miroiter alors. Sans compter tous ces proches du régime déchu, passés entre les mailles du filet, en fuite, mais sous bonne garde de nos services.
Le mot de la fin, pour l’instant, de celle qui vient d’allumer la mèche de la machine infernale : « Aujourd’hui, beaucoup d’anciens kadhafistes veulent témoigner sur ce qu’ils ont vu et entendu, d’autant qu’ils ont le sentiment d’avoir été trahis. Pour moi, quand on prend de l’argent et qu’on renverse ensuite celui qui l’a donné, cela s’appelle une trahison. »
On aura beau passer en revue, en large et en travers, le dictionnaire des synonymes, on ne trouvera pas meilleure définition. Ce qui demeure de la Sarkozie se montre plus que discret sur l’affaire. Le contraire aurait étonné.TunisieSecret
Nicolas Gauthier, le 6 septembre 2013, dans Boulevard Voltaire.