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Tunisie: Ennahda a le choix entre le consensus ou le défi


23 Juillet 2013

Très bonne analyse de M.Habib Chaghal, universitaire et ancien cadre du PSD et du RCD, qui compare la nouvelle situation égyptienne à la réalité tunisienne, en mettant en évidence l’originalité et la perspicacité du mouvement Attamarrod initié par de jeunes tunisiens. Il a publié cette analyse sur sa page facebook et nous avons jugé qu’elle mérite une plus large diffusion.


Tunisie: Ennahda a le choix entre le consensus ou le défi
Consensus ou défi ? La question n’est évidemment pas posée à M.Marzouki dont les ambitions se résument à occuper le poste protocolaire de président à Carthage partageant avec le chef du gouvernement quelques attributions dont notamment la politique étrangère où il s’est distingué, une première fois, en rompant nos relations diplomatiques avec la Syrie au nom de la sacro-sainte défense des droits de l’homme, puis une deuxième fois en raison de son soutien déclaré à Morsi, risquant ainsi de mettre à mal nos relations avec le plus grand pays arabe, cette fois au nom de la légalité des urnes. Dans ces conditions il est difficile de croire que nos relations avec ces deux pays se normaliseront un jour avec l’actuel président comme chef d’état.

Les frères musulmans au pouvoir.

Les frères musulmans -qui sont en réalité plus compagnons que frères- n’auraient jamais été portés au pouvoir en Tunisie comme en Egypte sans l’aval de l’administration américaine. On se souvient que cette dernière avait mobilisé de grands moyens afin de former, de manipuler puis d’entraîner les forces vives de la jeunesse des deux pays dans une sorte d’arène baptisée « révolution » pour ouvrir ensuite la voie du pouvoir politique à des partis islamistes, lesquels, une fois à la direction des deux pays, et tels des magiciens, avaient vite fait de substituer le manifeste des frères musulmans à leurs programmes électoraux.

Il n’y a aucun doute que les amis de Rached Ghannouchi savent que les conditions de leur victoire, toute relative, du 23 octobre 2011 furent exceptionnelles à plus d’un titre d’où leur désarroi à la suite de l’éviction de Morsi de la présidence de l’Egypte. Les liens du parti Ennahdha avec l’organisation des frères musulmans, à la limite de l’inféodation, est la meilleure preuve que ce mouvement est dans le sillage d’une organisation mondiale dont les objectifs et les ambitions ne coïncident pas nécessairement avec ceux de notre pays, et ceci n’est pas sans risque pour notre indépendance dés lors que ce parti dirige le gouvernement.

Fort heureusement les islamistes tunisiens n’ont jamais réussi à tromper la vigilance de la société civile ni celle des médias et n’eut été la naïveté des membres de l’ANC appartenant aux partis dits laïcs, la légitimité de celle ci n’aurait pas pu franchir la date butoir du 23 octobre 2012. Il est aujourd’hui admis que l’administration américaine s’est lamentablement trompée au sujet de la capacité des islamistes tunisiens à gouverner un peuple jaloux de ses nombreux acquis hérités de l’ère Bourguiba. Et nul doute qu’en l’absence de compétences au sein du gouvernement c’est à la haute administration tunisienne que le pays doit sa relative stabilité tout au long de ces deux dernières années.

Il est surprenant de voir les militants islamistes tunisiens se révolter, au nom de la défense de la légalité, contre le changement qui a eu lieu en Egypte alors que de l’autre coté de la méditerranée, en Espagne comme en Italie ou en Grèce des gouvernements élus démocratiquement ont cédé volontairement le pouvoir à un gouvernement de technocrates ou d’union nationale afin de permettre à ces pays d’affronter dans de meilleures conditions la plus grave crise économique de leur histoire.

Et c’est certainement par référence à la nature des changements dans ces pays européens que le général Rachid Ammar avait proposé à l’ancien chef du gouvernement Jebali, le jour même de l’assassinat de Belaid, la formation d’un gouvernement de compétences hors des partis politiques. Le général R.Ammar avait tout simplement constaté l’échec, sur tous les plans, du gouvernement Jebali- que ce dernier s’empressa de reconnaître publiquement- et avait proposé la formation d’un gouvernement de compétences, comme cela se fait nécessairement en de pareilles circonstances dans les pays démocratiques, devrait-on en conclure que l’armée tunisienne avait tenté un coup de force contre la légalité avec l’assentiment du chef du gouvernement ?

On se souvient que le parti Ennahdha avait préféré amortir le choc du à l’assassinat de Chokri Belaid en cédant sur des questions secondaires pour enfin recomposer un autre gouvernement tout aussi acquis à sa volonté en dépit des conditions posées par son partenaire Attakattol dont les responsables semblent avoir mis en veilleuse, entre autres, la révision de la liste de 3000 cadres désignés arbitrairement dans la haute administration.

Il semble que tous les hommes politiques tunisiens, en dehors du vétéran Beji Caid Essebsi, n’ont jamais compris que le seul souci des camarades du cheikh Rached Ghannouchi est de demeurer au pouvoir, coûte que coûte, jusqu’aux prochaines élections ; pour cela ils sont prêts à céder sur toutes les autres questions il faut simplement leur accorder du temps afin de permettre à la direction de leur parti d’élaborer, à l’intention des militants, l’argumentaire nécessaire au maintien de la cohésion au sein du mouvement.

Il n’y a pas mieux, dans les conditions actuelles de la transition, que les forces armées pour juger de la réussite ou de l’échec du gouvernement. Or, à moins d’être ignorant, inconscient ou de mauvaise foie, il est impossible de ne pas réfléchir sur les dangers réels de la « somalisation » de notre pays auxquels s’était référé le général R.Ammar arguments à l’appui. Ce dernier, qui s’est découvert une compétence d’homme d’état depuis qu’il a fréquenté les hommes politiques actuels, serait le dernier responsable de niveau national originaire du Sahel à quitter avant terme son poste.

Les frères musulmans évincés du gouvernement?

L’opinion tunisienne a été certainement surprise de la réaction quasi-hystérique de certains membres de l’ANC à la suite des événements qui ont abouti, en Egypte à l’éviction de M.Morsi. Est-ce par peur de perdre le pouvoir en Tunisie que les nahdhaouis multiplient les meetings et les déclarations pour fustiger tous ceux qui penseraient que le scénario égyptien pourrait se répéter en Tunisie ? Ce qui n’arrange en rien les projets d’Ennahdha c’est qu’au moment même de l’éviction de M. Morsi, le mouvement tunisien Attamarrod annonce plus de deux cent milles signatures.

Ce mouvement à l’instar du mouvement égyptien, mais avec une meilleure argumentation au sujet de l’illégalité actuelle de l’ANC, se propose de renvoyer tous les partis politiques de nouveau devant les urnes sous le parapluie de la constitution de 1959 (sans les modifications ultérieures) il est demandé, en outre, la formation d’un gouvernement de compétences qui sera chargé de gérer le pays pour une période transitoire. Cependant, des voix se sont déjà élevées au sein de l’ANC pour rétorquer que dans la mesure où les élections sont de toute façon prévues selon le processus actuel dans quelques mois, pourquoi prendrait-on le risque de faire sortir la population dans les rues afin d’imposer les propositions du mouvement Attamorrod ?
En réalité, la proposition du mouvement Attamarrod est très subtile car non seulement elle appelle à des élections générales selon la constitution de 1959 mais elle met fin, surtout, au mandat de l’ANC donc de l’emprise des nahdhaouis sur les structures de l’Etat. L’objectif recherché par ce mouvement serait donc de mettre le parti Ennadha sur le même pied d’égalité que les autres partis politiques lors des prochaines élections présidentielles et législatives.

Dans de telles conditions, le parti islamiste perdrait une bonne partie des voix obtenues lors des précédentes élections. Rappelez-vous qu’une grande partie des bureaux de vote étaient supervisés par des nahdhaouis ou de leurs sympathisants car pour l’ISIE de Kamel Jendoubi la chasse aux sorcières ne concernaient, à l’époque, que les destouriens qui furent exclus de faire partie des bureaux de vote.

La dissolution de l’ANC telle que prévue dans le projet d’Attamarrod empêchera le parti islamiste tunisien de s’opposer à la candidature des destouriens aux prochaines élections ainsi que leur main mise sur les bureaux de vote. On comprend dés lors la peur des nahdhaouis, de ne pas être au gouvernement lors des prochaines élections et c’est ce qui explique le refus opposé à leur secrétaire général H.Jebali de constituer un gouvernement de compétences selon la proposition du général R.Ammar.

Les responsables de la troïka ne se rendent pas compte que la proposition du mouvement Attamarrod de former un gouvernement de compétences hors des partis avant les prochaines élections permettra le passage d’une période de transition mouvementée à une période de stabilité sans contestation, ni exclusion politique à l'instar de l'Espagne de 1975.
Consensus ou défi ? On sait que M.Morsi avait choisi le défi.
Tunisie-Secret.com

Habib Chaghal 

 
 


           


1.Posté par benhur le 24/07/2013 05:30
Pour que le calme de tous les tunisiens se rétablisse, et pour de bon, il faut que les artères de la troika répandues dans les institutions du pouvoirs quittent leurs postes de décisions et laissent la place à des compétences indépendantes jusqu'aux nouvelles élections présidentielles, d'assemblée nationale et municipales, après quoi tout rentrera dans l'ordre quant à la Constitution on se servira de celle de 59 sans les amendements qui ont eu lieu au cours de la première république, le cas échéant l'anarchie continue à ronger le pays et le marasme perdure autant que chacun s'approprie de ses convictions à lui et des franges qui se refusent.....

2.Posté par Hamida Barkallah le 24/07/2013 12:39
c beau à lire , mais soyons objectifs , pas trop de rêves

3.Posté par Walid Azaiz le 24/07/2013 12:39
tres bonne analyse quand on sait qu ils ont 12ù d intentions de vote

4.Posté par Zied Mrad le 24/07/2013 12:40
Excellent article !!! et voilà ma question Et il possible que Ghannouchi quitte le navire de la secte des frères et s'associe a la démocratie en Tunisie ? En sachant que Le vent géopolitique tourne contre cette secte et qu il a déjà dégager le navire avant sous le régime de ZABA ?

5.Posté par blackpepper le 26/07/2013 09:42
Pour avoir travaillé de nombreuses années avec des tunisiens, j'ai appris deux choses :
1 - Il faut laisser le temps au temps,
2 - Peut importe ce que l'on dit ou l'on fait, seul le résultat compte.
Ennahda ne quittera jamais le pouvoir. Il faudra l'en chasser par la force ou l'accepter. Qu'à fait Ben Ali en changeant deux fois la constitution?

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