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Mohamed Hassanine Haykal, cerveau du changement en Egypte


18 Juillet 2013

Parce qu’il a contribué au réveil nationaliste de l’Egypte entrepris par l’armée, Haykal vient d’échapper à un attentat. Cet ancien conseiller de Nasser et fin connaisseur de la politique américaine et du monde arabe n’a pas démérité de cette réputation qui lui a été faite par Henry Kissinger : "Haykal est fier comme un lion et rusé comme un corbeau".


Mohamed Hassanine Haykal, cerveau du changement en Egypte
Depuis la victoire de l’armée égyptienne, massivement soutenue par un peuple qui a retrouvé son reflexe nationaliste, certains médias disent ou sous-entendent que ce sont les Américains qui seraient derrière ce « coup d’Etat ». La propagande islamiste, qui n’arrive plus à concilier entre servilité à l’égard de l’Oncle Sam (administration obamienne) et populisme anti-américain et anti-sioniste (pour la consommation locale), exploite cette désinformation savamment entretenue par nos « amis » Américains. Cela permet ainsi aux islamistes de jeter un discrédit sur le sursaut patriotique égyptien, et aux Américains de s’en sortir avec moins de déshonneur.

Ce qui s’est passé en Egypte est assurément l’échec du complot, oui du complot américain contre la Nation Arabe. C’est la Syrie et non pas l’Egypte qui a fait avorter ce plan machiavélique de destruction programmatique du monde arabe. L’Amérique de Monsieur Barack Hussein Obama le « musulman » n’est guère différente de l’Amérique de Messieurs Bush père et fils les intégristes chrétiens, qui ont anéanti l’Irak en y commettant des crimes contre l’Humanité. Si le premier a employé le Soft Power en invitant les peuples arabes à s’autodétruire par le poison du « printemps arabe », les seconds ont fait usage du Hard Power pour anéantir un Etat, un peuple, une civilisation : l’Irak. S’il en avait les moyens et la puissance, Obama aurait fait la même chose contre l’Iran.

En Egypte, les Américains et les occidentaux en général ont sous estimé le nationalisme arabe et surestimé l’islamisme. Le sauvetage de l’Egypte par le général Abdelfattah Al-Sissi n’était pas un coup de poker, ni une action improvisée. C’était une opération minutieusement préparée, et pas seulement par les officiers égyptiens, ces dignes successeurs de Nasser. Quelques intellectuels et des stratèges y ont pris part en amont et en aval.

Parmi ces intellectuels, le plus illustres d’entre eux et même dans le monde arabe : Mohamed Hassanine Heikal. Les nouveaux officiers libres avaient besoin du diagnostic et de l’expertise de cet ancien conseiller de Nasser et fondateur d’Al-Ahram, dont Henry Kissinger avait dit un jour qu’il est « fier comme un lion et intelligent comme un corbeau ». Le général Abdelfattah Al-Sissi voulait d’abord savoir quelle serait la réaction des Etats-Unis d’Amérique en cas de neutralisation de leurs pions locaux, les Frères musulmans. Il ne pouvait pas trouver meilleur conseil qu’en la personne de Mohamed Hassanine Haykal, celui qui connait parfaitement les coulisses de la politique américaine et maitrise magistralement la géopolitique. Avec une équipe restreinte, constituée de généraux à la retraite et de diplomates, notamment Boutros Boutros Ghali, Haykal travaillait depuis déjà six mois sur la réaction américaine dans l’hypothèse d’un coup de force militaire. Il savait que les Américains font agiter un bâton en carton, que compte tenu de la dispersion de leur forces militaires dans les quatre coins du monde, ils n’ont pas le temps, ni les moyens d’intervenir en Egypte. Il savait aussi qu’Obama, qui avait promis aux Américains que durant sa présidence, il n’enverrait plus ses soldats se faire tuer comme ce fut le cas en Irak ou en Afghanistan, n’osera jamais intervenir militairement en Egypte, le cœur du monde arabe avec ses 86 millions d’habitants. Il savait aussi qu’Israël ne bougera pas non plus, même si elle perd un allié aussi servile que Mohamed Morsi et sa secte des Frères musulmans, qui était prête à céder pour le Hamas et comme cadeau à Israël, 40% des territoires du Sinaï, récupérés par Sadate au prix du sang versé en 1973.

Grace à Mohamed Hassanine Haykal, l’armée libre égyptienne a pris un risque calculé, aussi bien par rapport au puissant « ami » américain qu’à l’égard de la rue égyptienne. Pragmatiques, les Américains ont dû se plier au fait accompli d’autant plus qu’à leur grande stupeur, la rue a pris le parti du général Al-Sissi, en accueillant son action comme une libération nationale. Le nombre des manifestants dans l'ensemble du territoire égyptien a en effet impressionné les Américains qui avaient cru naïvement au mensonge de Morsi, à savoir que "chaque femme voilée et chaque homme barbu sont des Frères musulmans". Cela ne signifie en rien que les Américains vont changer de stratégie vis-à-vis de l’islamisme, qui reste pour eux une carte bien précieuse. Ils continueront leurs menées subversives pour affaiblir l'armée égyptienne et provoquer une guerre civile dans ce grand pays. Le ralliement précipité de l’Arabie Saoudite et du Qatar à l'action du général Al-Sissi ne doit pas tromper les observateurs bien avisés. C'est un ralliement à la fois realpolitik et anticipateur d’un éventuel retour du bâton égyptien, comme à l’époque de Nasser et du conflit larvé entre l'Arabie Saoudite et l'Egypte, via la guerre inter-Yémenite. Les Saoudiens ont toujours craint l'Egypte, quant au Qatar, il ne pèse plus rien dans le jeu régional et sur la scène proche-orientale.

Les trois autres facteurs régionaux et géostratégiques qui ont poussé le général Abdelfattah Al-Sissi à franchir le Rubicon sont : la résistance héroïque du peuple syrien face à l’invasion islamo-terroriste, la décapitation de la vipère à deux têtes, Hamad Ben Khalifa et Hamad Ben Jassim, et la détermination sino-russe face à l’impérialisme américain. Poutine l’a dit, répété et démontré, on ne lâchera pas la Syrie aux Frères musulmans et aux wahhabites pro-américains, qui financent le terrorisme en Tchétchénie et un peu partout dans l'ex-URSS. 

Après avoir cru un instant à la « révolution du jasmin » et à son équivalent en Egypte, Mohamed Hassanine Haykal s’est ressaisi dès la croisade contre la Libye. Avec la guerre par procuration livrée à la Syrie, il n’y avait plus pour lui de doute possible : le « printemps arabe n’est qu’un nouveau Sykes-Picot », une expression qu’il a utilisée en août 2012 dans un long article d’Al-Ahram et que Mezri Haddad a employé dès septembre 2011, dans son livre « La face cachée de la révolution tunisienne. Islamisme et Occident : une alliance à haut risque ». Dans ce même article d’Al-Ahram, Haykal avait écrit « qu’on ne peut pas parler de printemps arabe mais de révolutions clés en mains », en faisant allusion aux rôles des Etats-Unis et du Qatar. Une semaine près la publication de cet article, Al-Jazeera avait d'ailleurs mis fin à toute collaboration avec celui qu’elle présentait comme le géni du monde arabe.

S’il faut une preuve supplémentaire quant au rôle qu’a joué Mohamed Hassanine Haykal dans la reprise en main des Egyptiens de leur propre destin, sachez qu’il y a une semaine, il a échappé à un attentat alors qu’il se trouvait dans sa voiture. Les deux balles ne l’ont pas atteins, sans doute parce qu’Allah est avec les authentiques croyants, comme le dit si justement le Coran ! Tunisie-Secret.com

Karim Zmerli     

 
 


           


1.Posté par kilani bennasr le 18/07/2013 13:56
Je rends un grand hommage à Mr Zmerli, pour cette excellente page et je réitère mon soutien moral en tant que tunisien qui respecte l'engagement patriotique de l'auteur; même si parfois on ne partage pas tout à fait la même opinion mais ce ne sont que des divergences sur du détail.

2.Posté par fethia le 18/07/2013 17:22
et la décapitation de la vipère à 2 têtes ,qui l'a ordonnée? Les USA n'y sont-ils pas pour quelque chose?

3.Posté par nejib le 18/07/2013 19:30
C'est la premier et dernière fois que je lis votre papier. Etant donné que je crois que vous êtes intelligent et que vous n'avez pas écrit ce papier pour "mauvaise appréciation des faits", je pense plutôt que vous avez écrit ce torchon pour des raisons beaucoup moins nobles...

4.Posté par Ali le 18/07/2013 20:43
Certes c'est un excellent analyste , le meilleur du monde arabe , j'ai suivi tous les épisodes de ces interviews du jeudi avec Lamis Hadidi sur CBC Egypt , la dernière était le jeudi 7 juillet . Toutes les parties le consultent pour demander son avis mais il ne faut pas exagérer et faire de l'excès de zèle en disant que c'est lui l'artisan du changement en Egypte . Il a dit que lui même ne croyait pas ses yeux en voyant depuis son balcon le nombre d'égyptiens descendues dans les rues . C'est S.M. Le Peuple Égyptien et l'Armée qui ont dégagé la racaille islamiste .
C'est un Grand Monsieur que ses détracteurs accusent d’être un agent de la CIA .

5.Posté par Ali le 19/07/2013 02:34
Cher Karim , le Grand Hassenine Haykel n'a pas fondé Al Ahram , cet illustre journal a été fondé en 1875 . Cependant Haykel a été directeur de sa rédaction de 1957 à 1974 , il a fondé tous les centres et instituts spécialisés qui dépendent d'Al Ahram dont le célèbre Centre D’Études Politiques et Stratégiques d'Al Ahram , le premier centre d'études stratégiques du monde arabe . Il est arabophone et anglophone mais aussi francophone .

@ Karim , on est tous avec toi contre l'arriviste riahi et le bilou karoui .

6.Posté par alger le 19/07/2013 04:45
bon article . la resistance de bachar et derriere la russie on vraiment changer la donne dans toute la region et ca a demasqué des tetes ...

7.Posté par arfa le 19/07/2013 12:59
Article dans un style limpide: Les révolutions arabes ont surpris les maitres de l'impérialisme l'Occident et son allié sioniste mais malheureusement ces révolutions ont été accaparée par les Frères musulmans qui tentent d'instaurer dans la région leur projet sordide d'islamisation.

8.Posté par SIHEM BOUZGAROU le 20/07/2013 13:20
J'ai l'impression, depuis la prise de pouvoir par le mouvement islamiste et ses dérivés, tout au long de cette année, jalonnée par des événements chaque jour plus spectaculaires, que nous avions été menés en bateau, que nous avions été floués, que nous avions été manipulés dans un seul objectif! Les marionnettistes qui tirent les ficelles dans l'ombre ont agi avec un seul dessein : nous endormir, nous accoutumer à leur poison, pour nous faire avaler toutes les couleuvres possibles et imaginables ! Nos chers élus islamistes n'ont qu'un seul but : installer un état théocratique régionale qui sera le prélude d'un autre plus large qui s'étendra du Maghreb au Moyen-Orient ! En d'autres termes un Sykes-Picot inversé! La Turquie envisage-t-elle de ressusciter "l'homme malade de l'Europe"? Quel rôle jouerons-nous sur ce vaste échiquier ? Serions-nous le fou ou le roi ou seulement une tour qui pourrait s'écrouler d'une chiquenaude ?
Au demeurant, les islamistes sont revenus à la charge et confirment chaque jour davantage leur volonté d'installer une théocratie ! Il suffit de jeter un coup d'œil au préambule de la prochaine constitution pour s'en convaincre : les articles faisant allusion aux libertés , aux conventions internationales sont évincés ! Les libertés de presse, de publication, de réunion et de manifestation ne sont plus garantis. Le droit de s'organiser en partis, syndicats, associations ou opposition politique n'est plus mentionné! Quant à la formulation de l'article 1 de la Constitution de 1959, elle est contestée par l'aile dure du parti islamiste ! Le chef de file de cette faction s'est, en effet, prononcé, aujourd'hui, et s'est déclaré résolument contre cet article qui ne jette pas selon lui, les vrais bases d'une constitution digne d'un pays musulman, surtout qu'il ne reconnaît pas la chariâ comme source principale de législation !
Que peut-on dire et conclure, après avoir suivi l'intervention de Chourou, aujourd'hui à l'ANC? Son regard halluciné, son ton monocorde, mais parfois hésitant a de quoi glacer le sang et donne froid dans le dos! Il a développé trois points qui, tous, convergent vers un même principe : islamiser le pays, le rattacher à son giron naturel duquel il a été arraché par des mains criminelles, en un mot instaurer une théocratie liberticide et cruelle !
Et cerise sur le gâteau (bien amer, il faut bien le dire) les élus de l'assemblée était pratiquement tous absents, ce matin! Sont-ils tellement confiants en l'avenir pour déserter l'hémicycle et laisser les rares présents décider de l'avenir de ce pays qu'ils prétendent aimer et ce peuple qu'ils prétendent représenter ?
VOILÀ CE QUE J'AI ÉCRIT LE 24 OCTOBRE 2012

9.Posté par badil le 24/02/2016 19:17
allah yarhmou

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