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Résistance : mémoire longue dans un court métrage !


27 Octobre 2013

Tunisie : ( Vidéo ) Le réalisateur de ce film est le tunisien Amine Chiboub et l’acteur principal, Marwan Ariane. Ce court métrage gratuitement mis en ligne le 23 octobre dernier, est dédié « A toutes celles et ceux qui continuent à se battre pour un avenir meilleurs ». C’est le récit d’un rêve qui a tourné au cauchemar. C’est la description d’une effervescence démocratique qui a viré à la régression théocratique. L’auteur et l’acteur y expriment leur désenchantement, leur ressentiment, leur amertume, qui culminent à la fin du film dans un admirable et émouvant appel : la Résistance.


Résistance : mémoire longue dans un court métrage !
Jeune scénariste et réalisateur, Amine Chiboub n’est pas à son premier court métrage. Il a déjà réalisé « Contretemps » en 2006, « Obsession » en 2009, et « Pourquoi moi » en 2012. Une constante dans cette trilogie, l’engagement politique d’un scénariste qui exprime l’aspiration de toute une jeunesse à la liberté, à la dignité, à la vie. « Résistance », son dernier court métrage, est un hymne à la liberté confisquée et à la « révolution » détournée.

En pansant son corps couvert de blessures, le jeune militant repense à « Ce jour où ce peuple mou, résigné et profondément endormi, s’est réveillé pour se révolter…Peu m’importent les raisons, peu m’importent le pourquoi et le comment » ! Comme s’il voulait évacuer d’un revers  de la main les deux questions essentielles que tous les Tunisiens se posent aujourd’hui, les jeunes comme les vieux, les hommes comme les femmes, à savoir pourquoi cette « révolution » et comment a-t-elle pu se produire ?

Pourquoi cette « révolution » ? Nous connaissons tous la réponse : un taux de chômage élevé qui a touché les jeunes diplômés, une corruption endémique, et une liberté d’expression comprimée. Trois maux qui rongeaient la Tunisie et excédaient les Tunisiens, mais pas au point de les faire descendre dans la rue pour crier « Dégage » et célébrer la « fuite » du dictateur. Ces maux ne devaient pas forcément provoquer la « révolution du jasmin », qui a accouché du mal suprême : l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans.

Comment s’est produite cette « révolution » ? Beaucoup connaissent maintenant la réponse, mais certains s’abstiennent de l’avouer, par fierté déplacée ou par culpabilité. Pourtant, il s’agit là de la question clef pour comprendre ce qui nous arrive aujourd’hui. En d’autres termes, il s’agit de savoir si cette « révolution » a été confisquée après le 14 janvier 2011, ou si elle était viciée dès le départ, le 17 décembre 2010. Plus clairement encore, il s’agit de savoir si elle était proprement, exclusivement et authentiquement tunisienne, ou si des Etats étrangers n’ont pas abusé de la naïveté de la jeunesse tunisienne pour leur faire exécuter un dessein politique et géopolitique dont les objectifs dépassaient de loin le cas tunisien. Avons-nous fait cette « révolution » pour réaliser nos aspirations à la liberté et à la modernité, ou pour répondre aux aspirations de l’administration américaine d’installer les islamistes au pouvoir ? J’emploie le terme « Nous », car à cette « révolution », j’ai cru, et à sa réalisation, j’ai activement participé. C’est pour vous dire qu’on ne peut pas faire l’économie de la question du « Pourquoi » et, surtout, celle du « Comment ».

Notre jeune militant, Marwan Ariane, raconte qu’il n’a «jamais senti les Tunisiens aussi unis qu’à cette époque là », mais « Très vite, ils (les islamistes) ont divisé le peuple avec leur religion. Oui, je dis bien leur religion car l’islam est une religion d’amour et de tolérance, et non pas cette haine et cette division qu’ils instillent ». Appartenant pourtant à la même génération, mais pour avoir vu des documentaires et lu quelques livres d’histoire, il me semble que les Tunisiens étaient encore plus unis, plus joyeux et victorieux le 1er juin 1956, lorsque tout un peuple fêtait son indépendance et accueillait son leader charismatique, Habib Bourguiba. Le 14 janvier 2011, sur une population de près de 11 millions, moins d’un demi-million de Tunisiens étaient dans la rue. Le 1er juin 1956, 5 millions de Tunisiens fêtaient la libération de leur pays après 50 ans de révolution permanente. Mais, là aussi, très vite, ils ont été divisés par la Fitna youssefiste. Cette comparaison entre une révolution populaire et nationaliste et une « révolution 2.0 » est nécessaire à rappeler parce qu’on a voulu nous faire oublier notre histoire et nous faire croire que la liberté a encore un sens dans un Etat qui a perdu sa souveraineté.

Dans ce court métrage, on entend successivement la voix de Hammadi Jebali, alias McCain, celle de Rached Ghannouchi, le guide de la secte islamiste, celle de Mustapha Ben Jaafar, le traître de la cause démocratique, et celle de Moncef Marzouki, le Frère musulman déguisé. Le premier évoquait « la révolution civilisationnelle nouvelle pour un 6ème califat ». Le second présentait les milices appelées ligues de la révolution, comme étant « une des consciences de l’Etat » (et non pas « de la révolution », comme l’affiche par erreur le sous-titrage en français). Le troisième assène à ses électeurs que « Nous avons tous dit et répété qu’il n’y aura pas d’alliance, ni avant, ni après, avec Ennahda ». Quant au quatrième, il promet et s’engage à ne pas dépasser une année à la présidence et qu’il lui faut une trêve sociale et politique de six mois pour transformer la Tunisie en paradis. Quatre voix auxquelles les Tunisiens avaient bêtement accordé leurs voix.
     
S’exprimant dans le Huffington Post Maghreb, l’un des rares sites d’information qui a consacré un article à ce court métrage, Amine Chiboub a déclaré que son film est « un appel pour résister contre ceux qui ont instauré une nouvelle dictature, alors que les Tunisiens pensaient s’en être débarrassé. Ce film est un cri du cœur à la résistance ». Pour notre jeune cinéaste, « les Tunisiens sont tous prêts à exploser, on est tous remplis de frustration. Dans ce film je ne parle pas en tant que cinéaste mais en tant que Tunisien, en tant que militant qui pense que ce gouvernement (islamiste) nous a divisés. On nous a parlé d'identité, de religieux et de laïcs alors qu'on est avant tout Tunisiens, et tous d'appartenance musulmane. Il ne faut pas qu'ils nous le fassent oublier ».

Ce « cri du cœur à la résistance » ne peut pas me laisser indifférente. C’est pourquoi j’ai voulu lui consacrer cet article en hommage au courage du scénariste, Amine Chiboub, au talent de l’acteur, Marwan Ariane, et au dévouement de toute l’équipe qui a réalisé ce beau court métrage, tous des bénévoles. Je leur dis  oui à la Résistance, mais pas seulement à l’islamisme. La résistance doit aussi se déployer contre le prolétarisme populiste de certains démagogues et, surtout, contre le néocolonialisme que notre « révolution » a réactivé.TunisieSecret
     
Lilia Ben Rejeb

 
 


           


1.Posté par Anouchka K / Pdte ONG MAISONS DOUCES France - Sénégal le 27/10/2013 22:13
Il serait indécence, que d'ajouter un mot .à ce sommet d' émotion....
Magnifiquement restitué CONFORME, par les talents inspirés d' Amine Chiboub , de Marwan Ariane, et l'équipe de tournage . Compliments à eux, et merci !
Sobrement , intensément ; RESPECT et AMOUR, au PEUPLE de TUNISIE ! SOLIDARITE inconditionnelle aussi, et le souhait des vôtres ....(il en est urgent besoin !)

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