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Le printemps arabe a été confectionné par les Américains via les cyber-collabos


15 Novembre 2012

"La face cachée des révolutions arabes", éd. Ellipses, décembre 2012, est le livre que beaucoup attendent et que certains redoutent. Ahmed Bensaada est interviewé à l'occasion de la sortie imminente de ce livre explosif. M. Bensaada est le tout premier intellectuel arabe, vivant au Canada, qui a dévoilé le rôle de certaines ONG américaines dans la formation des cyber-collabos ayant déstabilisé les régimes arabes. Et Tunisie-Secret a été l’un des premiers sites à parler de son livre « Arabesque Américaine », éd. Michel Brûlé, Montréal, avril 2001, réedité aux éditions Synergie, Alger, mars 2012. Comme nous l’avons dit plusieurs fois, son livre est un document capital pour comprendre le « printemps arabe » qui a commencé en Tunisie. Cette interview a été publiée dans le journal Reporters, le 11 novembre 2012 et reprise par french.irib.ir


Le printemps arabe a été confectionné par les Américains via les cyber-collabos
Les bouleversements, qui caractérisent, depuis plus de deux ans, de nombreux pays du monde arabe, sont, diversement, analysés. Pour certains, ces «révolutions» ne sont ni plus ni moins que le produit de laboratoires spécialisés dans la déstabilisation d’États de la région dont les politiques gênent les intérêts des puissances occidentales et des États-Unis en particulier. Pour d’autres, elles sont la conséquence de régimes dictatoriaux à bout de souffle. Ahmed Bensaada, chercheur au Canada, plaide en faveur d’une lecture qui ferait la synthèse entre les deux thèses (cette introduction est de french.irib.ir)
 

Un livre va sortir bientôt sur la question des printemps arabes. De quoi s’agit-il ?
Le livre dont il est question s’intitule  »La face cachée des révolutions arabes«. Publié par les éditions Ellipses, il sortira, à Paris, le 4 décembre 2012. Cet ouvrage, auquel j’ai contribué, est un livre collectif dirigé par M. Éric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). Pas moins de 24 auteurs de différents horizons y ont participé, ce qui en fait un ouvrage très riche et très bien documenté qui contribuera très certainement à la compréhension de ce qui est communément appelé le  »printemps arabe« . Ainsi, on pourra y lire des textes écrits par aussi bien des chercheurs que des journalistes, des philosophes ou des politiques.
Le livre est structuré en 3 parties : a) Analyse et déconstruction des révolutions nationales, b) Le rôle majeur des acteurs étrangers et c) Les conséquences internationales du printemps arabe.  Cela en fait un des premiers ouvrages avec une vue d’ensemble sur les différentes facettes des révoltes qui ont secoué les rues arabes depuis près de deux ans.
Vous y contribuez: quelle thèse défendez-vous ?
La thèse que je défends est celle de l’implication des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe par l’intermédiaire d’un réseau d’organismes américains spécialisés dans l’»exportation» de la démocratie. À ce titre, on peut citer l’United States Agency for International Development (USAID), la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), Freedom House (FH) ou l’Open Society Institute (OSI). Ce sont d’ailleurs ces mêmes organismes qui ont contribué à la réussite des révolutions colorées qui se sont déroulées dans certains pays de l’Est ou des ex-Républiques soviétiques : Serbie (2000), Géorgie (2003), Ukraine (2004) et Kirghizstan (2005).
L’implication américaine peut se diviser en deux volets distincts mais complémentaires : un concernant le cyberespace et l’autre l’espace réel. Le premier consiste en la formation de cyberactivistes arabes (faisant partie de ce qui est communément appelé la  »Ligue arabe du Net« ) à la maîtrise du cyberespace. La seconde est relative à la maîtrise des techniques de lutte non-violente théorisées par le philosophe américain Gene Sharp et mise en pratique par le «Center for Applied Non Violent Action and Strategies» (CANVAS), dirigé par d’anciens dissidents serbes qui ont participé aux révolutions colorées.
Les arguments ainsi que des dizaines de références sont présentés aussi bien dans mon livre  « Arabesque américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe» (Éditions Michel Brûlé, Montréal, 2011; Éditions Synergie, Alger, 2012) que dans un chapitre intitulé «Le rôle des États-Unis dans le printemps arabe» du nouveau livre à paraître : « La face cachée des révolutions arabes«. À noter que dans ce second ouvrage, certaines informations ont été mises à jour alors que d’autres concernant la Libye et la Syrie ont été ajoutées. En effet, à la sortie du premier livre, les révoltes, dans ces deux pays, n’en étaient qu’à leurs débuts.
Qu’est-ce qui fait dire aujourd’hui que les «printemps arabes» ont été conçus dans des laboratoires en dehors de toute volonté des peuples alors qu’il y a dans les pays de la région un véritable problème de gouvernance et de déficit démocratiques?
Certes, ce ne sont pas les États-Unis qui ont provoqué le  « printemps» arabe. Les révoltes qui ont balayé la rue arabe sont une conséquence de l’absence de démocratie, de justice sociale et de confiance entre les dirigeants et leur peuple. Tout ceci constitue un «terreau fertile» à la déstabilisation. Ce terreau est constitué de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance en leurs dirigeants dont la pérennité maladive ne laisse entrevoir aucune lueur d’espoir. Pour eux, la fin justifie les moyens.
Cependant, l’implication américaine dans ce processus n’est pas anodine, loin de là. Les sommes investies, les formations offertes, l’engagement militaire et les gesticulations diplomatiques de haut niveau le confirment. D’ailleurs, cette implication n’a pas commencé avec les soulèvements de la rue arabe, mais bien avant. Par exemple, on estime qu’entre 2005 et 2010, pas moins de 10.000 Égyptiens ont été formés par les organismes cités, précédemment. Ces organismes ont déboursé près de 20 millions de dollars, par an, en Égypte, montant qui a doublé en 2011. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2012, certains de ces organismes ont été poursuivis par la justice égyptienne qui les a accusés de «financement illicite». Rappelons, à ce sujet, que 19 Américains ont été impliqués dans cette affaire, dont Sam Lahood, le directeur Égypte de l’IRI et fils du secrétaire américain aux Transports, Ray Lahood.
Qu’est-ce qui fait qu’on «emballe» dans le même sac des «printemps» qui ne s’expriment pas de la même façon selon que l’on soit en Égypte où le processus qui a mis à terre Moubarak et son régime a bien fonctionné ou en Syrie, un pays qui risque aujourd’hui le morcellement ?
Il est vrai que les révoltes ont chacune leur propre dynamique. Celles qui ont touché la Tunisie et l’Égypte sont assez similaires. Par contre, bien qu’ayant débuté de manière semblable aux deux premières, les révoltes libyennes et syriennes se sont rapidement transformées en guerres civiles  « classiques», avec une ingérence étrangère ostensible. Il faut néanmoins souligner que les États-Unis ont joué un rôle central dans tous ces cas, même si dans les deux derniers la collaboration de certains pays de l’OTAN (France, Grande-Bretagne, Turquie) et arabes (Qatar et Arabie Saoudite) a été importante.
De l’analyse des révoltes du « printemps » arabe, deux leçons peuvent être tirées. La première est que les pays occidentaux (aidés par des pays arabes collaborateurs) peuvent contribuer à changer les régimes et les gouvernements arabes avec un risque quasi-nul de pertes humaines et un investissement très rentable. En Libye, par exemple, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées alors que les pertes occidentales sont nulles malgré les dizaines de milliers de frappes aériennes des forces de l’OTAN. D’autre part, le ministre de la défense français avait mentionné que le coût total de l’opération en Libye pour la France pourrait être estimé à 320 millions d’euros, au 30 septembre 2011. Des broutilles si on compare ces chiffres avec, par exemple, le coût de l’intervention occidentale en Irak et en Afghanistan où les pertes en vies humaines des coalisés et leurs investissements ont été beaucoup plus conséquents. Avec le  « printemps arabe », le concept de guerre «low cost» vient d’être inventé. Évidemment, le faible coût est pour les Occidentaux et non pour les Arabes.
La seconde leçon à méditer est que les pays occidentaux peuvent passer, sans états d’âme, d’une approche non-violente à la Gene Sharp à une guerre ouverte (sous l’égide de l’ONU ou non) avec les moyens militaires de l’OTAN, tout en brandissant, de temps à autres, l’épouvantail de la Cour pénale internationale (CPI).
Ne sommes-nous pas dans la thèse du «complot ourdi par l’Occident»?
Le développement d’une thèse sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes est triplement problématique pour un auteur. Primo, cela peut lui faire porter l’étiquette d’un anti-Américain paranoïaque hanté par des visions conspirationnistes. Secundo, cela risque de le faire passer pour un protecteur, voire un admirateur d’autocrates tyranniques et de dirigeants mégalomanes qui n’ont que trop longtemps usurpé le pouvoir. Tertio, il n’est pas impossible qu’il se fasse taxer d’ennemi de la  « noble et grandiose révolution du peuple ».
En fait, dès que le discours d’un intellectuel est différent de celui des médias majeurs, on l’accuse automatiquement de  « flirter avec la théorie du complot ». Dans le cas précis des révoltes arabes, le complot vient plutôt de ces médias  « mainstream» qui veulent nous faire croire à la spontanéité des révoltes arabes. Je vous rappelle la citation de F.D. Roosevelt : « En politique, rien n’arrive par hasard. Si quelque chose se produit, vous pouvez parier que cela a été planifié ainsi ». Les informations contenues dans les deux livres sont basées sur des faits dont toutes les références sont vérifiables. Je vous rappelle aussi que les médias majeurs qui créent et diffusent l’information proviennent des pays impliqués dans la  « printanisation» des Arabes. Ils donnent tous le même son de cloche, en hissant un des belligérants (celui qui est contre le gouvernement en place) au rang de héros et en affublant l’autre du rôle du bourreau. La vérité est beaucoup plus complexe et ne se résume pas à un portrait dichromatique en noir et blanc. Un travail journalistique intègre et honnête s’évertuerait plutôt à analyser les différents tons de gris.
L’autre galéjade véhiculée par ces médias veut que ce qui intéresse les Occidentaux, c’est apporter la bonne parole dans ces pays sous forme de démocratie. Dans ce cas, pourquoi ces mêmes Occidentaux n’aident-ils pas les citoyens du Bahreïn à jouir, eux aussi, de la démocratie alors que cela fait des mois que la révolte secoue ce royaume? Et ces pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite, qui veulent instaurer la démocratie, dans les pays arabes, ne devrait-ils pas commencer par eux-mêmes?
Ainsi, tant que les journalistes de ces médias ne feront pas leur travail, correctement, c’est à des personnes, comme nous, sans affinité quelconque avec les belligérants, que revient la tâche de démêler l’écheveau de la vérité.

 
 


           


1.Posté par Lecteur le 15/11/2012 16:10
Excellent !

2.Posté par Touati le 18/11/2012 00:54
Je partage et je suis d'accord sur les arguments et les pensées de l'auteur, ainsi que sur ses sources d'informations.

3.Posté par amanda le 20/11/2012 19:13
pourquoi ne voit-on pas les noms des auteurs de ces articles?

4.Posté par Guerres low cosr le 30/11/2012 21:20
Cela date d'avant les révolutions arabes ce concept : http://guerres-low-cost.blogspot.fr/search?updated-max=2011-02-04T17:22:00%2B01:00&max-results=7

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